Si cette remarque m’a tant blessée, c’est d’abord que se faire dire qu’on devrait être autrement c’est en soi blessant et violent. C’est un type de violence que j’ai vécu à répétition dans ma vie et je n’ai plus aucune criss de patience pour ces niaiseries là aujourd’hui. Ce n’est pas parce que je trouverais insultant de me faire comparer à un style qu’adoptent certaines femmes homosexuelles. Ça ne l’est pas.
Ça a fait remonter en moi des violences que j’ai trop souvent vécues dans mes relations avec des hommes. Toujours ce harcèlement infini de petites remarques mesquines concernant mon apparence, l’endroit où je vis, mes choix de vie, ce qui est important pour moi, mes intérêts et… Ça aussi, c’est de la violence psychologique et de la violence conjugale. Vouloir savoir où je suis tout le temps, avec qui, me faire vivre la double contrainte et… ça aussi, c’est de la violence.
Je ne sais pas c’est quoi de vivre une relation avec un homme sain, un homme non-violent. Je ne sais pas si je le saurai jamais. On dirait que je n’ai vraiment plus l’énergie de m’exposer. On dirait que je n’ai même plus envie de risquer d’être blessée. Je ne peux plus en prendre, honnêtement. La prochaine fois qu’on choisit de me faire n’importe quoi, je ne pense pas que je m’en remettrai. C’est là que je suis rendue, malgré toute la force que j’ai pu acquérir en survivant à beaucoup dans ma vie.
Je n’ai plus non plus l’envie ni la patience d’aller à des rendez-vous avec des hommes qui me parlent comme à une enfant ou une idiote ou une petite affaire cute. M’entendre être comparée négativement à des exs qui me semblent atroces et à qui je ne voudrais jamais ressembler de toute façon. Me voir rabaisser. Me faire dire comment être. Me faire dire comment sont les femmes et… et jamais un effort réel pour me voir et me connaître. C’est une blessure et une perte de temps infinies. Je n’ai plus d’énergie ni de temps pour ça. Je veux vivre. Je veux être moi. Je veux arrêter de m’exposer à des violences inutiles et inadmissibles et qui arrivent toujours inévitablement peu importe ce que je fais pour les éviter.
On me demande parfois si je n’ai pas peur de passer à côté de l’homme de ma vie… Je suis pas mal certaine que si un jour un homme mérite le titre d’homme de ma vie, ce ne sera certainement pas un homme qui m’a fait me sentir comme moins que de la merde avant même le début de notre relation.
Le fait que je rejette absolument une certaine conception de la féminité pour ma vie ne veut pas dire que je ne m’habille jamais d’aucune façon pouvant être conçue comme « féminine » ça veut simplement dire que je m’habille comme je veux quand je veux et que je ne devrais pas avoir à subir de commentaires négatifs et violents quand ça ne me tente pas de le faire. Ça veut dire aussi qu’il y a plusieurs choses associées à la féminité auxquelles je ne m’identifierai jamais et que je ne porterai jamais à cause de ce qu’elles représentent, de la souffrance, de la violence et de la soumission qu’elles représentent.
La jeune femme en moi qui voulait absolument plaire aux hommes, qui se définissait et ne s’accordait de valeur que si les hommes étaient attirés par elle, ça fait longtemps qu’elle est morte. Je l’ai tuée à coups de haine de soi, de honte injustifiée de son corps, de commentaires malsains d’hommes violents que j’ai laissé lui dire et… Je ne veux jamais la revoir, cette partie de moi. Ça fait longtemps que pour moi être belle ne veut pas dire être belle aux yeux des hommes. Être belle ça veut dire être moi et être bien comme je suis, comme je veux être et ça, ça ne concerne le regard et les goûts de personne d’autre que moi.
Je pense que si un jour un homme avec qui je serais en lien ose encore me dire comment être, je mettrai fin à la relation automatiquement en lui disant que je le libère pour trouver la femme qu’il veut, femme que, définitivement, je sais que je ne serai jamais et que je n’ai aucune criss d’envie de subir ses commentaires de merde en attendant qu’il la trouve. C’est le respect minimum que je me dois.
