J’ai beaucoup de choses à dire encore sur le sujet des relations. Je vais me donner quand même la limite de 2-3 billets parce que je suis tannée de parler de ce sujet. Je pense que j’ai de la difficulté à trouver une relation parce que beaucoup de personnes ne pensent pas comme moi, ce qui ne veut pas dire pour autant que j’ai tort, surtout considérant à quel point les gens sont malheureux en relation… et se font vivre des violences terribles.
Je vais repartir des relations polyamoureuses. J’ai souvent entendu la phrase voulant qu’il était absurde de croire qu’un seul partenaire pouvait combler tous nos besoins. Le problème pour moi, avec cette phrase, c’est que je ne comprends pas à quelle réalité elle devrait référer. Je ne pense pas, humblement, que le concept de monogamie ait jamais historiquement impliqué qu’un seul partenaire devait répondre à absolument tous nos besoins relationnels et vitaux, à part peut-être dans l’esprit des personnes violentes vivant une relation d’extrême violence où ils empêchent leur partenaire de sortir de la maison et de parler à qui que ce soit. Il y a toujours eu beaucoup de personnes impliquées dans la vie d’un couple, et ce, même dans une conception aussi traditionaliste que le mariage monogame. La famille, les amis, les enfants, les différentes communautés auxquelles on appartient, les habitants de la ville ou du village où l’on vit et… Cela en fait pour moi un argument fallacieux qui repose sur des préjugés plus qu’une réalité… et aussi peut-être le soulignement du fait que peut-être ces personnes n’ont pas pris assez soin d’entretenir leur vie à l’extérieur de leur couple.
Aussi, j’ai été, dès mon plus jeune âge, une enfant parentifiée, ce qui implique qu’à part me nourrir, me vêtir et me donner un toit quand je n’étais pas capable de le faire, genre jusqu’à l’âge de 2-3 ans, personne n’a vraiment jamais pris en charge mes besoins. C’est moi qui devais m’occuper des autres. C’est donc bien avant le début de ma thérapie que j’ai pris conscience du fait que la seule et unique personne responsable de satisfaire et combler nos besoins, c’est nous-même. Faire reposer cette responsabilité sur les autres à l’âge adulte est immature et violent et je ne pense pas qu’il faut s’étonner du fait qu’il y ait autant d’insatisfaction et de violence dans les relations… si les gens s’imaginent que les autres sont en charge de satisfaire leurs besoins. C’est sûr que oui, dans une relation, on peut travailler en collaboration à ce qu’une bonne partie de nos besoins soient satisfaits et s’aider mutuellement, mais chaque personne impliquée reste responsable d’assurer la satisfaction de ses besoins et n’a aucun droit de réduire ou violenter qui que ce soit pour arriver à l’assouvissement de ses besoins. Je me demande à quel point la violence diminuerait si les gens se prenaient eux-mêmes en charge et acceptaient la responsabilité de leurs personne… Probablement énormément.
C’est un peu la même chose pour la sexualité et le désir. Ça commence à faire un moment que nous savons que Freud avait tort à propos de la sexualité humaine et qu’on est sorti du moment d’horreur où des hommes battaient leur femme en fonction du concept aberrant de devoir conjugal… devoir rendu encore plus violent parce qu’il ne repose que sur la fiction de la femme comme possession soumise et non sur un besoin réel de l’homme… Comment ça se fait que les gens confondent désir, libido et besoin vital? Pourquoi est-ce que si peu de personnes semblent conscientes qu’elles sont responsables de leurs désirs et de la gestion de leurs pulsions et non les autres? Alors qu’être capable de gérer sa sexualité, ses pulsions et… c’est pas mal la base du contrat social et de la possibilité de la vie en commun… C’est clair que pour une personne comme moi, qui se considère responsable de son désir et de sa capacité de voir la beauté en l’autre et de désirer son corps, les conceptions selon lesquelles une autre personne devrait changer son apparence, avoir tel ou tel type de corps ou s’habiller de telle ou telle façon ou faire telle ou telle chose (à part me respecter évidemment) pour faire naître mon désir sont pas mal aberrantes et ennuyantes. Le désir, pour moi, naît dans mon esprit à partir de ma capacité d’érotiser l’autre. Il ne naît absolument jamais d’une supposée perfection du corps de l’autre. C’est plutôt moi qui rends l’autre, peu importe la forme de son corps, désirable à partir de ma pensée…
J’imagine qu’il y a des personnes surprises ayant la bouche ouverte en constatant à quel point ma conception des choses diffère de celles qu’on nous présente dans les films et dans la société. C’est pourtant une conception qui est selon moi plus riche, plus réaliste, plus intéressante, vivante, créatrice et saine qui évite, justement, de violenter l’autre en le forçant à rentrer dans une case miniature pour satisfaire notre besoin sans que nous ayons rien à faire. C’est une conception peu populaire, puisque la plupart des gens aiment plutôt être servis par les autres que de prendre leurs responsabilités. Mais c’est sûr que pour moi, un homme qui pense que c’est ok de m’utiliser pour ses besoins, de me forcer à être quelqu’un que je ne veux pas être pour correspondre au désir qu’on lui dit qu’il est supposé avoir ou qui me demande de le prendre en charge, ce ne sera jamais un homme que je choisirai d’aimer. Jamais.
