Aller mieux… (2)

            La mélodie pour ma chanson est un peu country, puisque c’est toujours mieux comme ça quand il faut parler d’émotions profondes… et puis c’est parfois drôle aussi tellement ça devient intense, la musique country. C’est drôle au point que la souffrance terrible se transforme en envie de pleurer de joie. J’avais encore quelques choses à dire puisque j’ai écrit le billet hier pendant que je me faisais tatouer et après dans la fatigue très intense qui m’a envahie. 

            Ça semble avoir aidé, cette image d’utiliser le reste de souffrance que j’avais en dedans et de la visualiser comme affleurant à la surface de ma peau, comme sortant de moi, à travers la douleur de la matérialisation du dessin sur ma peau (dont je vous mets un autre extrait ici). Ce matin, je me sens bien. Les métaphores, la pensée métaphorique, sont parfois presque magiques pour la santé mentale. Il faut m’en souvenir. La matérialisation de la souffrance en œuvre aussi, que ce soit la nôtre ou celle des autres. Je suis très enthousiaste de parler de l’œuvre de Kent Monkman en classe cette semaine, malgré les horreurs dont elle provient. Je pense qu’il sait bien travailler à partir de l’horreur pour créer une forme de réparation, d’apaisement, même si rien n’effacera jamais les tragédies passées. Je ressens beaucoup de tristesse par rapport au fait que beaucoup de personnes lui sont rentrées dedans il y a quelques années au sujet d’une de ses toiles, ce qui l’a poussé à se retrancher un temps. Même si je comprends le point de vue d’où venait les reproches, je ne pense pas qu’il méritait cela. Je suis profondément écœurée qu’on demande aux victimes de traumatismes graves de réagir parfaitement et dignement. Je pense qu’il avait le droit d’exprimer comme il le voulait la rage qu’il peut ressentir face à ce que des personnes comme sa grand-mère ont vécu aux mains des blancs, et ce, même si cette expression ne correspond pas à comment les femmes veulent être représentées, c’est-à-dire comme vengeresses et colériques. La colère et l’envie de vengeance sont des états et sentiments normaux et justifiables chez les personnes violentées. Ce qui serait répréhensible serait de les mettre en acte. Pas de les représenter artistiquement pour les évacuer et que l’horreur des faits ne soit pas oubliée. En tout cas, c’est ma position et je la crois assez juste. 

            Je pense que les projets et la création sont ce qui nous sauve toujours. La symbolisation aussi. Vous n’avez pas besoin de vous voir comme des artistes pour cela, non. Parfois la création est simplement notre vie. Avoir le courage de l’amener ailleurs tout simplement, de réviser notre quotidien, d’avoir la force d’examiner ce qui doit rester comme cela et ce qui doit changer. J’aime mon quotidien quand il n’est pas littéralement empoisonné par ce qu’un homme me manquant de respect m’a fait. J’aime mon quotidien quand il n’est pas alourdi par une grave crise de stress post-traumatique complexe chronique, ni par les commentaires idiots sur ce que je vis. Il y a là pour moi des pistes importantes à explorer afin de voir comment je peux travailler à ce que ça arrive moins. Abandonner les relations amoureuses et/ou sexuelles avec les hommes en est une. J’ai essayé longtemps, mais ça a l’air vraiment terriblement difficile pour plusieurs hommes de faire preuve ne serait-ce que d’un minimum de respect, de réflexion et de remise en question. Et moi je n’ai plus le temps de les traîner derrière moi. Et je n’ai plus le temps de leur expliquer les choses non plus, à moins qu’ils ne fournissent des efforts vraiment considérables pour faire partie de ma vie. Efforts qui me semblent minimaux de mon point de vue, mais criss que ça a l’air dur de voir l’autre comme un humain complet pour les hommes que je rencontre… Je ne sais pas où sont ceux capables de le faire et je n’ai plus de temps pour les chercher non plus. Je suis tannée d’expliquer des évidences, comme le fait que les femmes sont des personnes et que si vous n’êtes pas clairs dès le début avec elles, si vous cherchez à les utiliser, à contourner leur consentement, à les réduire et… vous leur manquez de respect et vous êtes des trous du cul. Je veux bien l’expliquer patiemment aux hommes très jeunes que je vois dans mes classes… mais il me semble pénible et absurde de devoir l’expliquer à des hommes de 35 ans et plus… qui ont eu amplement le temps de réfléchir, de se remettre en question et d’apprendre… au lieu de répéter les mêmes conneries à l’infini.

            Ça me procure de très grands sentiments de libération et de joie, de me dire que je ne m’exposerai plus à cela. Je recevrai de l’amour et de la tendresse autrement. Je n’ai aucun doute. Je veux me concentrer sur ma vie et ce qu’elle peut sainement apporter aux autres. Je ne veux plus passer mon temps à me remettre des conneries que des hommes me font. J’ai des choses à peindre, écrire, graver et… J’ai besoin de vivre enfin. Je n’en peux plus de cette demi-vie à laquelle les actions des autres m’ont longtemps condamnée. Je veux laisser aux autres la stupidité de penser que je suis gentille et dans l’émerveillement parce que je suis naïve et idiote. Je suis gentille et émerveillée parce que je n’en reviens pas d’avoir survécu à tout ce à quoi j’ai survécu et c’est mon choix de rester dans la bienveillance et de contempler, admirer et me réjouir de la beauté du monde et de l’infinité de choses intéressantes qu’il y a à faire. Soyez amers, condescendants et ennuyés si cela vous chante, mais restez loin de moi si c’est le cas. Je n’ai pas besoin de vous. J’en ai vu assez, de vous. Votre ostie de marde, je n’en veux pas dans ma vie. J’ai tout un monde à explorer. Et surtout, puisqu’il pourrait m’arriver un jour de changer d’idée concernant ma vie amoureuse, si vous n’êtes pas sérieusement intéressés à me connaître ni à donner une chance à notre histoire, STAY THE FUCK AWAY. 

            Il me reste encore un billet à finir sur les erreurs de perception afin que les femmes en couple avec les types d’hommes que j’ai mentionnés ne pensent pas que je les méprise, un autre sur l’aventure avec la prof méprisante qui m’est arrivée cette semaine, mais après je pense que je vais enfin être en mesure de parler un peu moins des relations et un peu plus de mon travail et d’autres choses qui m’intéressent. 

            Je vous souhaite un magnifique dimanche d’automne! 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s