L’évolution du deuil (1)

            Je pense que je suis rendue à l’étape de l’acceptation. Ça a pris un certain temps, mais en même temps, ma curiosité pour cette personne avait duré longtemps et le choc de ce qui s’est finalement passé a été très fort. L’acceptation et le deuil du fait que la personne que je pensais rencontrer n’existe pas vraiment finalement et que la réalité est juste ce qu’elle est et qu’elle est plutôt laide en fait. Si je pouvais retourner en arrière, je pense que plutôt que d’être patiente face à sa tristesse, je lui répondrais simplement : « Ark! Non merci! » et ce serait au moins clair et net comment ça m’a fait me sentir. Peut-être que je partirais à rire aussi, d’incrédulité et de dégoût devant la situation, mais ça, ça aurait peut-être été dangereux s’il l’avait interprété comme une humiliation. Il y aura malheureusement toujours des hommes qui pensent que c’est correct de traiter les femmes n’importe comment et qui se sentent supérieures à elles. Je suis cependant plus habile à les reconnaître plus rapidement une fois en contact avec eux et je n’ai plus la naïveté et la mauvaise estime de moi que j’avais avant et qui me faisait essayer de les convaincre de ma valeur. Cela me conduisait juste à être encore plus blessée. Aujourd’hui, je la connais ma valeur et je sais que je vaux beaucoup mieux que comment j’ai été traitée dans cette histoire. 

            Cette semaine je parlais avec ma belle-sœur et je lui disais que je me sentais commencer à aller de mieux en mieux après un bref retour de la tristesse et des pensées intrusives du stress post-traumatique que je pense liées à l’extrême fatigue que j’ai connue pendant la Covid et la violente crise d’allergies que j’ai eue durant les dernières semaines. Quand on est immobilisé chez soi par la maladie, c’est plus difficile de s’activer dans sa vie pour avancer et ce sont parfois des moments propices au retour de choses indésirables dans notre esprit. J’ai quand même accepté que j’étais triste pendant une période et ça m’a permis de prendre soin des parties de moi qui avaient encore mal. Ma belle-sœur m’a demandé ce qui m’a aidée à aller mieux. J’étais un peu gênée de lui dire que c’était de me dire que cette personne n’avait pas d’importance ni de rôle à jouer dans ma vie future et que pour moi elle était morte. Je trouvais ça un peu intense, l’aspect mort. Mais elle m’a répondu que non, ça ne l’était pas, que la personne que je pensais qu’il était n’existait pas et que c’était donc comme si cette personne était morte. Et oui, c’est pas mal ça. Je précise ici que je n’ai pas fait une idéalisation insensée de cet homme qui ne prendrait racine dans rien. Il y a des éléments de sa vie qui m’ont fait penser que c’était une bonne personne respectueuse et qui m’a fait m’attendre à être traitée décemment. Je ne peux pas les mentionner ici parce que ça donnerait trop de détails sur sa vie et que mon but n’est jamais que les personnes dont je parle soient identifiables (Il ne sert d’ailleurs jamais à rien de me demander qui elles sont. Il y a parfois certaines personnes à qui je le dis, mais c’est seulement dans les cas où je sens que je ne suis peut-être pas en sécurité. Je le dis à ma belle-sœur et une autre amie de confiance, au cas où il m’arriverait quelque chose. Je sais qu’elles ne diront rien s’il n’arrive rien.). 

Il reste que même si des personnes agissent décemment dans certaines parties de leur vie, ça ne veut pas dire qu’elles le feront à tout moment dans toutes les sphères de leur vie. Je dois aussi me concentrer sur ce que la personne fait et non ce qu’elle dit d’elle-même ou ce qu’elle a l’air d’être et encore moins sur ce que j’aimerais qu’elle soit. Je sais comment je veux être traitée en relation et comment je ne veux plus jamais l’être. Ce que cet homme a fait rentre dans la catégorie : Je ne veux plus jamais être traitée comme ça et je pense qu’absolument personne ne devrait l’être. Je suis plus sensible que d’autres à ce type de situations parce qu’elles me rappellent comment j’ai été traitée durant mon enfance, puis mes viols, puis plusieurs de mes relations. Je sais trop bien que ce sont des comportements inacceptables et que même si vous n’avez pas vécu les mêmes choses que moi, il n’est jamais vraiment bon pour un être humain d’être traité comme moins qu’humain, et ce, même si la personne qui les traite mal essaiera inévitablement de les convaincre que son comportement est normal. Ce n’est pas le cas. 

J’ai parlé de cette histoire de personne morte à mon psy hier. (Je précise qu’il s’agit toujours ici d’une mort symbolique au sens de désinvestir la personne en pensée, de ne plus lui accorder de pouvoir sur notre vie ni de présence dans notre vie et non d’une menace quelconque envers cet homme de ma part. Je précise parce que parfois les gens comprennent des choses qui me semblent délirantes de ce que je dis et que je ne veux pas me faire dire que je suis une terrible personne parce que je souhaite sa mort ou blablabla. Ce n’est pas le cas. Ce que je souhaite sincèrement à cet homme c’est qu’il règle ses problèmes et ne traite plus jamais une femme comme il m’a traitée. Qu’il retourne avec son ex et nous crisse la paix ou qu’il fasse son deuil et passe respectueusement à autre chose.) Le psy a dit que c’était effectivement ça, que cette personne était morte en quelque sorte, et qu’il fallait que je fasse le deuil de la personne que je pensais rencontrer et que ça m’aidera à ne plus trop souffrir puisqu’il semble s’entêter à occuper l’espace près de chez moi malgré ce qu’il s’est passé. Je ne dis pas qu’il devrait disparaître du quartier, mais simplement, que puisque je fais l’effort de ne pas approcher trop près de chez lui ni de passer devant inutilement puisque je sais que mon comportement à la suite de l’événement a pu le blesser aussi, j’aurais aimé le même respect… mais on a déjà établi qu’il n’a pas tellement de respect pour moi apparemment. S’il en a secrètement, il le cache bien dans ses comportements en tout cas.  

Je continue plus tard. Je dois travailler un peu…

Bon début de journée!