Hier soir, j’ai fait de l’insomnie. Je ne sais pas pourquoi, mais beaucoup de mauvais souvenirs sont remontés d’un coup. Ça arrive malheureusement. J’ai accepté que c’était comme ça et qu’il y avait encore de la tristesse à vivre en moi. Ça ne sert pas à grand-chose de s’y opposer. Elle ne fera que revenir plus tard. Le chien l’a senti et a fait la petite bouillotte.
Je trouve triste qu’il y ait encore tant de rejet et de naïveté face à la tristesse, deux attitudes contreproductives qui nous nuisent plus qu’elles n’aident. La tristesse est une émotion qui peut être peu agréable. Elle est néanmoins utile parce qu’elle contient des informations. Des informations qu’il faut entendre et comprendre afin de pouvoir faire les changements nécessaires dans nos vies au lieu de s’obstiner à vouloir être constamment heureux 24h sur 24. Quand on veut être constamment heureux, on refoule. Et quand on refoule ça crée un stress en nous, en plus des effets nocifs des substances qu’on prend pour refouler ou des activités qu’on fait excessivement pour ne pas penser à ce qui nous rend triste. On se nuit, à vouloir éviter la tristesse. On nuit aussi aux autres en devenant parfois imprévisibles et blessants. On nuit enfin à tout le monde en leur reprochant d’être tristes ou en essayant de les forcer à être heureux sans arrêt. Il n’y a pas d’autre chemin pour la tristesse que d’accepter de la vivre jusqu’à ce qu’on ait identifié ce qui la cause et qu’elle finisse par s’estomper. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont tous les experts en santé mentale que je lis qui le font.
Ma tristesse concerne les choses qui m’ont été faites. Pas juste dans la dernière histoire, mais depuis ma naissance. Il me semble souvent que c’est complètement absurde d’avoir vécu autant de violence et si peu de douceur et d’amour dans une seule vie. Je sais que je ne suis pas un cas isolé. Je sais aussi que je n’ai pas eu la pire des vies. J’ai quand même le droit de trouver ça profondément insensé. J’en retiens surtout que mon bonheur n’est pas lié aux autres, mais surtout profondément à moi et aux choix que je fais pour ma vie au quotidien. Je ne suis pas responsable de ce que les autres me font, même s’ils essaient souvent de me faire croire que c’est le cas. Je ne peux pas guérir leur souffrance intérieure qui les fait se comporter de façon blessante et irrespectueuse… irréfléchie aussi souvent. Je ne peux pas les forcer à réfléchir. Je ne peux pas faire qu’ils ne confondent pas mon enthousiasme avec un « c’est dans la poche » ou de la naïveté, ce qui leur cause une frustration énorme quand ils s’aperçoivent que ce n’est pas le cas…
J’ai appris à mieux cerner les gens au fil du temps. Je ne peux bien sûr pas deviner d’avance ce qu’ils cachent à l’intérieur, mais j’ai besoin d’écouter un peu plus souvent et un peu mieux les signes que je perçois qui sont annonciateurs de comportements un peu (ou très) malsains. J’excuse moins de choses que quand j’étais plus jeune, mais j’en excuse encore trop. Je l’ai constaté durant les deux dernières années. Je ne m’écoute pas assez. Je sais pourtant que j’ai grandi dans un milieu violent et que donc j’ai développé cette habileté à percevoir les signes annonciateurs de violence, les micro-expressions faciales et… Je veux toujours trop croire que je me trompe et que les choses seront différentes cette fois. Ça, c’est ce dont je suis responsable. Ça, c’est mon erreur relationnelle fréquente.
Je ne peux plus être entourée de personnes négatives qui se sont construit une personnalité sur le fait de dénigrer les autres ou de constamment se plaindre et critiquer. Ce sont des personnes épuisantes pour moi. Je sais qu’elles ne sont pas toujours conscientes de ce qu’elles font et qu’elles peuvent même parfois penser que c’est normal, mais je sais que ça ne l’est pas et qu’il y a bien d’autres façons d’être au monde. Je suis une personne joyeuse et facilement émerveillée au quotidien et je veux conserver cette capacité et cette disposition en moi. Cela implique que je dois mieux les protéger que je l’ai fait dans le passé. Mon bonheur en dépend. C’est fini endurer les princes et princesses petit pois. Il reste que le monde va tellement mal… J’aimerais ça que les gens fassent un peu plus d’efforts pour aller mieux et être plus gentils les uns avec les autres. Je n’y peux malheureusement rien… Il me semble quand même que ça vaudrait vraiment la peine. C’est à chacun d’entre nous d’y travailler.
D’ailleurs, parlant de bonheur, nous allons accueillir un nouveau membre dans notre belle famille d’ici un mois. J’ai finalement adopté un chiot. Une demoiselle en fait. Elle est fort jolie. Magnifique même. Elle fera une bonne compagne de jeu pour mon garçon préféré et elle sera pour moi une autre source d’amour. J’en ai beaucoup manqué d’amour. Je prends tout celui disponible maintenant. Ça me fait pleurer de joie quand je pense à son arrivée. Je profite aussi des derniers jours seule avec mon bel amour en attendant. Il fera un bon grand frère, j’en suis certaine. J’ai toujours vécu plus facilement l’amour des animaux. Ils sont moins calculateurs et mesquins que bien des humains. Avant j’avais des chats, mais je suis devenue allergique durant ma vingtaine. Maintenant, j’ai des chiens. J’aime les deux, mais j’avoue que l’exercice physique forcé par les chiens m’aide beaucoup à garder le rythme et à prendre soin de ma santé mentale. Leur insatiable appétit pour le jeu aussi.
Je pense que je serai un peu moins présente quand la petite arrivera. C’est normal. Elle demandera beaucoup de soins et j’en ai déjà pas mal dans mon assiette… mais j’y arriverai. Je suis capable de prendre de l’avance d’ici-là, afin de ne pas être trop épuisée. Quoiqu’il en soit, j’aurai seulement deux mois à tenir avant les vacances et j’aurai de l’aide. C’est donc faisable.
J’ai aussi appris la semaine dernière que j’ai été acceptée dans un groupe de travail pour les artistes en voie de professionnalisation. Comme il y avait juste six personnes acceptées, je suis fière de moi. Je pense que ça m’aidera beaucoup. Ça semble une belle formation. Maintenant j’arrête cependant d’en rajouter dans mon assiette avant de finir raide morte… Mais je pense que ça ira. Tout cela est très enthousiasmant. La vie bouge et cela me donne encore plus envie de vivre. La volonté de vivre est très forte en moi. Je peux me remercier pour ça. Plusieurs personnes n’auraient pas survécu aux choses que j’ai vécues ou seraient plus mal en point que je ne le suis. Je suis forte. Je suis intelligente. Je suis créative. Ça m’appartient et je peux en être fière.
Bon dimanche pluvieux.
Prenez soin de vous.
