Les deuils et la confiance en soi (Partie 6)

            Parmi les premières choses qu’il y a à faire dans cette nouvelle orientation de ma vie, il y a le fait de retrouver ma santé, à la fois physique et mentale parce que ce n’est pas une très bonne période. Je suis encore blessée au pied. Ça s’améliore, mais ce n’est pas encore la joie, puis il y a la Covid, qui finira par partir avec un peu de patience et de soins. Il reste que j’ai vraiment hâte de bouger plus. J’ai hâte de dormir plus aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais quand vient l’heure de me coucher, le sommeil ne vient plus alors que j’ai été fatiguée toute la journée avant… c’est probablement parce que je ne bouge pas assez, à cause de la Covid et de mon pied, justement… et tout ça fait une sorte de cercle vicieux dont j’ai hâte de sortir. Ça viendra. Je dois prendre les choses un jour à la fois et me ménager même si je déteste être ainsi immobilisée et limitée. 

            Sur le plan mental, les symptômes de stress post-traumatiques ont presque disparu dans les dernières semaines, mais il en reste quelques traces, surtout sur le plan de l’anxiété. Je pense qu’il serait bien que je retourne à des activités que je faisais avant et qui m’aidaient, comme de longues marches, le yoga, la nage et, éventuellement, la méditation si j’en suis capable… puisque j’avoue que je ne suis pas très bonne pour méditer… Beaucoup de travail à faire sur ce plan-là. Ce pourquoi il vaudrait probablement la peine de le faire… Je dois reprendre et continuer le mode de vie que j’avais avant et qui a cessé quand je me suis blessée au pied. C’est celui-là qui fonctionne le mieux pour moi. Je suis une personne qui a besoin d’une hygiène de vie précise que je connais et que je ne respecte malheureusement pas toujours. Elle implique une certaine routine et des règles que je dois respecter pour me sentir bien et être en santé, peu importe ce que les autres peuvent penser de ces règles.

            Sur le plan de la santé mentale et du niveau d’énergie psychique, je pense que c’est vraiment important, pour un temps en tout cas, que je ne parle plus de cette décision à n’importe qui. Les gens ont des idées précises sur les façons dont il est possible de vivre et il y a socialement l’idée que ce n’est jamais sérieux quand une personne dit qu’elle veut rester célibataire. Je me retrouve confrontée à des commentaires qui sont épuisants et contre lesquels je me bats inutilement. Ma décision est sérieuse et personnelle et je n’ai pas à la justifier à qui que ce soit ni à subir sans arrêt des commentaires impliquant que c’est juste temporaire et que ce n’est pas vrai que c’est ce que je veux. C’est vrai et c’est sérieux et je ne veux plus perdre mon temps à me répéter ni à m’expliquer sans arrêt. Il y a juste moi qui connaît ce dont j’ai besoin, ce que je pense, pourquoi je le pense et qu’elles sont mes limites. Et là, ce n’est pas juste un petit écœurement. C’est une limite stricte. Je l’ai atteinte et je sais ce dont je suis capable. Je ne suis plus capable d’en prendre. Si un jour ça change, ça changera. Ce sera parce que les conditions nécessaires seront réunies alors, mais ça ne change rien au fait que ma décision est sérieuse et qu’il m’en faudra beaucoup pour changer d’idée. Je ne vais pas pour autant vivre en « attendant que ça change ». Donc arrêtez de penser que vous connaissez mieux tout que moi. C’est faux et vraiment pénible à endurer. C’est violent et condescendant aussi. Quand il est question de ma vie et de ce que je vis, vous ne savez absolument pas de quoi vous parlez. Je n’ai absolument pas besoin de subir ça en plus de tout ce que je vis déjà.

