Revenir à soi

J’ai passé deux magnifiques journées d’affilée. C’est drôle à dire, mais ça faisait vraiment longtemps que ce n’était pas arrivé. Ça me surprend et ça me rend heureuse. Je ne me souvenais plus à quel point c’était bon de se sentir bien. Je vais faire ce qu’il faut pour que ça continue.

C’est sûr qu’il me reste de la tristesse et de la colère. Je suis une personne qui choisit généralement la gentillesse, l’honnêteté et la bienveillance, donc c’est sûr que je ne passe pas mon temps à m’attendre à ce que les gens soient malhonnêtes ou me traitent comme de la merde … et que oui, ça m’est arrivé assez souvent déjà pour que je ne sois plus capable d’en prendre. Le temps fait que la douleur diminue, mais les blessures restent quand même en nous et maintenant, quand quelqu’un me fait quelque chose de lié aux violences que j’ai vécues, ça va comme résonner dans tous mes traumatismes et ça réactive mes symptômes. J’aurais préféré que ces personnes règlent leurs problèmes et ce qui les fait souffrir, mais ça n’a pas été leur choix et ça leur appartient. Je vais mieux depuis que je ne vois plus ces personnes. Je ne suis pas responsable de ce qu’ils ont fait et ce n’est clairement pas ce que je mérite.

Je suis heureuse quand même. Je prends mes responsabilités. J’ai recommencé à méditer. Je lis beaucoup à nouveau sur les violences afin de me souvenir aussi de comment prendre soin de moi a travers ça et surtout que ce n’est pas de ma faute. Je suis quand même fière d’avoir dépassé mes peurs à plusieurs reprises l’an dernier et cette année… sinon je serais encore là à me demander. J’ai encore une fois survécu à des comportements profondément cons et violents. Je suis plus forte que ces personnes qui m’ont blessée, même si elles essaient toujours de me faire croire que je suis faible, surtout celles qui consomment beaucoup. Souvent elles se sentent fortes et cool, mais je leur souhaite bonne chance pour dealer avec tout ce qu’il y a en dessous de leur consommation. On verra alors qui est faible… Le mensonge, l’intimidation, la condescendance, le harcèlement et… sont des signes de faiblesse et d’envie. Pas de force. Jamais.

Je retrouve peu à peu de l’énergie. Je bouge et range plus. Je termine mes tâches de plus en plus vite et efficacement. Je vois l’avenir se réouvrir. Je fais des listes… de projets, de rêves, de choses à faire ou terminer, de choses à essayer… un budget, des étapes à franchir, des béquilles dont je veux me débarrasser. Je fais tout ça au Soleil ou dans mon atelier minuscule, entourée et maintenue en vie par les bruits et l’amour de mes chiens. Il fait bon être moi au fond. Je préférerai toujours avoir eu la vie que j’ai eue et fait les choix que j’ai faits plutôt que d’être comme ces personnes qui m’ont blessée. Je ne pense pas risquer de sortir avec un homme avant très longtemps. Peut-être jamais en fait. Oui, certaines choses me manquent, mais nous vivons dans un monde, une société où les hommes travaillent peu sur eux et j’imagine qu’ils en souffrent et ont souffert avant, mais ce n’est pas une excuse pour me faire souffrir ni essayer de me détruire. Si un jour je fréquente un homme à nouveau, j’en choisirai un qui travaille sur lui-même, qui est lucide et, surtout, qui comprend que les violences des hommes m’ont volé une partie de ma vie même si je me suis incroyablement débattue pour en sortir toujours plus forte et humaine. Il y a des limites et ces limites je les ai atteintes. Je veux quelqu’un capable de voir ça, d’en saisir l’horreur et de respecter ma vie et mes choix. Je serai heureuse sans lui s’il n’existe pas. Je ne me laisserai plus avaler par les hommes enfants ni les hommes trous noirs. C’est un engagement que je prends face à moi-même.

Je suis pleine d’amour, de désir, de force et de créativité. Je ne peux pas et ne veux pas les donner à n’importe qui puisque ces qualités et ces richesses sont ce qui me maintient en vie… avec les petits malfrats canins, c’est sûr…