Les apprentissages difficiles (8)

            Il y a beaucoup de personnes qui ont une forme de fragilité identitaire et/ou un orgueil mal placé et qui se racontent à elles-mêmes que c’est impossible qu’elles puissent blesser les autres de quelque façon que ce soit. Mon point de vue c’est plutôt qu’absolument tous les êtres humains peuvent blesser les autres de temps à autre, qu’ils le veuillent ou non. Personne n’est parfait et nous avons différentes phases dans nos vies où nous ne sommes très certainement pas toujours des personnes idéales. Je sais par exemple que je n’ai pas toujours été une bonne amie durant ma vingtaine. J’en connais les causes. J’admets que j’ai blessé des gens. Je rencontre cependant rarement des personnes qui ont l’intégrité et l’humilité nécessaires afin de reconnaître des parties moins reluisantes de leur personne. Je sais que j’étais comme ça parce que je souffrais trop et que j’avais une très mauvaise estime de moi. Je sais aussi qu’on m’a parfois attribué à tort des intentions que je n’avais pas. J’étais plus aveugle que volontairement méchante ou égoïste. J’étais dépassée par ma souffrance en un sens. Ça m’a pris beaucoup de temps pour me pardonner. Une des clés de la possibilité de ce pardon a été le travail que j’ai fait sur moi pour ne plus être dans cet état et pouvoir davantage me tourner vers l’autre. Je sais que certaines personnes ont conservé cette image de moi. Ça leur appartient, mais cette jeune femme, cet aspect de moi, n’existe plus vraiment. 

            Je suis surprise souvent de constater à quel point peu de personnes ont une image réaliste et/ou contemporaine de la thérapie. J’entends encore souvent le cliché de la personne couchée sur un sofa avec un monsieur derrière qui l’écoute parler et ne dit rien, émettant parfois seulement certains sons, des grognements, des signes qu’il est encore éveillé. C’est peut-être encore comme ça avec certains psychanalystes. Je ne sais pas. Ce n’est pas du tout comme ça dans ma thérapie. Mon psy parle énormément. Nous nous chicanons même parfois. C’est un thérapeute humaniste. Dans cette thérapie, il y a beaucoup d’importance qui est mise sur le lien, ce qui est important pour moi parce que j’ai grandi dans un milieu où si je n’étais pas parfaite et effacée en même temps, on me rejetait. Je ne sais plus combien de fois mes parents m’ont dit, avec une voix d’enfant fâché, que je n’étais plus leur fille. C’est quand même assez terrorisant pour une enfant qui est encore incapable de subvenir à tous ses besoins. C’est une très bonne technique de manipulation en tout cas. Bonne au sens d’incroyablement efficace pour faire obéir. Elle n’est clairement pas bonne pour la santé mentale de l’enfant, donc de moi dans ce cas. Je suis toujours restée avec l’impression que si je disais quoi que ce soit à quelqu’un au sujet de mes besoins et si j’osais émettre le moindre doute face à la façon de l’autre de me traiter, on me retirerait immédiatement « l’amour » qu’on m’avait jusqu’alors donné. C’est difficile d’avoir des relations saines et épanouissantes avec un état d’esprit comme celui-là et dans des circonstances comme celles-ci.

