J’ai été quand même très malade ces deux dernières années, de différentes façons. J’ai traîné des états dépressifs et de stress post traumatique complexe liés aux choses que me font les autres, mais j’ai aussi été blessée aux deux pieds, aux côtes et au dos. Ça a été une période particulièrement difficile même si ma vie a quand même avancé. Je sais qu’en ce moment, la chose la plus importante pour moi, c’est de rétablir un état de calme, de sécurité et d’énergie dans ma vie. C’est sûr que ça implique de m’éloigner et de couper toute relation exerçant une influence néfaste dans ma vie.
Par exemple, les personnes qui ne sont ni médecin, ni neurologues, ni aucunement liées à aucun métier en lien de près ou de loin avec la santé mentale et qui se permettent quand même de me dire ce que je devrais faire ou de douter des diagnostics que j’ai reçus… Comme si l’opinion de n’importe quel Ti-Coune sur comment traiter le stress post-traumatique complexe chronique avait une quelconque importance. Je sais qu’ils se disent qu’ils font ça « pour mon bien », mais je ne vois pas comment boire, oublier, refouler, me distraire, ne rien faire ou… pourrait être de bons conseils alors que c’est complètement l’opposé de ce que les professionnels du sujet recommandent de faire… Finalement j’ai l’impression d’être plus traumatisée par les conneries et la violence que les gens mettent à me convaincre que ce que j’ai vécu n’est rien que par les événements réels. C’est perturbant et harcelant parce que souvent même quand je leur explique calmement, ils s’entêtent à répéter les mêmes niaiseries à plusieurs reprises et sur de longues périodes. Il semble que Platon (je n’ai pas le temps de vérifier ce matin) ait dit que l’opinion se trouve à mi-chemin entre la connaissance et l’ignorance. On peut donc la dire et l’entendre, oui, mais il me semble absurde de vouloir l’imposer de force à une personne qui a une réelle connaissance de ce dont elle parle…
Ça veut dire aussi de m’éloigner des personnes qui se donnent le droit de commenter mon apparence physique et essaient de la contrôler. Comme mon vieux monsieur dont mon psy explique la conduite en disant qu’il s’agit probablement d’homophobie internalisée et puisque on lui a fait croire qu’il y avait juste une façon d’être un homme ou une femme et que lui n’était pas un vrai homme (selon ces définitions arriérées) puisqu’il est homosexuel doit être perturbé de voir que je ne me soumets pas aux mêmes choses que lui et que j’ai le courage d’être moi. Je me souviens aussi de deux dates avec des hommes qui me disaient ce que je devais manger et quand arrêter. Je suis apparemment une grosse gloutonne dégueulasse de manger une salade au saumon (vs un bol de riz blanc pour monsieur) ou encore de finir les frites de mon repas (que j’ai payé cher, d’ailleurs) en buvant une bière… L’un d’eux me parlait de son roman se passant dans un hôpital psychiatrique comme si j’étais une conne et non une femme ayant un doctorat en littérature qui porte en bonne partie sur les hôpitaux psychiatriques… L’autre voulait qu’on fasse semblant d’être dans une relation ouverte… Il avait apparemment besoin de se mentir puisque c’était une de ces personnes qui se racontent qu’une seule personne ne peut pas suffire à combler tous leurs besoins… Vous rendez-vous compte? Je suis une femme depuis bientôt 42 ans. Si je voulais me maquiller plus, porter des robes tout le temps, peser 100 livres mouillée ou… afin de me soumettre aux supposés désirs du regard masculin (male gaze), c’est ce que je ferais… Je sais comment faire, oui. Mais il semblerait que je cherche un homme moins superficiel, un homme qui me laissera prendre soin et me sentir belle comme je veux. Imaginez la folie dont j’ose faire preuve…
Ça veut dire aussi de m’éloigner des personnes qui cachent leur relation de couple, de celles qui essaient de m’intimider, des hommes qui n’ont rien à m’offrir et ne veulent pas vraiment être dans ma vie, mais se permettent quand même d’être jaloux des autres hommes à qui je parle, de ceux qui me voient comme un objet et non une personne, de ceux qui se fichent de comment leur comportement va m’affecter et donc de ce que je ressens, de ceux qui se soucient seulement de leurs besoins et non des miens, de ceux qui n’écoutent pas et ne retiennent et comprennent surtout rien de ce que je dis et… La semaine dernière un magnifique policier avec un immense et beau sourire m’a dit qu’il pouvait m’escorter partout où je voulais quand je voulais… Et imaginez-vous : j’étais cachée dans un manteau d’hiver, avec de grosses bottes (de butch probablement, on me connaît…) et la tuque enfoncée jusqu’aux yeux parce que j’avais froid… et il me trouve quand même belle, lui… Alors non, je ne vais clairement pas me faire chier plus longtemps avec des personnes qui ne veulent pas vraiment être dans ma vie et/ou qui me dénigrent…
Une chose qui me perturbe, c’est comment les gens ne pensent pas loin. À cause de ces personnes, j’ai vécu un état d’épuisement mental et physique quand même considérable ces deux dernières années. Parce que je suis une personne introvertie qui est déjà fatiguée parce qu’elle exerce un métier qui convient mieux aux personnes extraverties, le fait de devoir avoir l’air enjouée, enthousiaste, heureuse et bien dans ma peau devant de gentils élèves alors que j’étais pleine de honte, d’horreur, de gêne, de tristesse, de peur et… a été un véritable calvaire. J’aime mon travail, mais le faire et bien le faire (J’y suis arrivée quand même oui.) en étant dans ces états horribles causés par vos comportements a été extrêmement difficile pour moi. Vous n’y aviez pas pensé à ça, hein? Puisque l’important c’est vous, toujours vous, après tout.
Les violents 