Avancer

            Ça va finalement mieux. Je suis en sortie de creux, si on peut dire. C’est sûr que tout n’est pas réglé et qu’il y aura encore des moments tristes et des retours sur certaines parties des histoires abordées dans les billets passés, mais je me sens finalement prête à avancer. Je pense que c’est en partie lié à la rentrée universitaire, en partie à des lectures que j’ai faites récemment, mais aussi à mon dernier rendez-vous avec mon psy qui était, lui aussi oui, découragé de mes aventures avec le centre d’artistes et avec l’autre.

             Il n’était pas tellement surpris de mon désir de quitter le centre. J’avais de bonnes raisons de ne plus avoir confiance en ces personnes et j’ai vécu assez de violence dans ma vie pour ne pas avoir besoin de m’imposer de côtoyer des personnes qui m’ont manqué de respect. Il y a beaucoup de centres de ce type ici et à travers le monde et j’ai déjà accès à des endroits qui peuvent m’aider à réaliser mes projets. Le psy a aussi souligné la fausse prétention à la bienveillance et au respect des personnes impliquées dans l’histoire. Pour être vraiment bienveillant, il faut considérer l’autre, le respecter, entendre sa parole et se soucier de comment nos actions et comportements vont influencer sa vie, ce qui clairement, dans cette situation, n’a pas été fait envers moi. Je n’ai pas aimé non plus me faire réduire à mon statut de prof dans cette situation. Être prof n’a rien de réducteur, mais j’ai beaucoup de chapeaux et c’est celui-là qu’on a choisi dans un contexte où je devais en porter un autre. Je ne peux même pas dire que mes ressources et compétences de prof ont été vraiment considérées dans ce cadre. J’ai l’habitude de bien préparer mes projets et de préparer aussi les élèves pour ceux-ci de façon à ce que les personnes invitées n’aient pratiquement plus rien à faire que donner et se sentir aimées par les élèves. Là on m’a empêchée de faire ça et je n’ai pas aimé ça du tout, même si je m’en suis bien sortie avec les élèves après. Je suis pleine de ressources et débrouillarde, après tout. Hier, après que j’aie demandé à un ami artiste si je pouvais faire un travail sur lui, il m’a lancé : « Si je comprends bien, ça veut dire qu’à la fin le collège achètera une de mes œuvres? ». Je lui ai répondu que c’était encore mieux dans son cas, puisque c’était l’université et que ça devrait payer plus. On a bien rigolé. Concernant cette histoire de chapeaux, je suis vraiment tannée qu’on vive dans une société où la tendance est de penser que les gens savent faire une seule chose. Les personnes multipotentielles et multicompétentes existent. Oui, oui. Et elles sont nombreuses… Un peu de respect et arrêtez de réduire les autres à vos propres limitations ou encore de les sous-estimer. 

            On a parlé de l’histoire avec cet homme qui m’a blessée aussi et de la tristesse qui restait en moi. Il a jugé immature ses comportements. Effectivement, il me semble qu’il aurait été plus simple, utile et enrichissant de me parler que de faire toutes ces choses… mais encore une fois, pour parler à une personne, il faut la voir comme une personne et se soucier de ce qu’on lui fait vivre. Ne me dites pas que j’aurais dû le faire. Ce n’est pas à moi de courir après les personnes qui m’ont blessée ni de régler toutes les situations. Dans ce contexte, ma responsabilité était de prendre soin de moi et de ne pas m’exposer inutilement à la possibilité d’être encore blessée par un tel manque de respect. Le psy a insisté aussi beaucoup sur le fait que cet homme m’a montré à répétition que je ne peux rien attendre de lui. Je pense donc qu’il est temps de fermer encore plus la porte sur cette histoire. Les comportements gênants semblent s’atténuer de toute façon. Quel gâchis en tout cas. Je n’avais vraiment pas besoin de me faire traiter comme ça. Heureusement pour moi, je sais que je mérite mieux que ce qu’il m’a fait. 

            Donc voilà pour ces deux histoires. La vie reprend son cours. J’ai recommencé l’université et les deux cours semblent enthousiasmants. Je vais travailler sur un projet que je veux faire depuis longtemps. Avancer en tout cas. C’est un livre d’artiste. J’en reparlerai. C’est sur mes projets, ma vie, mes chiens et ma santé que je veux me concentrer cette année. Ça impliquera moins de socialisation, ou seulement avec des personnes en qui j’ai vraiment confiance et j’en ai quelques-unes autour de moi. Quelques-unes c’est déjà beaucoup. Je n’ai plus beaucoup mal au dos et mon système respiratoire va mieux. Les choses s’améliorent, donc. 

            Concernant mes relations aux autres, j’ai émis l’hypothèse au psy que ma posture a peut-être quelque chose à voir avec comment les autres me traitent. Ayant été violentée longtemps, je pense que mon corps garde quelque chose de la peur et de la honte que j’ai longtemps portées et que ça peut avoir pour conséquence que les autres me croient faible et croient que je serai facile à manipuler. J’avais déjà mentionné aussi que probablement ils ont tendance à confondre ma gentillesse avec de l’idiotie, ce qu’elle n’est absolument pas. Je pense que ces éléments de moi contribuent à ce que je me retrouve dans ces situations pénibles. En plus de ma neuroatypicité qui perturbent vraiment beaucoup les gens qui s’accrochent trop aux idées reçues. Je pense que c’est possible pour moi d’avoir de bonnes relations avec des neurotypiques puisque j’en ai. Le point commun de ces personnes est qu’elles ont l’esprit ouvert et questionnent la vie. Elles me laissent être qui je suis, aussi, au lieu de vouloir m’enfoncer de force dans la gorge un fonctionnement et des idées qui n’ont rien à voir avec moi. 

            J’ai développé plusieurs projets et stratégies pour les prochains mois. Je vais appeler à la rescousse mes souvenirs de yoga et de ballet pour me redresser et mieux habiter mon corps. Je vais utiliser le blogue pour faire avancer un projet d’écriture auquel je ne savais pas quel ton donner, mais que j’ai finalement trouvé cette semaine. C’est un projet lié à mon père et les textes porteront ce titre, mais comme ils sont destinés à un autre format, je ne les laisserai que très peu de temps sur le blogue à la fois. Ça ressemble à une technique de fidélisation, je sais, même si ce n’est pas tout à fait mon objectif… Vous êtes plutôt assidus dans vos lectures déjà… Samedi ou dimanche, je continuerai l’histoire de mon cours de l’automne dernier. Je suis un peu au ralenti ces jours-ci, mon petit moteur redémarre tranquillement alors je retrouverai mon rythme. Je n’ai pas oublié la suite du texte sur Dahmer non plus, malgré les apparences… Il y aura une section sur les représentations du crime dans un des cours que je donnerai cette session, alors je devrai revoir la série et relire la bd de toute façon, ce qui me remettra à jour pour continuer. 

            Je pense que je vais bien, malgré tout. Bon… Je vais aller jouer avec les chiens. Leur compagnie me fait beaucoup de bien et j’ai encore quelques jours entiers avec eux. Ça me rend heureuse. Nous vivons dans l’amour et la tendresse, nous. Bonne belle journée enneigée.   

  

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