Ça va un peu mieux aujourd’hui. Je me suis drôlement réveillée. Cassius me collait et Hannah se roulait sur le dos de joie. C’était un bon accueil. J’ai pris ma voix de metalleux pour compter tous les petits pieds et les petites bedaines. C’était la joie. Je me sens mieux. Des moments de la journée ça va et d’autres moins. Je ne suis pas dans le spectre de la bipolarité, non… si jamais ça vous a traversé l’esprit. J’ai déjà interrogé cette piste et la réponse est non. Je vis des choses difficiles qui me traversent et me travaillent. C’est tout. Et ce que ça me fait vivre est normal dans une situation anormale.
Je vais devoir penser aux choses difficiles encore un temps malheureusement, je crois. Je pense que la démarche que je fais en ce moment explique beaucoup mon état.
D’un côté je dois repenser à des choses qui ont été très difficiles et qui m’affectent encore, que je le veuille ou pas et même si le voisin semble finalement disparu. (Il a dû trouver quelqu’un d’autre. Je suis certaine qu’il y a des tonnes de femmes qui se laisseront malheureusement traiter de cette façon. Je ne suis pas inquiète pour lui. Ce n’est pas comme s’il m’aimait ou que je lui plaisais réellement de toute façon… Ça n’a pas dû tellement affecter sa vie en fait. Peut-être un peu son ego…) Il y a des années de traumatismes qui remontent et c’est très difficile à supporter, mais j’y arrive parce que je sais que c’est pour le mieux. Ça ne disparaît jamais complètement, les violences qu’on a vécues… Elles sont cependant un peu plus « désactivées » à chaque fois qu’on accepte d’y repenser et d’en parler… mais ça n’efface pas tout… Le fait de vivre des choses plus positives m’aiderait à me constituer d’autres souvenirs… On dirait cependant que j’ai de la difficulté à trouver des personnes respectueuses et saines pour m’aider à faire ça. Peut-être que ça viendra un jour. Je trouve ça long, j’avoue… Ça devient aussi de plus en plus difficile pour moi de faire confiance aux autres… Et quand je le fais, ça se retourne inévitablement contre moi. C’est dur à naviguer. Je sais aussi que ça arrive souvent aux surdoués… La plupart d’entre nous sommes des puits inépuisables d’énergie et de gentillesse (à moins que quelque chose ait sérieusement mal tourné), alors bonjour les exploiteurs… Ils sont légions et nous semblons être de bonnes cibles… sauf quand nous nous éduquons, comme je le fais.
D’un autre côté, je suis heureuse de traverser ces étapes et de prendre soin de moi, de chercher de l’aide pour aller mieux. Je suis heureuse aussi de pouvoir raconter toutes ces choses à des personnes compétentes pour les entendre autres que mon psy. Il est super compétent et fait bien son travail. Ça me fait du bien quand même de découvrir qu’il y en a d’autres. Ça m’a fait du bien l’autre jour quand une des intervenantes m’a dit que le monde ne devait pas me sembler un endroit très accueillant ni sécurisant. J’ai été un peu surprise. Je ne m’étais jamais formulé les choses de cette façon… mais en effet, c’est sur ça que je dois travailler: mon sentiment de sécurité et de calme dans le monde. C’est épuisant de vivre ces états de stress et d’absence de confiance continuellement. J’aimerais qu’il y ait plus de personnes qui s’en soucient et qui comprennent. Des personnes tout simplement capables d’empathie finalement.
Je dois faire des listes… des listes de traumatismes, de symptômes, de choses que j’aimerais améliorer et… J’en aurai besoin pour ma rencontre demain. Je pense aussi que je devrais faire plusieurs demandes d’indemnisation. C’est une par évènement si j’ai bien compris. Ça n’a pas l’air si complexe si on vit un seul événement, mais je pense que ça me prendra quand même du temps quand je serai rendue à faire ça. Je dois commencer dans les prochains jours. J’ai une clinique d’aide gratuite la semaine prochaine pour essayer de mettre un peu d’ordre dans tout ça. C’est bien organisé en fait. C’est surtout mon horaire qui empêchait que ça se fasse plus rapidement. Ça n’a pas toujours été si rapide il parait. Les délais se sont beaucoup raccourcis depuis la réforme d’il y a deux ou trois ans.
Je commence à avoir un peu plus d’énergie et des idées de bonheur me viennent. Je pense que les choses iront de mieux en mieux même si je sais que ça prendra encore du temps. Au moins, j’en ai du temps et des informations. J’ai aussi des projets constructifs sur lesquels travailler à côté. Ce matin, un collègue qui a lu mes bandes dessinées m’a fait de super bons commentaires et m’a encouragée à continuer. Ça m’a fait du bien et oui, je veux continuer. Le travail que je fais en ce moment sert à aménager ma vie pour pouvoir créer plus et être moins affectée quand les gens me font vraiment beaucoup de mal. Oui, je sais que je ne pourrai jamais tout contrôler ni lire dans la tête des gens. Je peux quand même continuer à avancer et me renforcer. Je ne sais pas comment j’aurais pu imaginer l’histoire de l’été dernier. J’aurais encore moins pu deviner que quelqu’un choisirait d’adopter un comportement de marde à ce point-là MALGRÉ ce que je lui avais dit… La surprise et le choc ont joué pour beaucoup dans l’état qui en a résulté. Les choix que l’autre a faits aussi. Tout le monde n’agira pas comme ça.
Parfois je me sens comme Cassius…. Je vois le monde à l’envers. (C’est de la bave, pas du pipi… et oui, je lave le sofa. Monsieur a mangé son os pendant que je lavais le couvre-sofa… mais il est si beau, mon coco. Je lui pardonne.)
A plus!
