On dirait que je ne sais pas comment commencer celui-ci tellement j’aurais de choses à dire. Ça se bouscule un peu dans mon esprit. Ça risque de ne pas faire plaisir, mais en même temps, je n’en suis plus tellement au stade de faire plaisir. Surtout pas ces jours-ci avec l’autre dans les médias qui pense qu’il est juste un mauvais chum alors que le fait qu’il consomme des drogues et de l’alcool au point de se mettre dans un état dans lequel il est incapable d’entendre sa partenaire lui retirer son consentement devrait être suffisant pour qu’il comprenne qu’il a un problème de consommation intense au point de mettre la sécurité et la vie des autres en danger et que juste ça justifierait qu’il y ait retrait temporaire de sa personne de la vie publique, voire de la société, volontaire ou forcé, le temps qu’il aille mieux, et ce, qu’il ait une ou 56 victimes. Une seule, c’est assez. Arrêtez d’excuser les comportements des hommes qui ne vont pas bien, qui consomment de façon excessive et arrêtez surtout de compter les victimes. Une seule, c’est toujours assez. C’est toujours déjà trop.
Certaines choses devraient être claires pour tous les hommes. Je vais parler au « je », mais je pense que bien des femmes endosseraient mes propos, alors j’y vais :
Je ne suis pas un trou dans lequel vous seriez autorisés à vous vider sans que j’aie aucune émotion ni réaction. Je ne suis pas quelqu’un à utiliser parce que vous vous ennuyez temporairement de votre blonde. Je ne mérite pas moins de considération et de respect qu’elle. Je ne suis pas une niaiseuse ni une idiote. Statistiquement parlant, la probabilité que mon QI soit inférieur au vôtre est d’environ 2%… Ce qui est tristement bas pour vos assomptions automatiques de supériorité. Il serait donc urgent d’arrêter de me parler comme si j’étais une personne « qui ne comprend pas vite »… et même si c’était le cas, j’aurais droit au respect. Ce ne serait jamais une justification d’abus. Je ne suis pas quelqu’un à qui c’est une bonne idée de mentir. Je n’ai pas à être gentille avec vous si vous me faites du mal, surtout si je ne vous connais pas vraiment. Je n’ai pas non plus à être la personne qui vous console si vous me faites du mal. Je ne suis pas votre mère. Je ne suis pas votre boss. Je ne suis pas votre bonne. Je ne suis pas la personne qui doit vous empêcher de me faire quelque chose de blessant. Vous l’êtes. Je n’ai pas à excuser vos comportements et à faire comme s’ils n’avaient aucun impact sur moi pour vous satisfaire. Je n’ai pas à être une fille cool si être cool signifie se laisser faire n’importe quoi sans rien dire. Je ne vous dois aucunement le secret si vous choisissez d’agir en trou du cul dans ma vie. Je n’ai pas à deviner ce qu’il se passe dans votre tête. Je ne vous suis pas inférieure. Je ne suis pas quelqu’un dont c’est ok de traiter la vie à la légère, surtout après que je vous aie parlé des violences que j’ai vécues et que je vous aie informé du fait que je souffre de stress post-traumatique complexe chronique. Continuer à traiter ce qu’il se passe entre nous à la légère après avoir obtenu ces informations relève du délire et de la sauvagerie. Et… La liste pourrait s’allonger encore beaucoup.
Les femmes sont des personnes complexes et intelligentes, sensibles aussi, au même titre que vous. Elles ne sont pas des êtres dont vous avez à tirer profit. Il serait plus bénéfique d’être honnête, et ce, dès le départ. Par exemple, si vous voulez juste coucher avec quelqu’un, ce serait une bonne idée de le dévoiler assez vite et non de passer des mois à lui parler avant comme si vous vouliez établir une relation avec elle. Si une femme veut vraiment juste coucher avec quelqu’un, ça s’arrange généralement assez rapidement en allant dans un bar. Il y a un lieu, justement, pour ces histoires-là. Ça s’appelle un bar. Il y a maintenant aussi une version en ligne de ce lieu qui est l’application de rencontres où il est super facile aussi de trouver, parfois en moins de 5 minutes, quelqu’un qui recherche juste une relation sexuelle. Vous n’avez pas besoin de berner quelqu’un pour avoir une relation sexuelle. L’époque où on pensait encore qu’il était possible et ratoureux de voler la vertu d’une femme est pas mal loin dans le passé. Aujourd’hui on sait que berner quelqu’un sur vos intentions pour coucher avec, c’est une agression.
