Les erreurs de perception (6)

            D’abord, je voudrais préciser le fait que Lancelot est réel. Si vous avez bon cœur comme ma belle-sœur, vous avez peut-être voulu croire qu’il était la création de Photoshop… mais non. Lancelot a bel et bien existé. Quand il n’était qu’un chevreau, son propriétaire lui a attaché les cornes ensemble et avec le temps, au fil de leur croissance, elles se sont soudées ensemble, lui donnant cette apparence d’être une licorne. Aujourd’hui Lancelot est empaillé à quelque part dans un musée de curiosités aux États-Unis. Je voulais aussi préciser que Lancelot est une métaphore générale de plusieurs hommes que j’ai rencontrés et non une figure utilisée pour représenter un homme en particulier. 

            J’ai eu une rencontre intéressante avec mon psy hier. Nous avons parlé de cette conversation que je vous raconte dans les derniers billets. On a parlé de l’importance de mettre la responsabilité sur les deux parties dans une relation. Il y a des relations où une seule personne est responsable des problèmes parce qu’elle n’a pas effectué le travail nécessaire sur elle-même afin de pouvoir être sainement en relation avec une autre personne. Il y a des relations où une personne est profondément violente et l’avait caché à l’autre et… Quand je dis que les femmes sont aussi souvent responsables de l’absence d’évolution des relations amoureuses, on me sort souvent l’exemple de la femme battue et terrorisée qui est coincée dans la relation et blablabla. Oui, ces femmes existent malheureusement. Il reste que nous ne sommes pas toutes en relation avec des hommes qui cachent un fusil sous le matelas et qui vont nous détruire atrocement physiquement ou psychiquement si nous disons quelque chose. Le problème est ailleurs.  

            Le problème est souvent dans ce à quoi je reviens souvent : la peur de la solitude. Il y a des personnes qui craignent plus d’être seules que de vivre de mauvaises relations. Il y a des personnes qui sont prêtes à endurer des choses atroces juste pour ne pas être seules. C’est leur choix et leur problème, me direz-vous, mais pour moi ce n’est pas si simple. Je peux respecter leur choix tout en n’étant pas en accord et en n’approuvant pas celui-ci. Pour moi, accepter ce genre de relation où l’autre ne fait rien et attend en quelque sorte d’être servi, ce qui correspond pour moi à accepter de vivre une relation de violence psychologique puisque l’autre est rabaissée au rang de servante, de maman substitut et… c’est se manquer de respect à soi-même, mais en même temps à toutes les femmes puisque si on accepte ce type de comportements, l’autre n’a aucune raison de changer puisqu’il reçoit une tonne d’amour et de services (littéralement oui) sans avoir à faire quoi que ce soit. Et si un jour vous trouvez le courage de partir, l’autre restera probablement inchangé et ira maltraiter d’autres femmes après vous. Des femmes qui ne s’aiment pas et dont la société a détruit leur image et leur estime d’elles-mêmes, des femmes qui pensent qu’elles ne valent rien sans un homme, des femmes qui sont prêtes à endurer n’importe quoi pour ne pas être seules, il y en a malheureusement des tonnes et il n’est absolument pas difficile pour un homme d’en trouver une autre… sans avoir à réfléchir à son comportement ni même à faire quelque effort que ce soit. 

            Il faut du courage, pour demander des changements à l’autre, homme ou femme. Il faut être prête à accepter que l’autre puisse dire non et mettre fin à la relation, nous renvoyant alors à la solitude crainte… Mais pour moi ça vaut toujours mieux. J’ai été dans assez de relations malheureuses pour savoir que le dicton voulant qu’on soit mieux seule que mal accompagnée est vraie. J’ai passé je ne sais combien de nuits à pleurer à côté d’un homme trop profondément enfoncé dans un sommeil égocentrique, dans un sommeil drogué ou dans un sommeil alcoolique à me sentir terriblement plus seule que quand je suis réellement seule alors que j’étais en couple. Je pense qu’il y a aussi quelque chose de méprisant à avoir des attentes très basses face aux hommes. Je pense qu’il est normal d’avoir certaines attentes et que ça ne rend service à personne de penser qu’ils sont incapables de changement, même si ça peut prendre du temps. Ça prend du temps à tout le monde pour changer. Je pense qu’on apprend aux hommes à agir d’une certaine façon et que si on ne leur montre jamais que les choses peuvent être différentes, ils n’ont pas la chance de se découvrir eux-mêmes autrement. On aimerait parfois qu’ils le réalisent d’eux-mêmes et prennent l’initiative des efforts, mais il faut alors assumer qu’ils sont déjà conscients des idées fausses leur ayant été enfoncées dans le crâne depuis la naissance… ce qui n’est pas toujours le cas. Un petit coup de pouce peu presque toujours être utile.

