Petites précisions (Fin)

Je ne sais plus trop quoi faire de tout ça honnêtement… les relations… ça m’effraie de voir à quel point il y a peu de souci de l’autre, beaucoup d’hypocrisie et de haine et… Je ne suis pas vraiment une personne qui est en état ni même qui désire avoir des relations superficielles. Elles m’ont toujours ennuyées et maintenant j’en suis arrivée à un stade où je les trouve carrément insupportables et elles me donnent envie de hurler sans fin d’horreur et de colère. De pleurer aussi… trop blessée et déçue, j’imagine. À bout de nerfs et de patience aussi. J’ai encore mal dans la poitrine tous les jours. Ça fait des mois maintenant. Je ne peux pas vivre comme ça.

Aujourd’hui, je me suis fait faire du victim blaming subtil et dont je pense qu’il était inconscient. Je suis certaine à 99.5% que la personne ne voulais pas me blesser. Alors j’en parle afin de montrer comment c’est commun et ancré dans les esprits et non pour faire honte à la personne. En faisant référence aux hommes dont je parle ici, un homme m’a demandé, en ayant l’air découragé, où je pouvais trouver de tels hommes. La plupart des femmes vous répondront « partout » et c’est ce que j’ai répondu. Mais le blâme est là. Le problème c’est moi. Je suis la personne qui prend des hommes aux mauvais endroits. Comme s’il y avait des endroits dans le monde où aucun homme ne porte, consciemment ou pas, aucune idée qui explique les choses qu’on me fait vivre…

On me demande aussi souvent si ce sont des hommes éduqués… comme s’il n’y avait pas d’hommes éduqués qui ont des comportements violents, malsains et… comme si, par exemple, aucun professeur d’université n’avait jamais agressé une étudiante. Comme si le directeur de la clinique de psychologie de McGill, un psychiatre, il me semble, n’avait pas agressé ses patientes il y a à peine quelques années. Comme si c’était rare que ça arrive… et comme si le système dans lequel nous vivons n’avait rien à voir avec le genre de choses que je vis et mon choix de ne pas me soumettre aux idées et mœurs ambiantes.

Le même homme m’a dit que la façon de traiter les femmes n’était pas tout à fait leur faute parce qu’ils sont éduqués comme ça… mais je sais déjà ça. Que pensez-vous que le féminisme et la théorie sur le genre vous disent depuis des décennies maintenant? Mais individuellement, les hommes que je rencontre semblent toujours se dire que je suis vilaine de critiquer leur comportement plutôt que de se questionner sur celui-ci et éventuellement choisir de changer. J’ai été éduquée à être soumise et à penser que j’hallucinais des affaires quand ça arrangeait les personnes (gaslighting). Aurais-je réellement eu une belle vie si je m’étais contentée de vivre comme j’avais été éduquée? Ce n’est souvent pas une bonne idée de se contenter des idées qui nous ont été transmises et qui ont construit une perception de nous-mêmes et de nos comportements sans nous. Et oui, c’est possible de changer nos idées et nos façons de percevoir et d’agir dans le monde.

A cause de la violence que j’ai vécue dans ma vie, enfant et plus tard, j’ai appris à beaucoup me soucier de comment j’agis et de comment mes comportements affectent la vie des autres. Ça ne veut pas dire que j’agis toujours pour plaire, non. Ça veut dire que je me pose des questions avant d’agir et de parler, avant d’imposer des choses aux autres et surtout que je ne me fiche jamais de l’existence des autres. Pas au sens où je m’empêche de vivre pour eux, mais au sens où j’essaie d’avoir conscience de moi et de mon impact et que j’essaie de toujours respecter le plus possible les autres, à moins, encore une fois, qu’ils ne m’aient fait quelque chose de terrible.

On me dit souvent que le problème doit être moi au fond… mais oui… ça fait 15 ans que je suis en thérapie et toujours pas assez bonne pour être aimée. Je devais être un tas de merde à la naissance. Vraiment. C’est incroyable…

Avec le peu de questions que les gens se posent sur l’impact de leur comportements sur les autres et sur pourquoi ils pensent comme ils pensent alors que c’est si important pour moi, je pense que c’est normal que je ne trouve personne. Je pense aussi qu’après tout ce que j’ai lu par moi-même et appris et travaillé en thérapie, c’est impossible de revenir en arrière. Ce serait insupportable. Ma belle-sœur a dit que ce serait comme retourner en prison volontairement pour un crime que je n’ai pas commis. Ça résume assez bien, je pense. Je ne peux pas non plus me crever les yeux ni me couper une partie du cerveau pour me fondre dans les pratiques ambiantes.

