But if I was free to love you
You wouldn’t want me, would you?
Unavailability is the only thing that turns you on
Come here, baby, tell me that I’m wrong
The Bomb – Florence and the Machine
J’abandonne.
Hier, j’ai eu ma rencontre avec mon psy. Nous avons parlé de pourquoi la situation de l’été dernier m’a autant affectée et du comportement étrange de cet homme dans ma vie. Même des mois après, oui. Je pensais qu’il avait arrêté, mais j’ai révélé à mon psy ce que j’ai vu il y a quelques jours. Un soir, alors que je montais préparer la chambre avant de faire monter les chiens, avant que j’allume, je l’ai vu par la fenêtre de l’autre côté de la rue. Il devait être 21h-21h30. Je suis restée dans le noir et je l’ai observé marcher. Je voulais voir ce qu’il allait faire. Il ne m’a pas vue.
J’avais laissé la lumière dans le salon et seulement fermé les rideaux plein jour, donc on pouvait voir un peu à l’intérieur. Alors qu’il arrivait à la hauteur de mon appartement, je l’ai vu, depuis mon perchoir obscur, s’étirer le cou pour essayer de voir à l’intérieur de mon appartement. Ma bouche s’est ouverte d’étonnement et un peu d’horreur en même temps. J’ai trouvé ça infiniment creepy. Je l’ai vu passer plusieurs fois durant les jours suivants, sans que j’aie à faire l’effort de regarder, ce qui me suggère que si je l’ai vu autant, c’est qu’il a dû passer encore plus souvent. Je ne passe pas ma vie à la fenêtre. La seule fois où il a vu que je le voyais passer, il y a plusieurs mois quand j’ai retrouvé le courage de lire sur le bord de la fenêtre parce que j’avais besoin du soleil, il a fait semblant de ne pas m’avoir vue et a courbé le dos et marchait comme un enfant boudeur et déterminé devant ma fenêtre… au lieu de simplement me faire signe, ce que ferait une personne voulant communiquer. Je ne peux pas disparaître ni vivre les rideaux fermés pour lui faire plaisir et ce n’est pas moi qui ai mal agi dans cette situation. Ce n’est pas non plus comme s’il avait essayé d’arranger la situation. Tout cela est très étrange et injuste, oui. Injuste est probablement le bon mot.
Je peux sembler obsédée par sa présence. Je pense que c’est en partie le cas, mais pas pour les raisons niaiseuses qu’on me donne parfois, par exemple que je l’aimerais. Ce n’est pas quelqu’un que j’aime. Je ne l’apprécie même pas, ou je ne l’apprécie plus, puisqu’il y a eu un temps où j’ai eu l’intuition que j’aurais pu au moins l’apprécier. Ce qui m’obsède en fait, c’est le rappel constant qu’il me fait de son manque de respect et le fait d’avoir été si mal traitée alors que j’avais fait le nécessaire pour rendre mon état de vulnérabilité évident. Il y a pour moi une violence et une sauvagerie évidente dans la façon dont il a choisi d’agir alors, mais aussi un acharnement intense dans la façon dont il a choisi d’agir depuis.
En faisant la recherche pour mon livre d’artiste sur Linda Bishop, je suis tombée sur la définition du mot « obsession ». Ça vient du latin obsessio. Ça signifie « action d’assiéger » ou encore « blocus » qui signifie l’action d’isoler, de couper les communications avec l’extérieur. On comprend de cela que l’obsession provient d’abord de l’extérieur. La personne est en quelque sorte « sous attaque », même si c’est majoritairement par ses propres pensées. Celles-ci sont quand même causées par quelque chose ou quelqu’un d’autre. C’est hors de la personne que l’obsession trouve sa source, même si après elle envahit la personne intérieurement. C’est comme cela que je me sens, sous attaque et cela crée un stress constant chez moi. Un stress qui m’épuise.
