C’est sûr que mon cerveau est resté pris longtemps dans une forme d’incrédulité. C’est en partie dû à ce qui est pour moi l’extrême absurdité de la situation qui a créé une forme de choc dans mon esprit, choc qui a mené à une crise de stress post-traumatique longue et pénible. Même si je sais qu’il y a toutes sortes de personnes sur terre qui font pas mal n’importe quoi aux autres, il y a eu une forme de rencontre désastreuse entre ce que je pensais de lui et ce qu’il a choisi de faire. Puis mon cerveau est resté coincé en boucle sur des phrases de l’ordre de « Mais comment il a pensé que c’était une bonne idée de me faire ça? » ou encore « Mais pourquoi il se permet de penser que c’est juste ça que je mérite? ». Et ça a tourné et tourné comme cela pendant plusieurs semaines parce que pour moi ça a quelque chose d’incroyable, mais aussi à cause du stress post-traumatique qui a tendance à faire ça à la base et… Tout cela a été vraiment très pénible et épuisant.
Je suis quand même heureuse de constater que j’ai mieux réagi que je ne l’ai fait dans le passé. Avant, j’aurais eu tendance à douter de moi et à me dénigrer. J’aurais eu aussi des comportements autodestructeurs comme mal manger et… Je n’ai pas fait ça cette fois. C’était très clair pour moi que le problème dans la situation ne venait pas de moi et j’attends vraiment de pied ferme qui que ce soit qui voudrait essayer de me faire croire que je suis à l’origine de cette situation. Ce n’est pas le cas. Je ne pouvais pas non plus deviner qu’il allait faire ça. Absolument pas. Je ne peux pas lire dans le cerveau des gens et je n’ai pas à aller fouiller dans leur garde-robe pour voir s’ils n’ont pas une petite amie avec qui ils ont une situation pas claire cachée à quelque part. C’est leur responsabilité de s’assurer que leur situation est claire et qu’ils agissent respectueusement avec moi. Fin de la discussion. Avant, je serais aussi probablement restée dans la situation à essayer de prouver ma valeur à l’autre, à attendre qu’il la reconnaisse. Je ne fais plus ça. Donc oui, ma thérapie fonctionne contrairement à ce qu’on me dit parfois.
Le but de cette histoire de « mort symbolique de l’autre », c’est surtout, comme je disais, d’enlever son pouvoir et son importance à l’autre dans ma vie. L’idée, puisque je ne déménagerai pas avant quelques années encore, est que sa présence devienne comme une forme de bruit de fond et non quelque chose qui me perturbe comme cela m’a perturbée les premières semaines après l’événement. Je sais qu’il est possible d’aller bien dans un environnement même s’il y a dans cet endroit des personnes qui nous ont fait du mal. Je l’ai vécu au travail et maintenant la présence des personnes qui m’ont harcelée durant les premières années ne me fait plus rien, si ce n’est que je trouve triste pour elles qu’elles soient réduites à une existence où elles se sentent tellement menacées par les autres qu’elles ressentent le besoin de les violenter. Je n’aurai jamais non plus de relations avec ces personnes parce que c’est ce harcèlement qui a empiré mon état de santé il y a quelques années et que je ne me sens absolument pas capable de les pardonner. Ce n’est pas nécessaire pour aller mieux, contrairement à ce qu’on dit parfois. Atteindre un état de relative indifférence est déjà bien suffisant. Je sais aussi très bien qu’elles n’ont pas changé…
Pour ce qui est de mon célibat, ça ne change absolument rien dans vos vies et j’aimerais qu’on me fiche la paix à ce sujet. C’est ma décision. Elle appartient à moi seule. Je suis la seule juge de l’état dans lequel je suis et de combien ça me coûte à chaque fois de m’exposer à des personnes qui ne réfléchissent pas assez à ce qu’elles me font et ne règlent pas leurs problèmes. Je ne vais pas continuer à m’exposer à de la maltraitance jusqu’à ce que mon état de santé physique et mentale soit pire qu’il est maintenant juste pour que vous ayez le plaisir de continuer à vous raconter qu’un jour je rencontrerai le prince charmant. Ce sont vos rêves et vos idées. Un prince charmant ne fait pas partie de mes conditions pour atteindre le bonheur. J’ai une vie différente de la majorité. J’ai une petite famille (« Une petite family » – à dire sur le même ton que Philippe Katerine qui me fait mourir de rire.) qui est différente de celle des autres aussi et c’est celle qui me plaît. Comment je vis ma vie n’est pas de vos affaires. Le fait est que chercher à avoir des relations avec des hommes m’a toujours apporté plus de mal que de bien. À un moment donné, il me faut me rendre à l’évidence que ça me coûte beaucoup plus que ça ne m’apporte et que ça me nuit tout simplement. Je n’ai pas votre rêve d’être à tout prix en relation. Le prix est trop élevé pour moi. Ça ne m’intéresse plus. Je suis assez intelligente pour réévaluer mon choix si un jour je rencontre un homme qui ne fait pas que penser à son nombril et qui ne me dénigre pas. Je ne serai pas obligée de le faire non plus. Moi seule décide.
Je me suis pardonné aussi le fait de m’être retirée sans mot de la situation. C’était une situation vraiment compliquée. J’ai essayé de continuer à lui sourire un temps dans l’espoir qu’il finisse par faire le choix intelligent de me parler seul à seule, mais il ne l’a pas fait. À un moment donné, puisque je n’avais aucun moyen de le rejoindre et aucun moyen non plus de le voir seul (La seule fois que je l’ai croisé seul c’était le premier jour que je pouvais sortir après la Covid et je risquais d’être encore contagieuse et je me crachais encore les poumons et il ne faisait pas vraiment partie de mes priorités, disons.), il ne faut pas me demander l’impossible non plus. Ça m’a vraiment incroyablement blessée cette histoire et l’idée d’être encore blessée de cette façon ça ne me plaît pas du tout et ça me rend plus craintive et hésitante que je le suis habituellement. Je sais, parce que je me connais bien, que je lui aurais dit ce qu’il en était en me réveillant le lendemain matin si j’avais eu un moyen de le rejoindre. Ça ne s’est pas passé comme ça. Ça ne fait pas de moi une mauvaise personne pour autant. Ce n’est pas ma façon d’agir normale.
Je dirais que je me sens ok maintenant et que je suis prête à aller de l’avant. C’est fini. J’ai réglé la question. Je n’ai aucune envie de m’exposer sur le plan affectif, mais tout le reste va bien. La fatigue diminue. Les chiens me font sourire. Il y a de la joie dans mon foyer et mon cœur aussi. Je veux juste plancher sur mes projets. Je suis une belle femme intelligente et créative qui a droit au bonheur elle aussi et qui ne tolérera aucun manque de respect ni aucune violence.
Bonne journée.
