Je me demande souvent d’où elle vient, cette impulsion que beaucoup de personnes ont de me dire quoi faire ou de me contredire sur mon état de santé. Il y a beaucoup de réponses qui viennent, mais aucune n’est satisfaisante. La raison la plus fréquente pour laquelle les gens ont ce réflexe, c’est pour se sentir à l’abri eux-mêmes. Ce sont surtout les femmes qui font ça (mais ça arrive avec des hommes aussi… en général ceux-ci ont plus souvent l’attitude de faire comme si je n’avais rien dit ou que ça n’avait pas d’importance, ce qui n’est pas vraiment moins nocif ni plus intelligent…). Les femmes qui ont tendance à me dénigrer et à mettre, consciemment ou non, les choses que j’ai vécues sur mon dos, par exemple parce que je serais supposément trop faible ou encore parce que je n’ai pas su poser mes limites ou que je n’ai pas dû dire non assez fort (malgré l’illogisme total qu’il y a à imaginer qu’une personne inconsciente puisse dire non, et encore plus absurdement dire non fermement…).
Ce sont des personnes qui veulent se faire croire à elles-mêmes qu’elles sont trop fortes pour que cela leur arrive, qu’elles sont en sécurité. Le fait de penser que c’est ma faute leur permet de continuer leur vie tranquillement en n’ayant pas trop à y penser, ce qui les fragilise en fait à leur insu, puisque les choses qui me sont arrivées peuvent arriver à tout le monde, absolument tout le monde, et qu’elles seront davantage dépourvues si cela leur arrive que si elles étaient plus lucides au sujet de la violence. Ça leur appartient. Ce qui me blesse souvent, c’est que ces personnes n’ont aucun souci de ce que leurs commentaires faux et déplacés peuvent me faire. Ce qu’elles veulent réellement, c’est se rassurer elles-mêmes… Pas prendre soin de moi.
La vérité c’est que si une personne est vraiment déterminée, vous entendre dire non, aussi fermement que ce soit, peut en fait la pousser à essayer encore plus fort de vous faire du mal… Parce qu’une personne qui agresse, par définition, ce n’est pas une personne qui accepte que l’autre ait des limites, ni même une intériorité. Ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien de dire non. Simplement que ce n’est pas une garantie que l’autre arrêtera. Cela arrêtera les moins déterminés seulement… Il n’y a absolument personne qui est complètement à l’abri de toute forme de violence. C’est ça, la vérité. Il ne faut pas pour autant devenir paranoïaque et penser que tout le monde nous veut du mal. La plupart des violences sont commises inconsciemment et elles n’ont pas toutes le même impact, bien entendu. Leur impact dépend souvent de notre état et de notre vécu auparavant. Pas de notre force comme personne. Dans la réalité, pour être capable de mener la vie que je mène et de continuer à donner des chances aux humains, il faut que je sois extrêmement forte et courageuse comme personne. La plupart des gens le voient. Il reste cependant des énervants qui préfèrent croire que je suis faible.
Je ne suis pas faible. Je suis fragilisée sur le plan relationnel par les expériences négatives que j’ai vécues. Je souffre de stress post-traumatique complexe chronique. Ça rend ma vie plus complexe que celle d’autres personnes, mais ça ne me rend pas délirante et ça ne m’empêche pas de vivre quand on me traite bien, avec respect. Quand on prend mes limites et mes sentiments en considération. Oui, je serais en mesure d’avoir une relation avec un homme honnête qui ne se défoule pas sur moi de ce qu’il a vécu avant et qui ne me fait pas ce qu’on pourrait nommer des « coups de cochon » comme j’en ai tant vécu… mais régler ses problèmes n’a pas l’air si à la mode chez la gent masculine malheureusement. Ce qui fait que je me retrouve à vivre des expériences négatives à répétition. Et non, je ne suis pas la cause de ces expériences négatives. La dernière histoire en est une preuve flagrante. Il n’y a absolument rien que j’aurais pu faire pour être responsable du comportement de cet homme et de la situation dans laquelle il m’a placée. Ça lui appartient totalement.
