J’ai eu encore une fois cette semaine la désagréable surprise de constater qu’une personne dont je pensais qu’elle m’appréciait entretenait en fait des idées complètement fausses et mesquines, ainsi que beaucoup d’animosité à mon égard. Si vous me lisez depuis un temps, vous savez que l’hypocrisie et la création d’idées fausses sans vérification font partie des comportements humains que je déteste le plus subir. Je ne donnerai pas beaucoup de détails parce que ça risquerait de me causer des problèmes inutilement, mais j’aimerais quand même en dire certaines choses.
Donc j’ai fait un projet en collaboration avec d’autres personnes. Travailler avec plusieurs personnes est souvent difficile pour moi, en bonne partie à cause des traumas relationnels que j’ai vécus (en voilà un nouveau… joie…) et qui font que j’ai plus l’habitude de m’arranger seule pour faire ce que j’ai à faire. Il y a aussi mon rythme de travail qui peut être dérangeant pour les autres puisque j’ai tendance à apprendre et travailler extrêmement vite. Je peux abattre une quantité énorme de travail très rapidement et il faut que je fasse attention parce que j’ai parfois tendance à donner trop et les autres peuvent abuser malheureusement… et souvent en plus assumer que les efforts que je fais leur reviennent de droit plutôt que de voir ma générosité.
Donc nous avons travaillé en groupe pour donner à une personne une opportunité qu’à peu près personne n’a dans sa vie et qu’honnêtement, si on m’avait offert cette opportunité, je pense que j’aurais sauté de joie pendant dix ans et personnellement, j’aurais travaillé très fort pour en tirer le maximum possible de bénéfices pour les différentes sphères de ma vie. Au lieu de cela, la personne a compris complètement autre chose, compréhension que je ne m’explique absolument pas vu son niveau d’études et vu ce qui lui a été présenté et le contexte où cela lui a été présenté, et a agi comme si c’était elle qui nous faisait une faveur et que nous la traitions injustement. Ça m’a énormément troublée puisque j’ai donné tout ce que je pouvais sans compter, mes heures, mon énergie, mes ressources et… D’autres personnes aussi ont donné beaucoup à cette personne dans ce projet. Je me suis retrouvée rabaissée et méprisée et traitée comme si j’étais une grosse vilaine. J’étais abasourdie. C’était mon 4e projet d’une telle envergure et absolument jamais je n’ai été face à une personne qui agissait comme ça. Quand j’ai compris qu’elle s’imaginait plein d’horreurs à mon sujet en pensant que je mettais les limitations que je mettais au projet par mauvaise volonté, alors que ces limitations étaient liées aux réelles règles de mon travail et au cadre dans lequel le projet avait lieu, ça m’a achevée.
Dans la vie, je suis consciente du danger qu’il existe de glisser sans en être conscient d’une conception de sa valeur de soi comme réelle vers le fait de se considérer comme plus important que l’on est. C’est le cas parce que ça m’est souvent arrivé qu’on réduise ma valeur parce que l’autre assumait avoir plus de valeur que moi et plus de valeur qu’il en avait en réalité aussi. Et c’est toujours très blessant, alors j’essaie de ne pas le faire aux autres, j’essaie de souligner leurs forces et… Je ne comprends pas ces personnes qui passent leur temps à assumer que ce qu’elles font est plus important que ce que les autres font et… Et je trouve ça sincèrement vraiment pénible à vivre.
Donc, parce qu’elle avait une interprétation fausse et non fondée de la situation, cette personne a agi de façon passive-agressive et parfois psychologiquement violente durant le projet, ce qui était déjà pénible, mais qui a culminé en des sentiments d’absurdité et d’injustice profonds quand j’ai réalisé l’ampleur de l’hypocrisie de la personne. Quand j’ai essayé de recadrer les choses et de parler plus clairement des réalités de l’enseignement, la personne a réagi encore une fois de façon passive-agressive en arrêtant de me suivre sur Instagram plutôt qu’en faisant l’effort de comprendre la réalité de ce qu’il s’était passé. Mon impression c’est que la personne a honte de son erreur et qu’au lieu de le conscientiser et d’agir de façon juste, elle s’enferme dans son ego et préfère me diaboliser plutôt que de reconnaître ses torts et ce qu’elle a pu faire subir aux autres. J’ai décidé de ne plus m’exposer à cette personne. Ça ne me donne pas trop envie de me replonger prochainement dans des projets impliquant plusieurs personnes, ça, c’est certain.
