Je remarque, au travers de mes conflits, quelles sont mes erreurs et mes patterns relationnels. Même si je ne me place plus autant en position d’infériorité par rapport aux autres qu’avant, j’ai encore tendance à leur donner, dans mon esprit, plus de qualités qu’ils en ont réellement avant de bien les connaître. Je pense que ça contribue souvent à la création de ces situations où je me retrouve blessée par une personne dont j’ai un peu trop effacé, ignoré ou excusé les comportements nocifs pour moi. Je m’explique.
La dernière personne avec qui j’ai eu un accrochage est une personne, une femme, qui m’a vraiment souvent fait mal. La personne prétend qu’elle ne veut pas mal faire. Le problème avec ça, on l’a déjà vu, est que le fait de ne pas vouloir mal faire ne veut jamais dire qu’on ne fait pas mal. Cela ne nous enlève pas non plus notre part de responsabilité dans ce qu’on a fait à l’autre.
Plusieurs de mes conflits surviennent quand je finis par réellement voir ce que l’autre pense de moi au travers de ses remarques dénigrantes. C’est toujours extrêmement blessant pour moi de constater qu’alors que je pensais être face à une personne qui me voulait du bien, je suis en fait en face d’une personne qui s’imagine plus intelligente, plus forte et supérieure à moi, qu’elle en soit consciente ou pas. C’est le cas par exemple des personnes qui pensent savoir mieux que moi comment gérer ma vie et les traumatismes que j’ai vécus. C’est le cas des personnes qui s’imaginent, malgré mes explications qui s’appuient sur la recherche en psychologie et ce que l’on sait des traumatismes et du fonctionnement du cerveau à ce jour, que j’exagère et qu’au fond il suffirait de volonté de ma part afin de ne plus subir les effets provenant de ce que j’ai vécu, alors que c’est entièrement faux et que les conseils que ces personnes me donnent sont en fait les pires choses à faire pour prendre soin de sa santé mentale considérant mon vécu. Le fait qu’elles insistent pour que je les écoute et pour croire en ces conneries plutôt que d’accorder du crédit à mon intelligence, à mes connaissances et à celles de mon thérapeute est une violence, qu’elles soient conscientes de la perpétrer ou pas.
Les personnes qui font ça, sont généralement des personnes qui s’accrochent à des idées démontrées néfastes depuis longtemps, mais qui leur permettent à elles de fonctionner dans le cadre de leur vie, même si le comportement qui en résulte est négatif et nocif pour les autres. Je pense par exemple ici aux personnes qui essaient de me faire croire qu’il est possible de laisser le passé dans le passé et d’effacer en quelque sorte ce qui nous a blessé et les effets des traumatismes vécus. C’est une idée entièrement fausse. En fait, les personnes qui ont tendance à refouler leur passé et à se raconter qu’il ne les affecte pas, sont souvent des personnes qui vont par le fait même ne pas être conscientes d’avoir des comportements agressifs et dénigrants envers les autres. Elles se racontent à elles-mêmes que puisqu’elles sont de bonnes personnes, elles ne peuvent pas faire de mal et il ne peut pas y avoir rien de mauvais dans leur façon de penser. C’est encore une fois faux.
Être conscient de son passé et de comment il affecte notre façon de penser, nos comportements, ainsi que notre rapport à l’autre est fondamental. Cela ne signifie absolument pas que nous vivons dans le passé si nous nous intéressons à ce qui nous est arrivé. Cela signifie au contraire que nous vivons dans le présent en tenant compte de ce qui nous a formés et de comment cela peut affecter les autres. Quand j’étais enfant, j’ai très vite remarqué le fait que mon père se mentait à lui-même pour éloigner de sa conscience le mal qu’il nous faisait. Ces mensonges qu’il se racontait à lui-même ne changeaient rien aux effets que ses comportements avaient sur nous. Tout ce que cela faisait, c’était de l’empêcher de se remettre en question et de comprendre, justement, pourquoi il agissait ainsi et comment le changer. C’est quelque chose que j’ai vu faire par énormément de personnes dans ma vie et cela a eu des conséquences très pénibles sur moi et ces conséquences sont une des raisons de pourquoi je suis en thérapie depuis si longtemps. Et non, me raconter que l’autre ne veut pas mal faire ne suffit pas à tout régler.
Souvent, les personnes à qui je dis qu’elles m’ont blessée vont prétendre que c’était une blague, comme si les blagues ne pouvaient pas blesser lorsqu’elles portent atteinte à notre intégrité. C’est de plus une technique de manipulation très connue dont je ne suis absolument jamais dupe. Les personnes peuvent ne pas être conscientes qu’elles manipulent puisqu’elles peuvent se manipuler elles-mêmes aussi afin justement de ne pas avoir à se remettre en question… On me dit parfois aussi que je veux les empêcher de dire ce qu’elles pensent. Ce n’est pas ce que je veux faire. Ce que je voudrais, c’est qu’elles se questionnent sur pourquoi elles pensent des choses mesquines, des choses qui rabaissent les autres. Par exemple, cette même personne m’a dit, quelques minutes avant que je commence mon dernier tatouage, que le dessin était laid en criss alors que je venais de lui dire que j’étais contente de ce que la tatoueuse avait fait. Ce n’est pas vraiment une bonne idée d’implanter le doute dans l’esprit d’une personne juste avant qu’elle se fasse encrer quelque chose de façon permanente sur le corps. Surtout si elle vient de nous dire qu’elle est heureuse du design. Aussi, nos goûts personnels ne sont pas la loi ni une vérité absolue. Parfois, nos goûts personnels peuvent passer après le bien-être de l’autre et la bienveillance envers l’autre. Je lui ai expliqué que ça m’avait blessée et que c’était juste un patron pour placer la forme et non le dessin final. Elle a quand même ressenti le besoin de me dire à nouveau, quelques jours plus tard, que c’était vraiment laid. Donc il y a, dans la tête de cette personne, l’idée que parce qu’elle a une opinion, celle-ci est vraie et elle doit la dire et la redire peu importe si on lui a souligné que c’est blessant. La vraie question pour moi c’est : Il vient d’où ton besoin de rabaisser ce que j’aime et ce qui me fait plaisir? Parce qu’il est là le problème réel, dans ce choix de blesser, et non pas dans le fait que je dise qu’un comportement objectivement blessant m’a blessée.
Je dois être plus attentive à ça. Pour moi, ce qui importe, dans toutes mes relations, c’est la bienveillance et le lien à l’autre. Il n’est pas possible pour moi de penser qu’une personne qui choisit d’adopter des comportements blessants et de dire et répéter des choses blessantes est une personne qui m’aime et qui veut mon bien. Une personne qui fait ça n’est pas bienveillante et n’est pas mon amie. C’est une personne qui a des choses à régler en se questionnant sur pourquoi elle fait ça. Quelle est la vraie source de l’agressivité qui la fait agir comme cela avec moi?
Je continue bientôt.
Mon test de Covid est négatif ce matin. J’ai survécu!
