Il reste seulement un mois et demi avant les vacances d’été (même si j’aurai encore des copies à corriger). Je me surprends à y rêver un peu plus chaque jour. Ce n’est pas tant le fait de ne plus travailler puisque j’ai beaucoup de travail qui m’attend durant l’été à venir. C’est surtout de ne pas être forcée d’aller à quelque part, mais aussi d’être face à une énorme étendue de temps qui n’appartiendra enfin qu’à moi. J’ai l’impression que ce n’est qu’à ce moment que j’irai vraiment mieux… même si je vais quand même un peu mieux chaque jour.
Je n’irai nulle part je crois, sauf à la piscine, la bibliothèque, au jardin et promener les chiens. J’irai voir des amis aussi, mais j’ai besoin de prendre le temps de réfléchir très sérieusement à la suite des choses, à ce que je veux pour l’avenir. Je ne peux plus me laisser porter par la vie comme je l’ai fait si souvent jusqu’à présent. S’il y a des choses que je changerais si je pouvais recommencer ma vie, il est encore temps de le faire, mais ce ne sera pas toujours le cas. Je vieillis, mine de rien. Ce sera ma fête la semaine prochaine. J’aurai finalement les 42 ans que je dis avoir depuis un moment. Je m’habituais à l’idée. C’est drôle. Le temps passe si vite et je n’ai pas toujours l’impression d’être devenue plus âgée. On dirait qu’on reste pris à un âge précis. Je sais ce que c’est pour moi, ce moment, peut-être un genre de moment de mort et beaucoup de choses sont restées figées après. Je vais réfléchir à ça. J’en parlerai peut-être une autre fois.
Chose certaine, je ne peux plus être mal entourée et certaines choses doivent changer pour de bon. J’aime une bonne partie de ma vie présente, mais beaucoup de choses me pèsent aussi et elles pèsent plus lourd. Les jeux, les trips de pouvoir, l’absence de respect et de bienveillance… les gens incapables de s’excuser. Je ne me souviens pas la dernière fois que j’ai entendu quelqu’un s’excuser pour quelque chose qui m’avait été fait. Ce n’est pourtant pas si difficile. Je me suis excusée il y a deux semaines. J’avais parlé sèchement à quelqu’un alors que j’étais épuisée. Je n’en suis pas morte, vous voyez. Si je ne l’avais pas fait je porterais ce malaise et je préfère honnêtement en être libérée.
C’est bien triste les relations interpersonnelles ces temps-ci. Ils me pèsent, ces gens malheureux qui ont jugé bon de me faire n’importe quoi. Je ne comprends pas la logique des autres… C’est peut-être parce qu’il n’y en a pas. J’ai cette manie de vouloir faire du sens et de vouloir comprendre pourquoi j’agis comme je le fais. Ça me semble important d’être cohérente et de savoir qui je suis. Mon psy dit que beaucoup de gens ne savent pas pourquoi ils font ce qu’ils font. Alors parfois il faut arrêter de chercher à ce que l’autre fasse sens. La seule certitude que j’ai, c’est que je ne voudrais jamais vivre comme ça. Et je ne veux pas être entourée de personnes comme ça non plus.
Je trouve difficile d’imaginer le futur. Ça n’a rien à voir avec l’état du monde présent. J’ai toujours eu de la difficulté à imaginer le futur et à prendre les décisions pour celui-ci puisque s’il n’y a pas de futur, je ne peux pas savoir ce que je désire pour celui-ci. Durant mon doctorat, j’avais peur en partie que ça finisse parce que c’était impossible pour moi de me représenter ce qu’il y aurait après. C’est à cet âge là, que moi, je suis restée figée, mais pas à cause du doctorat. A cause de ce qui m’est arrivé. J’ai vécu après, c’est sûr… mais il y a quelque chose que je dois débloquer pour recommencer à vivre et réouvrir le futur.
Je sais beaucoup de choses que je ne veux pas pour l’avenir et pas assez de ce que je veux. Ça rend difficile de prendre des décisions… mais je dirais que je commence à savoir un peu plus ce que je veux.
Un petit cliché de Cassius et de l’amour pour la route. A plus
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