Aussi, arrêtez d’essayer de me faire peur. Ça ne fait pas partie de vos droits. Il serait bon d’être conscient que si j’ai été capable dans ma vie de tenir tête à un homme armé et à mes deux violeurs, il y a assez peu de probabilités que je m’écrase devant vous. Vous réussirez peut-être à me rendre inconfortable, à me pourrir la vie, voire à me faire peur, mais jamais à me stopper complètement dans ma vie, à moins de déployer une quantité de violence suffisante pour vous envoyer en prison. Vous perdez votre temps et votre énergie. Les miens aussi. Vous nous mettez tous les deux en danger inutilement. Si vous n’avez pas réussi à avoir ce que vous vouliez quand j’étais dans de bonnes dispositions envers vous, il y a assez peu de probabilités que vous y arriviez en m’effrayant. Ce serait alors une agression de toute façon.
Je pourrais continuer comme ça longtemps, mais j’ai des obligations. Je tiens à préciser que, même si j’en parle assez rarement, puisque je ne peux pas parler de tout, je suis consciente que les hommes ont des défis assez considérables sur le plan de la santé mentale. Vous êtes les plus représentés dans l’itinérance, le taux de suicide, le nombre d’actes violents vécus et… C’est en partie lié aux vieilles définitions de la masculinité que nombre d’entre vous acceptent encore au lieu de profiter de la magnifique liberté qui vous est offerte aujourd’hui de choisir de définir comme vous le désirez ce que c’est que d’être un homme pour vous. Ça devrait être exaltant et excitant. Pas menaçant. Les privilèges que vous avez avec cette ancienne version de la masculinité sont acquis par la destruction de la vie des autres et leur déshumanisation. Il ne faut pas aller bien pour en profiter sans se poser de questions. Ce serait bien utile d’aller demander de l’aide. Ça presse. Au lieu de laisser traîner et de continuer à faire n’importe quoi aux femmes. Il y a des gens qui règlent les problèmes rapidement. Il y a des gens qui les laissent traîner. Mais laisser traîner les problèmes ça fait pas mal toujours juste souffrir plus de personnes, parfois sur des générations d’affilée.
Travailler sur soi, faire preuve d’humilité, ce sont des bonnes choses. Dans ma version de la masculinité qui semble avoir été une illusion plus qu’une réalité, ou qui, en tout cas, ne semble pas à la mode, il y a la force et la capacité de se remettre en question. Il y a la reconnaissance volontaire de ses erreurs. Il y a le courage de demander pardon. Si vous ne savez pas comment vous excuser, demandez à Google. Il existe même un wikiHow avec des images : https://fr.wikihow.com/s%27excuser. Vous n’avez même plus à chercher!
Une chose que j’ai souvent gardée secrète, de peur d’être considérée naïve, c’est qu’à chaque fois qu’un homme m’a fait du mal, j’ai longtemps gardé, dans un coin de ma tête et une partie de mon cœur, l’espoir qu’il finirait par comprendre ce qu’il avait fait et agirait de façon plus intelligente, respectueuse et aimante, de façon à réparer un peu. Dans la majorité des cas, cet espoir s’est avéré vain. Je croyais pourtant en vous. J’y croyais vraiment beaucoup. Il faut croire qu’une partie de moi est réellement naïve et trop gentille. J’essaie maintenant de la garder en laisse, mais c’est certain que j’aurais toujours préféré que vous fassiez des efforts. Ça n’a rien d’agréable pour moi, d’avoir à subir les effets de ce que vous m’avez fait. Ça vous affecte aussi, que vous en soyez conscients ou pas.
Je vous dirais, si vous êtes un homme qui m’a blessé ou a blessé une femme dans votre vie, de vous placer devant un miroir et de dire, le plus factuellement possible, à voix haute, ce que vous avez fait. Pas ce que vous auriez aimé qu’on comprenne de vos actes et de vos intentions. Ce que vous avez réellement fait. En vous regardant dans les yeux. Si vous ressentez de la honte, c’est bon signe, mais il ne faut pas rester pris là. C’est important de prendre la responsabilité puis d’agir d’une façon saine qui permet de dépasser cette honte sans nuire à vous-même ni à l’autre. Si vous ne ressentez rien ou que vous trouvez votre comportement normal et acceptable, ça devrait être un signe qu’il faut demander de l’aide. Surtout si vous faites partie des hommes qui m’ont fait du mal même après avoir été informés de ce que je vivais, ceux qui ont choisi de penser que ça n’avait pas d’importance. Après, envoyez-vous promener de ma part, poliment ou pas. Après, eh bien travaillez sur vous. Ce n’est pas à moi de vous apprendre comment être des hommes sains. Je suis presque toujours heureuse de répondre à des questions, mais je ne suis pas psy et je n’ai pas la responsabilité ni l’obligation de vous aider à changer. Si vous n’avez pas accès à la thérapie, il y a une tonne d’informations sur Internet qui sont disponibles gratuitement. Vous n’avez, AUCUNE excuse.
Il y aura une troisième partie à cette conclusion qui portera sur les progrès que j’ai faits ces dernières années et dont j’ai pris conscience lors de la conversation initiale et pendant la rédaction de ces billets. Je mets une photo déjà utilisée. Je n’ai pas le temps d’en faire de nouvelles ces jours-ci.