Je suis souvent surprise de l’ignorance des autres concernant les réalités de l’enseignement et de comment souvent les personnes ont des attentes irréalistes face à comment les professeurs sont traités et les ressources dont ils disposent. J’ai rencontré plusieurs fois des personnes qui s’attendaient à avoir un poste en enseignement avec tous ses avantages du jour au lendemain, ce qui n’est absolument pas réaliste, peu importe vos diplômes et compétences. Nous ne sommes absolument pas dans un milieu d’éducation qui permettrait ça. On me dit souvent que je suis chanceuse d’avoir l’emploi que j’ai et le salaire que j’ai, comme s’ils étaient miraculeusement tombés du ciel. La réalité c’est que j’ai vécu très pauvrement pendant que je faisais mes études, que je me suis endettée pour finir mon doctorat, que j’ai passé dix ans à être précaire, à ne jamais savoir si j’allais travailler ou pas, avoir un revenu ou pas, que j’ai accepté d’avoir la moitié de mon salaire pendant ces dix ans, que parfois j’ai enseigné dans des conditions humiliantes où j’étais en fait payée 1/3 de mon salaire réel pour ne pas perdre ma place dans la liste d’ancienneté, enseigné dans plusieurs endroits en même temps, parfois durant 9 heures d’affilée avec une heure de trajet en vélo entre les deux établissement sans aucune pause réelle ni avoir le temps de manger et… Je ne suis absolument pas chanceuse. J’ai littéralement travaillé comme une folle et enduré des conditions extrêmement pénibles pour arriver où je suis. La seule « chance » que j’ai eue, c’est que les conditions d’enseignement durant la pandémie ont fait que certaines personnes ont pris leur retraite plus rapidement et que le creux démographique qui sévissait quand j’ai commencé à enseigner a pris fin. Ce sont ces deux conditions réunies qui ont fait que ma situation s’est finalement améliorée. À 41 ans, ça fait juste deux ans que j’ai de réellement bonnes conditions de travail. Alors vous pouvez vous mettre ma supposée chance dans le cul.
J’ai le salaire que j’ai parce que j’ai toujours été humble et j’ai toujours continué à me former malgré les obstacles et les conditions difficiles que je rencontrais. Je suis aujourd’hui extrêmement polyvalente et j’ai littéralement des tonnes de connaissances dans un nombre assez incroyable de domaines, ce qui me rend précieuse, oui, je le vois aujourd’hui, mais ça m’a quand même pris 37 ans avant de penser moi-même que j’avais même une infime valeur. C’est sûr qu’après ça, quand une personne essaie de me faire croire qu’elle me fait une sorte de faveur de participer à un de mes projets et qu’elle me traite comme une moins que rien, c’est difficile de la prendre au sérieux et de la respecter. Je ne pense pas que je serais jamais arrivée où je suis si j’avais agi le moindrement comme cette personne, mais ce n’est pas moi et je n’agirai jamais comme elle. Rendue là, je me sens dégoûtée et je trouve risible les prétentions que les autres se permettent d’avoir d’assumer que ce qu’on leur donne et les possibilités qu’on leur offre leur sont dues. C’est extrêmement pénible à subir. Un peu d’humilité et de travail, s’il vous plaît.
Donc ça clôt une aventure pénible… J’ai continué à travailler pendant ce temps. Il me reste une journée et formation aujourd’hui et des copies à corriger au moins jusqu’à mardi, mais après je serai en vacances enfin et j’en profiterai pour penser à comment je veux mener ma vie maintenant et à quels types de personnes je peux faire confiance ou pas dans mes projets.
J’espère que vous allez bien.
Bonne journée et à bientôt!