            Dans ma thérapie, le psy montre qu’il reste là et est capable de comprendre mon point de vue même quand je suis imparfaite. Il agit aussi en quelque sorte, à partir de ses connaissances et compétences, comme une caisse de résonnance afin de m’aider à réfléchir et à voir les choses différemment, que ce soit au sujet de ce que je vis ou de ce que les autres me font. Récemment, par exemple, je lui ai parlé du fait que le dernier homme qui m’a blessée continue à passer souvent devant chez moi ou à être dans le parc à côté et que ça me fait quelque chose. Je n’assume pas qu’il ait de mauvaises intentions, mais c’est difficile à comprendre pour moi parce que ça ne correspond pas du tout au comportement que j’adopte si je blesse quelqu’un et que je n’ai pas l’intention d’entretenir un lien avec cette personne. Quand ça m’est arrivé j’ai plutôt eu tendance à essayer de m’effacer le plus possible afin de laisser l’autre guérir en paix, afin de prendre soin de l’autre finalement. Parce que mon cerveau n’en est pas un qui est satisfait de juste « essayer de s’en ficher », nous avons dressé une liste des possibles motivations de ce comportement. Cette liste va de « Il se fiche royalement de ce que ça me fait. » à « Il le fait par arrogance pour me mettre mal à l’aise. » en passant par « Il a honte et voudrait dire quelque chose, mais n’y arrive pas. », ainsi que « Il a honte, mais veut juste superficiellement sauver la face. » et… C’est impossible de savoir quelle est la bonne réponse puisque je ne connais pas assez cet homme. Mais une fois cette liste faite, ça m’aide à lâcher prise et à me dire que ça lui appartient à lui et que je saurai peut-être un jour quelles sont ses motivations et peut-être pas non plus. J’arrive mieux à continuer ma vie après. Avant, j’aurais essayé de savoir à tout prix, mais maintenant j’essaie de prendre plus soin de moi. Elle m’a vraiment beaucoup blessée cette histoire, pour différentes raisons déjà expliquées. La simple idée de devoir encore passer du temps à l’écouter parler de son amour pour son ex et le voir rêver de retourner avec suffit à me décourager de faire plus d’efforts. Ça m’affecte encore, ce qu’il s’est passé. J’ai déjà fait beaucoup d’efforts pour cet homme. Plus qu’il en a fait pour moi. S’il veut dire quelque chose, c’est à lui de le faire. Je laisse aller de mon côté et j’imagine qu’un jour ça ne me fera plus rien de le voir. 

            Souvent, les gens agissent par orgueil plus que par souci de l’autre. Cette femme dont je parlais dans les derniers billets par exemple. Elle disait toujours qu’elle voulait le savoir si elle me blessait. Je n’avais pas l’impression que c’était vrai. Je ne pensais pas qu’elle était assez solide pour le supporter. La façon dont elle a réagi à ce que je lui ai dit m’a montré que j’avais raison. En se braquant dans son orgueil, en m’insultant de façon passive-agressive sur Facebook, en essayant de me faire croire qu’il est faux qu’elle m’a blessée, tout ce qu’elle a fait, c’est de détruire la possibilité qu’il y ait une résolution du conflit et à me blesser encore plus. Il n’y a rien à faire dans un cas comme celui-là. La possibilité de régler la situation est détruite. Il faudrait, pour la satisfaire, que j’accepte de ne pas prendre soin de moi et que je fasse comme si rien n’était arrivé et que je lui confirme ce qu’elle veut penser, soit qu’elle est la plus forte et que c’est correct qu’elle me dise n’importe quoi. C’est faux et ce serait me manquer de respect à moi-même. Il y a aussi le fait que si elle agit encore comme ça à son âge, il y a peu de chances qu’elle fasse réellement l’effort de changer. Et comme je sais que son comportement est nocif pour moi, c’est mieux pour moi de m’éloigner. Je n’entretiendrai pas de haine de cette personne. Ce serait perdre de l’énergie et je lui en ai assez consacré. 

            Une chose que je dois vraiment apprendre, comme une personne parmi vous me l’avait fait remarquer, c’est à ne pas tout faire pour l’autre. À laisser les gens prendre leur part de responsabilité dans les situations et à fournir des efforts pour moi si leur lien avec moi est vraiment important pour eux. Mon énergie et mon temps sont précieux. J’ai besoin de les utiliser pour construire ma vie et pour les personnes qui fournissent aussi des efforts pour moi. Je ne peux pas le perdre à l’infini. Je ne peux pas juste toujours être la personne qui donne. 

            La première fois que j’ai parlé de mon blogue à cette femme, elle m’a répondu que la plupart des gens penseraient que c’est juste du chialage. J’avais trouvé ça quand même superficiel et mesquin de poser un jugement aussi sauvage sur un travail dont elle n’avait lu aucune ligne. Elle a tendance à dire des choses négatives comme ça et c’est vraiment dur à vivre. Si vraiment vous pensez que je fais juste chialer sur ce blogue, vous n’avez vraiment rien compris à mon travail. Je vous suggère de retourner au début et de tout relire en ayant l’esprit plus ouvert et en étant plus attentifs dans votre lecture. 

            Je vais chercher la petite ce matin. Ce sera une belle journée pleine d’amour! 

            À plus! 

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