            Par exemple ce matin on m’a dit que les autres aussi ont un passé et ont vécu des choses difficiles… Comme si je ne le savais pas. Comme si j’avais déjà prétendu que je suis la seule à avoir une vie difficile. Je n’ai absolument jamais dit ça. On se demande après pourquoi je me fâche. Peut-être que l’idée, pour qu’une conversation fonctionne, serait de ne pas me prendre pour une conne en me disant des évidences que tout le monde sait. Je suis au courant que tout le monde a un passé, donc. Le fait que tout le monde a un passé ne change rien à ce que j’ai vécu ni à comment je le vis. C’est une phrase complètement inutile qui ne m’avance à rien et ne me sert aucunement. De plus, même si une personne avait vécu exactement les mêmes choses que moi, je n’aurais absolument aucune obligation de réagir comme elle à ce que nous avons toutes les deux vécu. Chaque personne vit les choses comme elle les vit. Il y a de nombreuses raisons qui affectent comment nous vivons les choses. Le fait que je sois neuro-atypique et que je souffre de stress post-traumatique complexe chronique a nécessairement pour conséquence que je vive les choses différemment d’une personne n’ayant pas ces deux conditions. Et si vous ne connaissez rien à ces deux conditions, c’est encore une meilleure idée de ne pas vous mêler de me dire ce que je devrais faire ni comment je devrais me sentir.

            Donc je pense qu’il faut que j’arrête d’en parler publiquement, et ce, surtout aux personnes qui prétendent que mon passé ne devrait pas m’affecter comme il le fait, puisqu’elles le savent mieux que moi et que mon thérapeute, c’est sûr… ni aux personnes qui vont, en général, tenter de me forcer à adopter leur vision des choses. Ça ne m’intéresse pas. Je suis en train de réfléchir à ce que je veux pour moi, à comment je veux vivre ma vie, moi. Et je ne veux surtout plus être affectée par la maudite idée qui semble avoir lobotomisé tant de personnes qu’on doit absolument être deux pour être heureux ou encore que « la » bonne personne existe et viendra nécessairement. Ce sont des discours construits. Pas des réalités. Je veux vivre ma vie. Il n’est absolument pas nécessaire d’être en couple pour vivre celle-ci. 

            Le fait est que j’ai confiance que je peux me donner une belle vie seule et que pour moi, il n’y a rien à regretter des relations parce qu’elles ne sont et n’ont pratiquement jamais été belles. Du début à la fin. Ce n’est pas qu’elles se sont mal terminées. Elles ont juste pratiquement toujours été horribles à part les deux que j’ai brièvement mentionnées dans le passé, mais ça fait plus qu’une décennie… alors il n’y a rien de tentant pour moi là-dedans. La plupart du temps l’autre me fait quelque chose de dégueulasse avant même que la relation ait vraiment commencé. À un moment donné, c’est assez. Ce n’est pas aux autres de décider ce qui est bon pour moi et pour ma vie. Ce n’est pas aux autres de décider où sont mes limites. Ce n’est pas aux autres de décider ce qui me blesse ni pourquoi. C’est vraiment pénible à la fin que les gens s’imaginent qu’ils ont le droit et l’autorité de faire ça. C’est complètement faux et infiniment pénible. Mieux vaut donc garder ma réflexion pour ici et pour moi le reste du temps. 

            Je voudrais finir aussi en précisant que ma décision ne repose pas que sur la dernière histoire. C’est sûr que c’est plate parce que ça a semblé quelqu’un avec qui j’aurais pu m’entendre, mais il a choisi d’agir comme il a choisi d’agir. Ça lui appartient. Il reste que je ne le connais pas et qu’il n’a pas à porter le poids de ma décision. Il n’a pas le pouvoir de m’affecter à ce point-là non plus. Il est seulement responsable de ce que lui m’a fait de blessant. Mais ce qui m’anime en ce moment dépasse complètement et de loin cette situation en particulier. 

            Je retourne encore soigner ma Covid… et travailler de la maison lentement, mais sûrement. C’est pénible. Vivement que ce soit terminé!

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s