
Il y a toujours une différence énorme entre comment la majorité des gens me perçoivent et comment je suis traitée dans les relations. Je reçois sans arrêt des commentaires positifs au sujet de ce que je fais et de ma personne en général. Il reste que, dans les relations amoureuses, je me retrouve toujours à être traitée comme une moins que rien. Je n’ai pas d’explication rationnelle à cela autres que celles déjà mentionnées et croyez-moi, je les ai cherchées. Nous les avons cherchées sans relâche durant les 16 dernières années en thérapie. Nous ne trouvons pas. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’à un moment donné, c’est assez.
Je l’ai déjà dit ici, mais je pense que ça vaut la peine de le répéter encore une fois. J’ai pensé que c’était moi le problème pendant 37 ans. 37 ans à me rabaisser, à m’améliorer, à me corriger, à être dure avec moi, à toujours travailler sur moi… pour finalement toujours me retrouvée maltraitée en relation… jusqu’au jour où j’ai fini par accepter, non sans difficulté, que peut-être ce n’était pas moi le problème, justement. Il y a une part du problème qui provient de comment les hommes sont élevés et des représentations qui leurs sont offertes et auxquelles ils adhèrent plus ou moins consciemment. Il y a un manque d’effort, de réflexion et de travail sur soi. De remise en question aussi. Il y a une impression que tout leur est dû, même sans effort de leur part. Il y a leur foutue tendance à rester dans l’ego et à empirer les choses plutôt que de chercher à les réparer en faisant preuve d’humilité. Il y a un problème aussi dans la façon dont on élève les femmes et dans les représentations qui leurs sont offertes et… toutes des choses que je ne pourrai jamais régler seule et qui ne seront probablement pas réglées d’ici ma mort de toute façon… mais j’y travaille quand même assidûment comment je le peux dans différentes sphères de ma vie.
Parfois, quand je parle de mes difficultés relationnelles, les gens assument que je pense que je ne peux pas attirer un homme, que le problème est physique. J’ai déjà réglé cette question. Je n’ai jamais eu de problème à trouver un homme voulant avoir une relation sexuelle avec moi. Le problème n’est pas là. Même que, à 41 ans, je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau même si je veux perdre le poids que j’ai pris quand j’étais blessée et qui a commencé à partir de toute façon. Depuis mes tatouages, j’ai constamment envie de courir partout en bobettes. Je me retiens, bien sûr, mais quand même… Je me sens belle. J’aurai aussi un autre tatouage d’ici la fin de l’année. Un immense qu’il semble que pas grand monde verra, mais qui contribuera à ce sentiment de beauté qui ne me quitte plus étrangement, malgré les difficultés que j’ai eues. Le problème n’est pas physique, donc. Le problème est plutôt que je n’arrive pas à trouver un homme par qui je me sente respectée avec qui avoir une relation saine. J’imagine qu’ils existent. Je ne sais pas où ils sont. Je suis tannée de les chercher. Je n’ai jamais vraiment attendu d’être en couple pour réaliser ce que je voulais faire, mais, comme mentionné dans le dernier billet, j’ai perdu beaucoup de temps à me remettre des conneries et des violences qu’on m’a faites. Ça valait la peine de prendre ce temps pour moi. Ces hommes ne se sont pas montrés dignes des efforts que j’ai faits pour eux de toujours travailler sur moi et de m’arranger pour que les choses que j’ai vécues les affectent le moins possible. Ces efforts-là n’ont jamais été réciproques. C’est injuste et pénible.
Mon ex avait raison : je suis pleine d’amour. Mon ami avait aussi raison l’autre jour quand il m’écrivait que j’avais tellement à donner et que c’était une absurdité totale que ces hommes me traitent comme de la merde. Ils ont raison, oui, mais je ne peux pas faire réfléchir les autres ni les guérir. Je ne peux pas les forcer à prendre soin de moi. Je peux juste m’enlever de là s’ils ne le font pas, avec plus ou moins de bruit. Comme dans tout deuil, la tristesse que je vis ces jours-ci est normale. Je ne veux plus être triste comme je l’ai été toute ma jeunesse à cause d’hommes qui me faisaient du mal. J’ai déjà assez souffert. Il faut mettre une limite à un moment donné et c’est là que j’en suis rendue, parce que je me sens tellement massacrée sur le plan affectif que je ne suis pas certaine que je supporterais un autre coup bas comme le dernier… ni l’avant-dernier… ni les autres avant. Je n’en peux plus de les supporter. Ça ne disparaît pas. Ça s’accumule et les efforts que je dois faire pour redevenir capable d’être disponible sur le plan affectif sont de plus en plus intenses et considérables. Je pense que je ne veux plus prendre mon énergie pour faire ça. J’ai envie de prendre mon énergie pour créer et pour vivre.
Je choisis la vie, oui, même si elle doit être seule. Il y a une promesse d’amour intense dans cette nouvelle petite vie qui arrivera bientôt. Socialement, parfois, on trouve pathétiques les femmes qui choisissent d’avoir des animaux au lieu de chercher à être en couple. Il me semble qu’on devrait renverser la question et voir plutôt à quel point les personnes qui font ce choix ont été blessées avant et se remettre en question en tant que société. Je vaux crissement mieux que comment j’ai été traitée dans mes relations et même mes avortements de relations comme la dernière fois. La chose positive, avec les chiens, c’est qu’ils sont honnêtes et sincères. Ils ne sont jamais inutilement blessants non plus. Donc je choisis la vie et l’amour. Un amour sain où il n’y aura aucun dénigrement de ma personne. Je pense que c’est pour le mieux. Si un jour quelqu’un se montre intéressé et respectueux, je reviendrai peut-être sur ma décision, mais c’est clair que moi, j’ai assez fait d’efforts toute ma vie.
À plus!
(La photo de la belle petite Hannah a été faite par Le Terrier du Boston.)