Cet homme dont elle parlait est fort probablement capable d’autre chose que de changer des pneus et sortir les poubelles. Il suffirait peut-être de le lui demander au lieu de se résigner à la situation et de le laisser apprendre à faire les choses à sa façon tout en acceptant que ce ne sera peut-être pas exactement comme on aurait voulu. Parfois ça ne fonctionne pas, malgré les demandes, malheureusement. Et je pense qu’alors il faut savoir abandonner la relation malgré notre peur. Je sais en tout cas que j’ai longtemps essayé de faire voir les choses autrement à des hommes avec qui j’étais en relation et à leur donner patiemment la chance d’agir autrement. Ils ne l’ont jamais fait. Je ne donne plus autant de chances de me blesser aux hommes maintenant, mais je crois quand même que certains m’entendraient. Il faut quand même qu’il y ait une base relationnelle entre nous. Les hommes que je rencontre ont plutôt tendance à me faire des choses épouvantables avant même que quoi que ce soit soit réellement établi entre nous. Je pense que je n’ai alors aucune obligation de rester là à attendre qu’ils fassent quelque chose d’intelligent. Je n’ai pas à m’exposer à être blessée sans fin par des hommes qui ne semblent même pas avoir un minimum de respect et d’intérêt pour moi. 

            Je sais quand même que des hommes différents existent. Après la dernière histoire, les réactions des hommes de mon entourages ont été beaucoup plus dures et parfois violentes que celles des femmes. Les commentaires de l’ordre de « Il est complètement malade de te traiter comme ça! », « C’est un harceleur! », « Comment il peut être cave au point de traiter aussi mal une belle femme intelligente comme toi? » et… ont été légion. On m’a demandé aussi si ça m’avait rendue triste de le voir rentrer au petit matin cette semaine, chose qui pouvait indiquer qu’il avait passé la nuit avec une femme. La réponse est non. Je ne suis pas triste s’il a rencontré quelqu’un d’autre. Je n’entretiens pas de sentiments et d’espoir envers les personnes qui me traitent mal. C’est une chose sur laquelle nous avons du contrôle, oui, malgré ce que disent les croyances populaires. Comme je disais, il reste la personne qui m’a traitée de façon vraiment irrespectueuse. Il reste cet homme qui a préféré rôder devant chez moi pendant des semaines (ce qu’il ne semble plus faire, ou alors je ne le vois plus le faire) plutôt que de simplement me parler et s’excuser, un homme incapable d’une simple phrase comme « Je n’étais pas aussi prêt que je pensais à passer à autre chose, je suis désolé de t’avoir blessée. », un homme qui s’est quand même entêté à m’imposer sa présence devant chez moi, probablement par orgueil, peut-être pour voir si je passais à autre chose et sans se rendre compte que puisqu’il était amoureux d’une autre, je ne lui devais absolument rien et que justement, puisque son désir était d’être avec une autre, il n’avait absolument rien à faire là et que ça aurait été faire preuve d’un minimum de lucidité et de respect que de ne pas m’imposer sa présence après m’avoir autant fait perdre mon temps et blessée inutilement. Ça aurait littéralement été la moindre des choses. 

            Donc non, je ne suis pas triste s’il est avec quelqu’un d’autre. Ça m’a même un peu soulagée, pas parce que mon intérêt envers lui était superficiel puisqu’il ne l’était pas, mais parce que ça avait une chance de me libérer un peu du poids de sa présence absurde puisqu’il n’a pas un intérêt réel pour moi. La seule chose qui me rend triste c’est d’avoir été maltraitée et qu’on m’ait manqué de respect à ce point. D’avoir dû subir des mois de crises de stress post-traumatique crissement intense à cause de quelqu’un qui se câlisse de moi. Je n’ai pas la naïveté de croire qu’il a complètement changé en à peine trois mois et qu’il traitera merveilleusement une autre femme. Je n’ai pas non plus la naïveté de croire qu’il est magiquement devenu le type d’homme que je veux dans ma vie même si théoriquement il en a peut-être le potentiel en lui. Croire qu’il traitera mieux une autre femme, ce serait croire qu’il m’a traitée comme cela à cause de quelque chose en moi, alors que c’est faux. Nous traitons les autres comme nous traitons les autres à partir de qui nous sommes et non à partir de qui ils sont. Nous sommes toujours les seuls responsables de comment nous traitons les autres et nous traitons tous les autres de la même façon tant que nous ne n’avons pas changé. La seule différence, c’est que certaines personnes acceptent d’être maltraitées, voire pensent même que c’est normal, que c’est l’ordre des choses. Ce n’est pas mon cas.

            Je vous laisse une photo de ma petite qui a le courage d’affronter les ours. 

            Bonne journée! 

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