J’ai réagi comme j’ai réagi l’été dernier principalement à cause du stress post-traumatique. J’ai aussi réagi comme ça parce que j’ai finalement intégré une leçon importante. Une leçon que je connaissais, mais que je n’appliquais pas vraiment. C’est celle qui veut que les gens changent seulement pour eux-mêmes. J’ai effectivement changé beaucoup durant les 15 dernières années et je l’ai fait pour moi. Pas pour les autres. Ça m’a conduit à m’éloigner de ce que les autres voulaient que je sois et qui me rendait malheureuse. Avant j’essayais de changer les hommes qui me faisaient du mal, de leur faire comprendre. J’essayais sur tous les tons, du plus doux au plus brutal. Ça n’a jamais fonctionné. La puissance d’emprise des idées qui font tenir la personnalité des autres est extrêmement forte et je n’ai pas vraiment de pouvoir dessus. Parfois j’en ai un peu en classe, je pense. Mais je sais que je n’en ai aucun sur l’esprit des hommes qui m’ont blessée qui sont généralement déjà trop occupés à se convaincre eux-mêmes qu’ils n’ont rien fait de mal pour pouvoir entendre et comprendre ce que je leur dis.

Aussi, essayer de changer les autres n’est pas les aimer. Je pense ici entre autres aux personnes qui pensent que c’est ok pour elles de dire à leur partenaire ce qu’elles devraient aimer et à quoi elles devraient ressembler et… L’amour est au contraire accepter l’autre. Dans certains cas c’est difficile. Très difficile même. J’ai appris à accepter cette année. Pas à accepter les comportements qui me font mal, mais plutôt à accepter que l’autre est comme il est, peu importe ce que j’en pense. Cet homme qui m’a blessée pense que c’est ok de me cacher sa situation, de ne pas tenir compte de ce que je lui dis et de me mettre en danger d’être gravement blessée pour satisfaire ses envies. C’est ce que son comportement et ses paroles me disent. Je sais que je ne veux pas une personne qui pense et agit de cette façon dans ma vie, que c’est malsain pour moi. Je n’ai pas à essayer de convaincre l’autre de voir la souffrance qu’il me cause et de changer. Si un jour il prend conscience de comment ça fait mal et que ça lui donne une mauvaise image de lui à ses yeux, il changera peut-être. Mais moi, je n’ai pas et je n’arriverai pas à le faire changer par la simple force de mes paroles. S’il devait tenir compte de ce que je dis, il l’aurait fait. Je ne veux pas non plus dans ma vie d’une personne qui est incapable de voir la souffrance qu’il a causée chez l’autre et de s’excuser. Je n’ai pas à changer ça en moi ni à m’exposer à plus de blessures.

J’ai aussi réagi comme je l’ai fait parce que c’était exactement le même scénario que celui qui a fait que j’ai finalement basculé dans une forme de stress post-traumatique qui est complexe, mais surtout chronique. C’était comme me retrouver dans un film d’horreur. Ça m’a achevée sur le plan amoureux. Je sais que je ne méritais pas ça, oui. Mais ça m’a quand même achevée et je ne suis pas assez obsédée par l’idée d’être en couple dans la vie pour risquer de me faire achever complètement. Les gens sont différents, me direz-vous. Oui, parfois. Mais il y a aussi des schémas humains qui proviennent justement de notre éducation et qui sont très forts et très prévisibles. Ce n’est pas à moi de risquer de me faire du mal pour me prouver que l’autre est différent et vous donner raison. C’est à l’autre de me prouver qu’il est bienveillant et différent. Ça lui appartient complètement.

Bon voilà. Je vais m’arrêter ici. Je suis vraiment vidée sur le plan relationnel. Je ne veux plus en parler. A moi le travail académique et artistique, ainsi que l’amour des chiens et le sport.

(C’est une photo tirée d’un vieux projet photo. Ça ira. Je suis ok malgré tout. Autant que je peux l’être ces jours-ci. C’est quand même la sensation que j’ai dans le corps. Celle d’avoir été poussée en bas d’un escalier.)

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