Parfois je rencontre des hommes qui craignent que je les accuse de m’avoir agressée parce que j’ai été agressée. C’est complètement absurde. Sur le nombre d’hommes que j’ai eu dans ma vie, la proportion des hommes m’ayant agressée sexuellement est de moins de 2%. Je suis tout à fait capable de faire la différence entre une relation qui tourne mal et une agression sexuelle. Le reste des violences vécues sont pour la majorité, à quelques exceptions près, ce que l’on appelle des « violences ordinaires ». Mais les violences ordinaires, les dénigrements, les insultes, la condescendance et… ça tue aussi. Juste plus lentement, mais tout à fait sûrement. Violence ordinaire ne veut pas dire violence pas grave, mais plutôt, violence tolérée socialement et qui ne sera pas nécessairement punie (les violences plus graves ne sont pas tellement souvent punies non plus d’ailleurs), bien qu’elle soit complètement nocive pour la personne qui la subit au quotidien. Ce pourquoi j’insiste souvent sur le fait de prendre conscience de ce que l’on fait et d’essayer d’être honnête avec soi-même. Si vous avez ce type de comportements avec les autres, vous êtes TOUJOURS le problème. Pas la personne sur qui vous vous défoulez et que vous avez besoin de rabaisser afin de vous sentir bien. Elle peut se défendre, oui, mais pourquoi lui demandez-vous de s’épuiser ainsi pour vous satisfaire? C’est tout simplement insensé… et dégueulasse. Sincèrement dégueulasse et mesquin.
Je suis capable, oui, de me ficher de ce que les gens pensent. Je fais souvent des choses qui me mettent à risque de subir des moqueries et… Je les fais quand même. J’ai le courage de faire ma vie. Ce qui m’embête le plus, c’est quand des personnes qui prétendent m’aimer de différentes façons me font des choses épouvantables en se racontant que c’est normal et qu’elles entretiennent des pensées dénigrantes, dégoûtantes et profondément fausses à mon sujet tout en se racontant également que c’est normal, alors que ça ne l’est pas du tout. Et je trouve ridicule qu’elles aient en plus le culot de se fâcher si je réagis, si je leur remets leur comportement en face, si je leur dis qu’elles m’ont blessée. Les personnes blessées ne sont pas blessées « contre vous ». Elles sont blessées parce que vous leur avez fait quelque chose n’étant pas idéal… voire éventuellement complètement malsain. Il y a des degrés. Ce serait plus sain et plus simple pour les relations d’essayer de comprendre ce qu’il s’est passé, de vous excuser réellement et de travailler à ne plus le faire que de tout nier en bloc et de violenter l’autre encore plus.
Ce que j’aimerais vraiment, c’est que quand je dis que je souffre de stress post-traumatique complexe chronique, la réaction de l’autre soit dans la volonté de comprendre et de ne pas nuire plutôt que dans une remise en question de ma crédibilité et de ma connaissance de mon état de santé. Ça ne m’est jamais arrivé, absolument jamais, qu’une personne me demande comment elle peut ne pas me nuire, comment elle peut m’aider dans ce que je vis. C’est quand même fou! On ne m’a pratiquement jamais demandé (2 fois dont je me souvienne) ce que ça peut vouloir dire au quotidien de souffrir de cela. La réponse est « pas grand-chose quand on me traite bien, si ce n’est plus de stress, de fatigue et d’anxiété que la majorité des gens ». Ça se complexifie seulement quand on me fait quelque chose de très blessant et irrespectueux. Ce seraient de bonnes questions à poser, quand quelqu’un vous fait le cadeau d’avoir assez de confiance en vous pour vous parler de quelque chose qui la rend vulnérable… Parce que c’est ce qu’on fait quand on vous parle de ce qu’on vit : on essaie de vous donner la chance d’être là pour nous et d’agir comme personne qui contribue à nous réparer plutôt qu’à nous détruire encore plus. Vous échouez souvent malheureusement… et ça nous fragilise encore plus. Il serait plus utile de choisir l’écoute réelle et la bienveillance.
Je vais de mieux en mieux.
Bonne journée (encore ensoleillée, je crois…)!
