Il y a quelques années, j’avais entrepris des études en psychologie. À cause de la précarité d’emploi qui existe pour les enseignants au collégial en début de carrière, j’avais eu droit à un suivi en orientation, au cas où je voudrais me réorienter parce que les choses ne débloquaient pas assez vite . La psychologie était arrivée en intérêt deuxième, soit derrière les arts. Ayant quand même un assez fort besoin de sécurité à cause des choses que j’ai vécues, j’avais malgré tout choisi la psychologie.
Plus j’avançais dans mon parcours, plus une idée s’est imposée dans mon esprit. Si je devenais psychologue, un jour, j’aurais fort probablement à traiter des hommes comme ceux que j’ai eu dans ma vie ou encore pire. Cette idée a fini par emplir mon esprit en entier. Malgré le fait que mon thérapeute a dit devant mon soucis de ne jamais avoir la patience de faire ça que justement c’était à ça que la formation servait, j’ai refusé l’idée. Je n’ai pas envie de devenir une personne patiente avec les hommes violents ni de prendre soin d’eux. Je suis heureuse que des services existent pour eux, mais je ne veux jamais être celle qui les prodigue. Jamais.
La semaine dernière, pendant que je peignais les toiles pour l’enchère d’aide aux élèves, j’ai écouté le podcast d’India Desjardins, Tomber qui traite de Michel Brûlé et de sa mort étrange. Ça m’a rappelé beaucoup de souvenirs que je ne saurais comment qualifier. Je ne fais pas partie des personnes à qui il a fait des choses terribles. Le pire qu’il m’ait fait, c’est de me forcer à l’embrasser sur les joues sous divers prétextes. Je détestais sa peau. J’ai les contacts physiques forcés en horreur aussi. Je pense que la seule raison pour laquelle j’ai échappé à pire, c’est que je fréquentais quelqu’un qui travaillait pour lui. Il semblait étrangement avoir du respect pour ca même s’il en avait pour bien peu d’autres choses…
Une chose que je sais cependant de source sûre, c’est que c’était un homme dangereux et ça, je l’ai su très vite pour des raisons qu’il ne m’appartient pas de dévoiler ici, mais je l’ai su bien avant la plainte qui a été déposée contre lui… mais ce n’est pas mon histoire et je ne la raconterai pas à la place de celle à qui elle appartient . J’étais très jeune. Je n’ai su rien faire d’autre que de m’éloigner de lui le plus possible à partir de cette information. Je pense que la peur que Desjardins disait avoir connue à son contact est fondée. Même si je n’avais pas d’informations supplémentaires que son podcast, je sais trop bien ce que ça fait de faire face à des hommes irrationnels et qui agissent de façons insensées. C’est normal d’avoir peur. Pour beaucoup de personnes, dont moi de façon très aiguë, le fait d’être exposées longtemps à des choses, personnes et/ou comportements qui ne font pas de sens est insupportable. On finit par avoir l’impression que le cerveau glisse vers quelque chose qu’il ne saura pas supporter. Donc j’ai beaucoup d’empathie pour ce qu’elle a vécu. Son lien était beaucoup plus difficile à rompre que le mien.
Une des choses les plus intéressantes pour moi durant mon écoute a été une conversation avec une femme qui était psy, je crois… Je n’ai malheureusement pas retenu le titre de son emploi. Elle avait en tout cas une autorité en santé mentale. A un moment donné, elle a dit qu’on peut être misogyne sans avoir de maladie mentale. Quelque chose en moi s’est braqué en entendant cela et j’avais, sur le coup, l’impression qu’elle avait tort. C’est en bonne partie parce qu’il me semble impensable de ne pas souffrir d’une maladie mentale si on est porteur d’idées aussi atrocement haineuses et violentes.
Quelques jours ont passé… puis j’ai fini par voir ce qu’elle avait dit autrement. J’ai compris que c’était mieux, oui, de ne pas considérer les misogynes comme des malades mentaux. Pourquoi? Parce que ça leur laisse toute la responsabilité. Ce sont eux qui choisissent d’avoir ces idées et de les garder pour toutes sortes de raisons qui parlent d’eux et leur appartiennent. Ils sont responsables de leurs choix et disposent d’une raison qui leur permettrait d’en faire des différents, même si le premier de ceux-ci est de demander de l’aide.
On entend souvent des excuses qui leur sont offertes sur un plateau sans même qu’ils aient à les demander… Ils sont de grands enfants. Ils ont été élevés comme ça. Ça vient de leur culture et… La fibre rebelle et contestataire qui existe en moi est certaine d’une chose: Il est toujours possible de faire le choix de refuser les idées qu’on a déposées en nous et qui vivent dans la société . Ces hommes font le choix d’agir et de penser comme ils le font. Dans un monde où il est possible d’être qui on veut, ils ont choisi d’être des trous-du-cul.
Le podcast est excellent. Je le recommande… et oui… je m’amuse à faire de petits montages cheap à l’aide de mes stories Instagram…