Je sais que cette idée d’incapacité d’une seule personne pour combler nos besoins repose en bonne partie sur l’idée de liberté sexuelle. J’ai toujours personnellement été pas mal libre dans ma sexualité et je ne me suis pas laissé imposer grand-chose, à part les deux fois où j’ai été violée alors que j’étais inconsciente, évidemment. Je peux comprendre que certaines personnes aient envie de vivre différentes choses avec différentes personnes, mais je ne pense pas non plus que la sexualité monogame a à être une prison ni ennuyante. Il y a des couples qui réussissent à avoir une sexualité épanouissante et riche pendant 70 ans… donc peut-être aussi qu’il faudrait interroger votre imagination et votre rapport à la sexualité. J’ai une histoire différente aussi. J’ai vu beaucoup de corps, de toutes formes, grandeurs, âges et couleurs (tous ces hommes qui me trouvaient laide apparemment (bonhomme qui pleure de rire)) et même si je reste satisfaite de mon exploration, je pense que j’aurais trouvé plus riche d’explorer avec la même personne à long terme. Peut-être que si la personne que vous dites aimer vous rend malheureux et vous ennuie, il y a quelque chose qui cloche avec votre définition de l’amour… Une hypothèse, comme ça…
Personnellement, s’il y avait juste deux choix, je préférerais être dans un couple ouvert que d’avoir un numéro et une section limitée de la vie de quelqu’un. Être libre pour moi c’est être libre d’être moi, pas de pouvoir coucher avec n’importe qui comme bon me semble, chose qui finit aussi par ennuyer, oui, quand il n’y a pas la possibilité d’approfondir le lien. Après, là, je parle pour moi. J’explique pourquoi il y a certains types de relations qui ne me conviennent pas. L’hypothétique couple ouvert ne fonctionnerait en fait pas pour moi non plus puisque je ne pense pas que mon état nerveux le supporterait, je deviendrais infiniment énervante et malade, probablement. Et puis je n’en ai pas envie, non plus. Ça ne permet pas le genre d’intimité que je voudrais, je crois. C’est ce que mon psy semble dire aussi. En tant qu’adulte majeur et idéalement vacciné, vous êtes bien sûr libre de faire ce que vous voulez dans votre vie. Le seul conseil que je me permettrai, si vous portez un numéro, c’est d’être vraiment honnête avec vous et de vérifier régulièrement si votre santé mentale se porte bien dans ces circonstances.
Finalement je me suis fait faire une coupe encore plus butch… pour y aller à fond. Mais je préfère me dire que j’ai l’air d’une belle rock star qui aurait voyagé dans le temps depuis les années 80. Je vais peut-être redevenir plus silencieuse et m’isoler un peu. J’ai besoin de monter de nouveaux cours, de ne pas trop penser aux relations et de peindre. Travailler sur ma démarche aussi. Vous pouvez avoir un aperçu de l’image à partir de laquelle je vais travailler sur la photo… et du cours que j’enseignerai demain.
À plus!