Qu’une personne continue à se déplacer dans son quartier, ça va. Mais là ça dépasse ça par plusieurs comportements. Ma belle-sœur pense qu’il a peur de moi, mais qu’il essaie de faire semblant que ce n’est pas le cas et qu’il essaie de « marquer son territoire » en passant souvent devant chez moi. C’est possible. C’est aussi puéril en tabarnak si c’est ça. C’est aussi très irrespectueux… et ça ne sert absolument à rien puisque je n’ai jamais essayé de l’empêcher de vivre… Je me demande s’il essaie de me faire peur. Je ne me suis jamais empêchée de vivre, sauf durant la crise aigüe en juillet, mais je n’ai absolument jamais recherché sa présence depuis. C’est comme s’il cherchait à s’imposer de force, alors qu’il n’a même pas essayé d’être présent de façon aimable avant. C’est très bizarre. Peut-être que mes textes ici lui ont fait peur, mais en même temps, c’est quoi l’idée de m’espionner ici au lieu de me parler directement?
Mon psy trouve aussi qu’il a un comportement très étrange. Il émet diverses hypothèses, mais avoue être un peu désemparé devant le comportement de cet homme. C’est sûr que passer ainsi devant chez moi peut suggérer qu’il cherche à établir un contact, à se rendre visible, à faire croire que ça ne lui fait rien et… Mais encore une fois, dans quel but? Il n’a absolument jamais essayé de me parler depuis. Je n’ai même pas eu l’occasion de lui dire de ne pas me parler. Peut-être que c’est sa honte de ce qu’il a fait qui l’en a empêché… mais dans tous les cas, il n’a absolument pas à déployer ces stratagèmes douteux. Ça ne fait aucun sens. La seule chose que mon psy affirme avec certitude, c’est que rendu au stade d’imposition de sa présence et de ses tentatives de regarder à l’intérieur de chez moi, il s’agit d’un comportement INTRUSIF qui n’est pas du tout normal ni sain, peu importe l’intention. J’ai droit à la paix et la sécurité.
J’abandonne quoi? J’abandonne l’idée de faire du sens avec son comportement. Il y a bien longtemps maintenant que j’ai de mon côté arrêté de lui accorder mon attention et de l’importance. C’est lui qui m’impose sa présence. Je veux bien l’ignorer, mais ça peut devenir difficile à la longue quand des yeux sont braqués sur notre intérieur et qu’une personne semble passer devant chez nous obsessivement. Cela me semble irrationnel de l’extérieur et ce n’est pas du tout comment j’agirais si j’avais gravement blessé quelqu’un qui ne m’avait rien fait avant. Je suis plutôt du genre à m’excuser d’avance, même si je ne blesserai peut-être jamais l’autre, ne serait-ce que pour prendre soin. Si j’avais ainsi blessé quelqu’un, j’éviterais à tout prix de lui imposer ma présence. Il n’a pas l’air d’avoir ce souci ni ce respect de l’autre là. Ce n’est pas vraiment surprenant au fond, vu le reste.
J’ai quand même fini de vivre dans la peur. Mon psy m’a dit que je ne peux pas me battre avec l’insensé même s’il sait que c’est difficile pour moi d’abandonner dans mon esprit une situation qui ne fait pas de sens. Ce qu’il m’a fait a eu de graves conséquences sur ma vie. J’ai recommencé à vivre plus pleinement depuis quelques mois déjà en avançant dans mes projets. Mais son comportement me pèse encore. J’ai toujours confronté les gens. C’est la seule personne pour qui j’ai choisi une approche différente, ou plutôt le CPTSD m’en a imposé une vu le choc immense que cette situation a été pour moi. Je pense que c’est ce que je vais faire. Je vais continuer à l’exclure le plus possible de mes pensées, mais si je le croise, je le confronterai même si je sais qu’il niera probablement. J’ai besoin de retrouver ma voix. J’ai besoin que cette situation prenne fin d’une façon ou d’une autre. Je n’analyserai plus rien de ce qu’il fait cependant et je vais cesser réellement de parler de lui ici. Je ne veux plus qu’il occupe de la place dans mon esprit ni dans mon temps. J’arrête ici. Je veux vraiment que ça prenne fin. Je veux m’en sortir.
Je parlerai cependant encore d’obsession et de traumatisme. Le problème, avec la double exceptionnalité, soit la douance et le stress post traumatique complexe chronique, c’est que j’ai comme deux hamsters qui font tourner leur roue en même temps à l’infini dans mon esprit… alors oui, certaines pensées prennent rapidement beaucoup de place et pas toujours avec mon autorisation.
J’arrête ici pour aujourd’hui. Je dois retourner travailler… et vivre plus, peu importe ce que les autres me font.
