Oui, ça va définitivement mieux. Ça a pris beaucoup de temps et je pense que c’est quelque chose que je dois prendre au sérieux. C’est sûr qu’il y a eu beaucoup d’événements les uns à la suite des autres, mais quand même. Je pense qu’il faut que j’accepte que je ne fais pas toujours des choix idéaux concernant comment je m’entoure, même si je sais que je ne peux pas toujours deviner ce que les gens sont et ce qu’ils se permettront de me faire. Je pense quand même que je dois faire plus attention. Beaucoup de personnes ne vont pas bien. Je le sais, oui, que plusieurs personnes se permettent de faire n’importe quoi aux autres sans jamais vraiment prendre conscience de leurs problèmes et des conséquences que ceux-ci peuvent avoir sur les autres et leur vie. Ça restera quand même toujours incompréhensible pour moi. La première chose que j’ai faite, quand je suis sortie de ma famille, puis quand j’ai vécu des choses difficiles, ça a été d’aller chercher de l’aide. Toujours. D’un côté pour moi, pour aller mieux, mais aussi pour les autres, justement parce que je ne voulais absolument pas devenir comme les personnes qui m’avaient fait du mal parce qu’elles avaient choisi de ne pas se poser de questions et de ne pas régler leurs problèmes ni même y travailler. Ça a toujours été une option inacceptable pour moi. J’ai de la difficulté à concevoir comment ça peut l’être. Peut-être que c’est la peur, un manque de force ou de courage ou quelque chose de cet ordre qui fait faire ce choix. De l’inconscience aussi probablement et une absence de soucis de l’autre, surtout quand ça implique d’accepter que soi-même on ait pu blesser quelqu’un d’autre. Ça prend du courage pour accepter et reconnaître ça. Je pense que c’est quelque chose de rare, une force que peu de gens possèdent.
J’espère que les personnes de mauvaises foi qui prétendent parfois que je pense toujours que ce sont les autres le problème et qui pensent que je ne me remets pas en question ont pu constater, au fil des derniers mois, à quel point justement je cherche toujours ce qui peut être ma faute. Ce que je peux changer dans ma vie, mes choix et mes comportements pour éviter que ces situations se produisent. J’ai trouvé des choses que je peux changer, oui, mais malgré les options que j’ai trouvées pour essayer de changer les choses, le comportement de ces personnes, les façons dont ils ont choisi de me traiter ne relèvent pas de moi. C’est leur responsabilité et non la mienne. Ce n’est pas moi qui pense des horreurs des autres et leur dit des choses blessantes. Je ne pense même pas des choses horribles des personnes qui m’ont blessée, même si je pense parfois des choses dures de leurs comportements… et je reste convaincue que ce sont des comportements inacceptables. Ce n’est pas moi non plus qui vais utiliser les autres pour me sentir mieux, les rabaisser, les trahir ou… Je ne suis définitivement pas comme ça. Ça, j’en suis absolument certaine.
Une chose que j’ai comprise, c’est que je suis une personne saine. J’ai compris aussi que ce que je suis est rare et précieux. Je suis devenue le genre de personne que j’aimerais rencontrer, au lieu d’attendre de rencontrer cette personne. J’ai réalisé aussi, en écoutant les autres parler de leurs relations, que mon « problème » apparemment, c’est que je n’accepte pas beaucoup de choses que les autres acceptent en relation et que c’est une des raisons principales pour lesquelles je suis seule. Par exemple une fois en parlant avec le vieux monsieur, j’ai dit que je ne resterais jamais en couple avec un manipulateur. Il m’a répondu que je ne savais pas comment serait la personne que je rencontrerais et que je n’aurais peut-être pas le choix. J’ai eu un genre de choc. Je lui ai dit que je ne pouvais pas savoir qui j’allais rencontrer, mais que je me connaissais assez pour savoir que je ne resterais jamais avec un homme manipulateur et/ou violent. Il était super surpris, parce que lui est dépendant affectif et incapable de rester seul… alors lui il accepte d’être maltraité pour ne pas être seul. Il n’y a pas que ce vieux monsieur qui accepte ça. Les gens acceptent toutes sortes de choses qui me semblent inconcevables et insupportables. Se faire contrôler, se faire humilier et… On me dit souvent que je vis de la violence parce que je me laisse faire. Je pense plutôt que j’en vis autant parce que je ne me soumets pas et parce que je ne me tais pas, contrairement à la majorité de la population. Ce n’est donc pas vraiment un problème, non. C’est une explication de pourquoi c’est si difficile pour moi de trouver une relation. Les hommes sains, qui n’ont pas intériorisé une image dégradante des femmes, qu’ils en soient conscients ou pas et qui sont célibataires sont très très rares à trouver. Je ne pense pas que c’est seulement leur faute non, mais c’est leur responsabilité d’en prendre conscience et de travailler sur eux plutôt que de chercher une femme qui fermera sa gueule ou qui sera pire qu’eux et les contrôlera. Je fais déjà tout ce qui relève de moi, et même plus. Les autres aussi doivent fournir des efforts. Ils le font rarement. C’est plus facile d’éviter et de continuer dans leur course folle de l’avant pour voir si une autre personne se laissera plus faire.
Je ne sais pas si je pardonnerai un jour à ces personnes. Même si ça arrive, je ne sais pas si je le leur dirai. Je ne sais pas vraiment si ça en vaut la peine. Il y a toujours le risque qu’elles refassent les mêmes choses. Avant je pardonnais et je gardais ces gens dans ma vie. Maintenant ce n’est plus vraiment possible. Il faut que les gens s’excusent et que les excuses soient accompagnées de changements comportementaux, sinon ça ne sert à rien. Je suis juste blessée à répétition et eux continuent à faire comme si c’était normal… et ça me nuit… et ça me détruit. Les réactions de mon corps et de mon cerveau durant les derniers mois m’ont montré que je ne peux juste plus supporter ces comportements. Mon système nerveux, mon corps et mon esprit ont dépassés leurs limites depuis très longtemps déjà, limites qui n’auraient jamais dû être atteintes à la base. Honte à ces personnes. Pas à moi.
Quoiqu’il en soit, je vais mieux et mon moral semble se stabiliser à la hausse de plus en plus. Je suis plus heureuse. C’est plus facile de faire mes choses, de penser moins à ce qu’il s’est passé. Ça veut dire que je prends bien soin de moi. Je vais continuer. J’ai la force de vivre… et je mords s’il le faut.
