Les différentes merdes… qui sont quand même toutes des merdes

            On dirait que même si je vieillis, que j’ai plus d’expérience et malgré les recherches que je fais sur la violence et le fait que je sais qu’il existe de terribles humains, je reste toujours infiniment surprise, au quotidien, par la quantité de merde que les gens ont dans la tête, la mesquinerie, la rage, l’envie de détruire l’autre… L’accrochage à des idées fausses et des préjugés énormes… Le manque d’écoute, d’intérêt et de respect pour l’autre… Tout ça me trouble beaucoup. Et en même temps j’entends tellement souvent dire que tout le monde veut être heureux et aller bien… mais c’est impossible d’aller bien en rabaissant, maltraitant, instrumentalisant ou violentant l’autre… Il me semble que c’est assez facile à comprendre : aucun bonheur ne naît de la haine ni du mépris. Et pourtant…    

            Dans la dernière histoire sur mon apparence, ce n’est pas tant ce qu’il m’a dit qui m’a choquée ou blessée. Je suis au courant que je ne ressemble pas et que je ne suis pas quelqu’un qui aspire à être un cliché de femme. C’est à ça que servent les billets que j’ai écrits, en un sens, à réaffirmer mes positions face à ces questions et à cette conception débile de la femme. Ce qui me trouble c’est l’ampleur du mépris, de la haine et du dégoût qu’il ressent pour moi tout en faisant semblant de m’aimer. On le sait, c’est une des choses que je déteste le plus : découvrir qu’une personne dont je pensais qu’elle m’aimait et me respectait pense en fait des horreurs dégueulasses, fausses et méprisantes à mon sujet. Je ne comprends même pas pourquoi ces idées de malades apparaissent dans la tête des gens, que ce soit à mon sujet ou au sujet d’autres personnes. Probablement parce qu’ils sont malheureux. Ça reste extrêmement troublant. Même quand je n’ai pas les mêmes goûts esthétiques qu’une autre personne, il ne me vient pas des idées répugnantes à son sujet dans la tête et si ça arrivait, je ne pense pas qu’il me viendrait l’envie de le lui dire de toute façon. Je ne pense pas que je suis meilleure que les autres. Ça a probablement plus à voir avec le fait que je sais combien de temps il faut pour guérir de la méchanceté et de l’ignorance crasse des autres et que je n’ai aucune envie de faire subir ça à qui que ce soit, même pas aux personnes qui m’ont fait du mal. 

            Il faut que je m’éloigne plus vite et que j’arrête de trouver des excuses aux gens. Là c’était un vieux monsieur et il m’apparaissait cruel de le plonger encore plus dans l’isolement et de le couper de la petite qu’il aime tant, mais quand ça atteint ce degré de nocivité pour ma santé mentale, c’est impossible que je reste là, près d’une personne qui a du plaisir à me faire du mal et me dire des choses se voulant méchantes dans sa bouche. Non, je ne pense pas qu’être une butch est mal. C’est un choix personnel. Ce qui rend cela problématique est que lui pense que c’est une insulte et que quand il me dit ce mot, il a la bouche qui fait des plis de dégoût et me regarde comme s’il allait me vomir dessus tout simplement. Ça aurait pu être un autre mot. Le problème c’est le dégoût en me regardant. Comme si j’étais un tas de merde, alors que la merde, c’est ce qu’il a dans la tête.

            Je me rends compte qu’il faut aussi que j’arrête de donner des chances à des personnes qui consomment beaucoup dans ma vie personnelle. Je me dis toujours que peut-être cette personne sera différente même si elle consomme, mais ce n’est absolument jamais le cas… À un moment donné, il faut juste arrêter. Factuellement, sur un plan social, je pense que ces personnes ont droit à la dignité et au respect et je souhaite qu’elles aient accès aux services nécessaires pour aller mieux. Mais au quotidien, j’avoue que je ne suis plus capable. Je n’ai plus la patience de les endurer. Ce sont des personnes qui ont toujours de bons côtés, oui, mais elles ont des points communs auxquels je ne veux plus être exposée parce que ça me fait trop de mal. Chaque personne est différente, oui, mais la dépendance a quand même tendance à provenir de et à révéler des traits nocifs pour les autres en plus de l’être pour la personne qui consomme. Le principal étant l’absence d’introspection qui provient du fait de se couper de soi par l’absorption de différentes substances. Une personne qui n’a pas une relation saine avec soi, voir pas de relation du tout à part celle de se refouler et de se détruire ne peut pas avoir de relations saines avec les autres. Ce sont aussi des personnes qui oublient souvent ce que je leur dis que je vis ou qui n’en tiennent absolument pas compte. Elle se racontent que mon psy et moi avons tort, puisque si nous avions raison, cela signifierait qu’elles devraient réaliser que leur consommation est une erreur et affronter ce qu’elles tentent de fuir… Et ça, pour plusieurs personnes, c’est terrorisant. Je pense quand même que choisir la peur, la violence envers l’autre et la consommation, c’est un choix de merde, même si je suis consciente, oui, que ça peut être très difficile d’en sortir.

            Je n’ai pas tellement tendance à la dépendance moi-même. La seule substance dont j’ai de la difficulté à me séparer est la nicotine. Et même là… Même quand je recommence à y toucher, je peux assez facilement arrêter après. Je sais cependant que si je côtoie des personnes qui boivent beaucoup, il y a plus de risques que je commette des excès. Je sais qu’il y a encore en moi, dans mon esprit, une sorte de trappe sous laquelle se terrent des souffrances du passé et que, passé un certain degré d’ivresse, la trappe s’ouvre et alors je risque de m’enfoncer dans l’excès pour la refermer. Je pense qu’il est mieux pour moi de confronter ces souffrances à jeun et dans la solitude s’il le faut. 

            Je sais aussi que je dois faire très attention à comment l’autre me traite et aux idées qu’il porte. Ce n’est pas une question d’intolérance ou d’incapacité à tolérer les opinions différentes de la mienne. Il y a des idées qui sont tout simplement fausses, malsaines et violentes et je n’ai absolument pas à tolérer d’y être exposée. Je n’ai pas non plus à endurer des comportements violents et néfastes sous prétexte que c’est ce que l’autre pense. Il m’a lâché ça, le bonhomme, comme le prof de philo l’avait fait : « C’est quoi? On n’a pas le droit d’avoir une opinion? »… Argument de merde, toujours… Il y a une énorme différence entre ne pas aimer la coupe de cheveux d’une personne et s’amuser à la tourner en ridicule. Ne pas aimer est une opinion. L’autre comportement est une violence, toujours, même si ça amuse la personne qui la commet. Endurer ces comportements et ces idées, c’est comme jeter mes années de thérapie à la poubelle et ça c’est extrêmement irrespectueux de ma part envers moi-même. Plus jamais. 

            J’ai envie de vivre et de construire. Pas de me faire enfoncer ni détruire.     

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