S’il y a une chose que je trouve particulièrement pénible et extrêmement violente, ce sont les personnes qui essaient de me dire de quoi je devrais avoir l’air. Ça m’est encore arrivé hier quand un homme m’a dit que parfois j’avais l’air d’une butch et que j’aurais beaucoup de misère à trouver un homme comme ça. La mâchoire m’est tombée pour plusieurs raisons. Bien sûr ce commentaire venait d’un homme en surpoids qui fait de la calvitie et par qui je ne serai jamais attirée principalement à cause de ses idées arriérées et non de son apparence, même si, clairement, il ne correspond absolument pas à l’apparence que les médias et la société tentent d’imposer aux hommes.

S’il y a une chose dont je veux qu’elle soit claire pour tout le monde à partir d’aujourd’hui, c’est que je préférerais ressembler à une sculpture d’Emil Melmoth avant d’avoir l’air des clichés de femmes qu’on tente encore aujourd’hui de nous imposer. Ça me donne envie de mourir, moi, quand je m’accoutre selon la vision clichée de ce qu’est une femme. C’est pour moi un manque de respect total envers moi de m’imposer de me déguiser comme cela. Non merci les talons hauts. Non merci le maquillage. Non merci la définition de ce qui est sexy pour les autres. Non merci la définition de la féminité des autres. Non merci les apparences de fragilité. Non merci l’idée de m’apprêter pour que les hommes me trouvent attirante, pour correspondre à leurs goûts à eux. Je n’ai absolument, mais absolument aucune envie de ressembler à ce que je vois comme une image extrêmement réductrice, limitée et parfois risible des femmes. C’est une esthétique qui me dégoûte littéralement, même si je ne manquerai jamais de respect à une personne qui choisit de se vêtir de cette façon dans la vie quotidienne. Il reste que pour moi c’est clair depuis plusieurs années que je n’existe absolument pas pour plaire aux hommes et que je ne comprends pas pourquoi encore aujourd’hui des idées aussi simplettes et ridicules de ce que constitue la féminité continuent à circuler.

Pour ce qui est de ma difficulté à « trouver un homme », je n’ai absolument jamais eu de problème à trouver des hommes qui me trouvaient attirante et sexy. Jamais. À aucun âge de ma vie, ni maintenant, ni quand j’étais plus jeune. Vous pouvez vous la mettre dans le cul, ma difficulté à trouver un homme. Ce que je ne trouve pas, c’est le type d’homme que moi je veux et la différence est extrêmement importante et je n’accepterai plus jamais qu’on me fasse des commentaires dénigrants sur mon apparence. Préparez-vous à vous faire solidement envoyer chier si vous vous permettez de tenter de m’imposer une conception de la femme qui est pourtant dénoncée comme misogyne et violente depuis très longtemps déjà.




Oui, c’est vrai que j’ai de la difficulté à trouver une personne avec qui avoir une relation. Cela n’a et n’a jamais eu aucun rapport avec mon apparence. Le fait est que je veux un homme qui réfléchit et se pose des questions sur les idées reçues de la société. Je veux un homme qui ne se permettra pas d’être violent envers moi en tentant de m’imposer une conception et une apparence de la féminité qui ne correspondent aucunement à qui je suis. Le fait est que trouver un homme qui n’a pas des idées complètement sexistes, dénigrantes et limitantes des femmes et qui soit libre, c’est, dans ma vie, plus compliqué que trouver le Saint-Graal. Le fait est aussi que je préfèrerais être seule toute ma vie plutôt que de me soumettre à ces conneries concernant la supposée féminité idéale à laquelle je ne corresponds apparemment pas pour certaines personnes. Le fait est que j’ai le droit de m’habiller comme je veux quand je veux en autant que ça me plaise et que vous n’avez absolument rien à dire. Le fait est que c’est mon droit et que c’est fondamental pour moi de ne pas me penser en relation avec ce que l’on me dit que les hommes veulent. Je n’en ai rien à foutre de correspondre à ce que les hommes veulent. Ils correspondent en fait réellement très rarement à ce que je veux et pourtant, je ne me suis jamais permis de les dénigrer physiquement ni de leur dire à quoi ils devraient ressembler pour me plaire. J’aurais profondément honte de moi si je me permettais de leur faire violence ainsi. Le fait est aussi que le fait « d’avoir l’air d’une butch » n’est pas une insulte et ne devrait plus depuis longtemps être utilisé comme tel.
À partir de maintenant, je n’accepterai plus qu’on tente de me réduire à une conception de la féminité qui me donne littéralement envie de vomir et à laquelle je ne me suis jamais identifiée. Si les autres veulent se soumettre à ça, ça les regarde et je les respecterai. Mais il n’est pas vrai que j’accepterai une seule seconde d’être dénigrée parce que je refuse cette esthétique violente et limitante de ce que ce serait supposément d’être une femme. Je suis moi. Je suis une personne active physiquement et j’ai les muscles qui correspondent aux activités que je fais. Je n’en suis pas moins une femme. Je ne porte pas des chaussures qui me fragiliseraient et me rendraient difficile le fait de marcher. Je trouve ces chaussures laides sur moi et c’est mon droit. Je n’en suis pas moins une femme. Et… Je n’ai pas à me soumettre aux idées arriérées des autres et je ne serai jamais attirée par un homme qui essaierait de m’imposer ces idées arriérées aussi, voire me ferait violence pour que je ressemble à ce que je ne sais pas comment nommer autrement que « ça ». Ma vie m’appartient, mon apparence aussi. Je préférerai toujours être seule et rejetée s’il le faut que de me plier aux exigences du supposé regard masculin qui est en fait complètement formaté par une idéologie qui mise sur le fait que les femmes se détestent et détruisent littéralement leur corps pour plaire aux hommes.
Non merci. C’est un choix définitif.
Si ça vous déplaît, vous pouvez décrasser. Je me sentirai parfaitement bien sans vous et vos jugements superficiels.
