Les deuils et la confiance en soi (Partie 2)

            Quand je pense à ce que les hommes m’ont fait dans ma vie, je me sens envahie d’une tristesse dont je ne sais pas comment représenter l’intensité et la profondeur. Ça va me chercher au plus profond des tripes et ça monte dans ma cage thoracique et j’ai le plexus solaire douloureux. J’ai de la misère à respirer. Ça me donne envie de pleurer et d’hurler en même temps. Ça m’emplit aussi d’une lassitude infinie et d’un très grand épuisement. Ça me fait mourir un peu, finalement. C’est pour ça que je remets en doute mon envie de continuer à avoir une vie affective. C’est aussi parce que j’ai déjà fait tous les efforts que j’avais à faire pour que la situation s’améliore de mon côté, mais que je n’ai aucun pouvoir sur les efforts qu’eux feront et qui se résument le plus souvent à ceci : aucun effort. C’est également parce que je ne peux pas lire dans le cerveau des autres.

            Par exemple dans la dernière situation. J’ai eu seulement accès aux informations que je pouvais constater dans les interactions que nous avions. Ces informations ne me donnaient aucun indice que cette personne allait me placer dans une situation aussi absurde et blessante. Ce n’était pas la première fois qu’une situation comme ça m’arrivait. C’était la deuxième fois en fait, même si j’en ai connu d’autres variations. Il y a quelques années, D m’avait demandé mon courriel quand je travaillais dans un café à temps partiel pour complémenter le peu d’argent que ma bourse de doctorat me donnait pour vivre. Au bout de quelques semaines (trois, je pense), n’ayant pas de nouvelles, je lui ai écrit pour savoir s’il voulait finalement aller prendre un verre comme il avait dit. La soirée a été un désastre et il m’a finalement avoué qu’il était en train de se séparer et a dit que la situation était ma faute parce que j’avais voulu aller vite, alors que lui voulait aller lentement. Je ne sais pas comment le fait de disparaître pendant des semaines sans donner aucun indice à l’autre de ce qu’il se passe peut être perçu comme « aller lentement », ni comment le fait d’attendre trois semaines avant de contacter quelqu’un peut être perçu comme « aller vite », mais bon… Il y a dans cette accusation que c’est ma faute, l’idée que j’aurais dû deviner ce qu’il se passait pour lui et me soumettre à son rythme alors qu’il ne m’avait donné aucune indication, aucune information me permettant de même imaginer qu’il avait un intérêt, mais seulement pour plus tard. La plupart du temps, quand on parle d’aller prendre un verre et qu’on demande une façon de contacter l’autre, ce n’est pas pour dans six mois. C’est aussi une posture qui ne tient absolument aucun compte de quels peuvent être mes besoins. Il pensait seulement aux siens. De la même façon que ça a été le cas dans la dernière histoire. Mes besoins et mes envies, ainsi que la réalité que je peux vivre n’ont aucune importance pour ces personnes. L’histoire était seulement à propos d’eux. 

            C’est aberrant.

            Je ne vois pas d’autre mot pour qualifier ces situations et je n’ai absolument aucune idée de comment elles peuvent sembler normales ou acceptables pour ces personnes. Même si j’essaie de rester polie et de me dire qu’il doit y avoir des choses que je ne comprends pas dans leur raisonnement, la chose que j’ai vraiment envie de demander c’est : Mais comment est-ce possible que ça t’ait semblé intelligent, respectueux et pertinent de me placer dans une telle situation? Mon étonnement et mon sentiment d’absurdité sont si forts que c’est vraiment la question dans laquelle je reste coincée, même si on a vu que j’ai trouvé quelques pistes de réponses. Encore là, il n’y a pas eu d’efforts de leur part pour m’aider à comprendre. Plutôt de l’impatience et de la colère et le fait de se démettre de leurs responsabilités pour me les plaquer dessus et essayer de me faire croire que c’est moi le problème alors que c’est eux qui sont objectivement dans une position fautive. J’ai dû arriver à mes réponses seule. Toujours seule.

            Tout cela est infiniment épuisant.  

            L’attitude qu’ils ont choisi d’avoir fait preuve d’une absence de conscience de l’autre et de souci de son bien-être. Souvent on essaie (eux en tout cas essaient) de me faire croire que ça ne devrait pas m’affecter, alors que c’est impossible que ça ne m’affecte pas puisque c’est directement à moi que c’est fait et que ça a un impact direct sur ma vie. Ils essaient aussi souvent de me faire croire qu’un comportement que je sais malsain est en fait normal… mais désolée les dudes… Je vais toujours choisir de croire les experts en santé mentale plutôt que les mensonges que vous vous raconter aussi probablement à vous-mêmes pour vous déculpabiliser et vous rassurer… Les memes sur le net ne sont clairement pas des preuves scientifiques, mais leur existence m’indique quand même que je ne suis clairement pas la seule à vivre ces choses, contrairement à ce qu’on essaie souvent de me faire croire:

Pour moi, vérifier si on est réellement libre et se soucier de ce qu’on a à offrir, ainsi que de l’impact que la situation et nos comportements peuvent avoir sur l’autre, c’est une exigence minimale chez un être humain. Pas un luxe, ni trop demander. C’est une qualité de base. C’est littéralement ce qui fait de nous des êtres humains capables de vivre ensemble en bonne partie : la conscience et le souci de l’autre. C’est une condition nécessaire. Pas un ornement.  

            Ne pas faire perdre son temps à l’autre serait aussi un souci de base à avoir. Un homme très égocentrique m’a dit un jour que c’était impossible que quelqu’un puisse me faire perdre mon temps et qu’il n’y a que moi qui puisse me faire perdre mon temps. C’est faux. Si une personne cache des choses dans une situation, elle peut très bien nous faire perdre notre temps et ça a été le cas dans les deux situations que je mentionne ici et dans de nombreuses autres que j’ai vécues. Et faire perdre son temps à l’autre, c’est profondément irrespectueux. Et ce n’est pas juste le temps perdu durant la période où j’ai de l’intérêt pour l’autre et ce qui pourrait arriver entre nous (alors qu’ils savent déjà pertinemment que la situation est vouée à l’échec, mais décident volontairement de ne pas m’en informer). C’est aussi le temps perdu après et la souffrance que je dois endurer à subir une crise de stress post-traumatique du au choc lié à l’horreur de découvrir à quel point l’autre me manque de respect en me voyant comme une chose qui devrait s’accommoder de ce qu’il veut sans avoir aucun besoin, et ce, qu’il en ait conscience ou pas. C’est infiniment lourd et difficile à vivre. Assez pour couper l’envie de bien des choses et pour créer une peur atroce des relations « amoureuses »… que je mets entre guillemets, parce que ce n’est clairement aucunement de l’amour ni même de respect de base de leur part.

            Je continue plus tard. 

            Bonne journée! 

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