Je semble commencer ce qui sera ma 4e journée de bien-être d’affilée, chose que je n’ai, cette fois assurément, pas vécue depuis plus de deux ans. Ça fait du bien. C’est un peu étrange aussi. Il y a des petits désagréments, mais dans l’ensemble ça va et je suis vraiment heureuse de me sentir bien et plus légère. Je pense encore à certaines choses qui me sont arrivées et à certaines personnes qui m’ont blessée, mais je le fais sous un autre angle, un angle qui m’avale moins.
Je sais que parfois je peux sembler dure avec les autres. Certaines personnes trouvent au contraire que je ne le suis pas assez. Il n’y a pas moyen de contenter tout le monde, semble-t-il… C’est surtout avec moi et mes choix que je dois être en paix. Je le sais. Il reste qu’il y a des fois où j’aime bien expliquer et nuancer, même si je sais que je ne dois rien à personne au fond et que ma vie c’est ma vie et pas celle des autres. Il y a de cela, dans mon rejet des personnes qui consomment, une envie de protéger ma vie. Ne vous sentez pas exclus ni jugés si vous aimez boire une bière par jour ou faire la fête une fois par semaine… Je ne parle pas de vous. Ce n’est pas non plus une question de juger les autres. C’est une question de prendre mes responsabilités et de constater que les personnes ayant des problèmes de consommation ont des « symptômes » ou des traits de caractères récurrents qui ne me réussissent pas très bien. Nous ne faisons pas bon ménage, disons. Principalement à cause de la fuite, de l’évitement que la consommation suppose et qui empêche de grandir et de gagner en maturité. Mais aussi pour d’autres raisons, comme le fait qu’il faut toujours répéter et qu’en plus l’autre oublie ou comprend mal et à la fin ne change pas vraiment. Comme mon ancien ami à qui j’ai répété les mêmes choses pendant 20 ans et qui est aujourd’hui toujours aussi misogyne et a encore ce même satané absurde sentiment de supériorité sur les autres… À un moment donné, ça fait. Alors j’assume que j’abdique. J’ai besoin de mon énergie pour moi et non pour les autres qui refusent de se prendre en charge, de régler leurs problèmes (ou même d’y travailler) et qui en plus se permettent de me faire du mal sans réfléchir et sans se soucier de comment cela m’affectera.
C’est aussi un choix personnel face à mon état de santé. Puisque je souffre de stress post-traumatique complexe chronique (donc aussi d’anxiété quand même assez grave) et de dysthymie, ce n’est pas une très bonne idée de consommer certaines substances. Boire un verre ici et là, de temps à autre, ça va, mais je sais que si je fréquente des personnes incapables de s’amuser, voire de vivre, sans consommer, ça va me pousser à le faire plus souvent. Je dois aussi me méfier de ma capacité à m’adapter à tous les milieux et à oublier mes limites. C’est quelque chose qui m’a été imposé dans l’enfance et qui m’a détruite sur bien des plans, mais aujourd’hui, c’est ma responsabilité de choisir des environnements et des individus qui sont plus sains pour moi, puisque j’ai le choix, alors qu’enfant je ne l’avais pas. Alors hors de ma vie toute personne qui tenterait de me faire croire que je ne suis « pas cool » ou ennuyante parce que je ne veux pas consommer. Je suis et je reste une nerd avec un look qui reflète ma vie et mes sensibilités artistiques. Je n’ai pas à en avoir honte. Je suis consciente qu’on me juge souvent sur mon apparence, mais ça, ça parle toujours de la personne qui juge et non de moi. Demandez-vous alors ce que ça dit de vous, si vous vous permettez de me rabaisser ou de me juger inférieure à vous ou… Ce sera plus utile que de chercher à me nuire. Demandez-vous pourquoi vous vous le permettez exactement. Il y a beaucoup de personnes qui m’ont perdue comme ça, beaucoup d’hommes surtout, parce qu’ils s’étaient permis de m’imaginer plus idiote et plus naïve que je ne le suis, et ça, c’est leur entière responsabilité. Je n’ai rien fait qui leur permettrait de justifier ce choix. Même chose pour les personnes qui essaient de me faire croire que c’est ma faute si je vis de la violence et qui sous-estiment mon intelligence. Je ne suis pas allée à une date avec un motard affilié à une bande, avec des tics nerveux, crasseux, avec une paille qui lui sort du nez et une arme en bandoulière en me demandant pourquoi on m’a fait du mal après. À part mon vieux peintre alcoolique, ils avaient l’air relativement plutôt sains et sympathiques, ces hommes qui m’ont fait du mal… et les autres sont probablement convaincus que ce sont de bons gars…
Ce que j’essaie de dire en dessous de tout cela, c’est que je n’ai pas besoin de me faire encourager à consommer ni à me faire rabaisser si je n’ai pas envie de le faire. C’est déjà assez pénible pour moi de toujours devoir tenir compte de ce qui m’est arrivé dans tout ce que je fais. Pas au sens où je m’empêcherais de vivre à cause de cela, mais au sens où il faut que je garde toujours à l’esprit que la réalité c’est que si moi je bois tous les jours ou très souvent, même en petite quantité, je vais crasher dans pas longtemps. Mon système nerveux et mon moral sont fragilisés à cause de ce que j’ai vécu et des conditions dont je souffre. Il n’y a pas de moyen de m’en foutre complètement sans qu’il y ait des conséquences graves pour moi. Je le sais. J’ai souvent essayé de faire comme si ce n’était pas arrivé et comme si j’étais plus forte que mon corps et mon cerveau… Ce sont des conditions réelles. Je dois les respecter et m’entourer de personnes qui sont conscientes de ce que je vis, de ce que cela m’impose et qui sont en mesure de le respecter. J’ai besoin de vivre sainement. J’ai besoin de personnes qui travaillent sur elles-mêmes et se prennent en charge. Ma vie est assez complexe comme cela. J’en ai déjà perdu une bonne partie à cause des autres. Ne pas être une victime c’est faire mes choix en connaissance des faits et d’aller de l’avant en prenant soin de moi.
J’ai hâte au printemps et à l’été. J’ai hâte d’avoir plus de liberté et de temps pour moi. À plus!
