Guérir (Partie 2)

            Ma métaphore avait un problème… Je voulais dire qu’il y avait deux portes en fait… Il en ouvre une, mais je suis arrêtée par une seconde qui, elle, est fermée… qu’il en soit conscient ou pas. J’étais trop pressée de finir d’écrire le texte avant de partir… Je tiens à préciser que bien sûr mon analyse de la situation et du comportement relève seulement des informations que j’ai et que je suis tout à fait capable de changer d’opinion si jamais des informations venaient me faire voir les choses autrement. Le but ici n’est pas de condamner quelqu’un. Je ne réfléchis pas à la situation pour lui non plus. Je le fais pour moi, parce que ça m’aide à avancer et à identifier ce que moi je veux pour ma vie. Ce sera à lui de me donner ses explications un jour s’il le désire et non à moi de le faire à sa place. Comme l’a écrit sur mon profil la si charmante I., il faut que l’autre face une partie du chemin aussi. On ne peut pas tout faire à sa place et c’est injuste pour nous de donner autant si l’autre ne fait pas l’effort de faire le chemin vers nous en retour.

            Si j’écris ces lignes, c’est aussi parce qu’une des façons de sortir d’un état de stress post-traumatique est d’arriver à mettre en mots justement les souvenirs traumatiques qui n’ont pas été vécus ni intégrés par le cerveau. C’est pour ça que c’est un peu la pire chose à faire à une personne qui souffre de stress post-traumatique de lui dire de ne pas parler de ou de ne pas penser à ce qu’il s’est passé. Quand vous demandez cela à la personne traumatisée, vous lui demandez en fait de se retraumatiser volontairement elle-même pour vous faire plaisir, pour que sa compagnie vous soit plus agréable. Ce n’est vraiment pas une bonne idée. On sait, depuis un certain temps déjà, que le fait de refouler des expériences traumatiques au lieu de les affronter (chose qui eut être faite de façon plus sécuritaire avec un thérapeute, du moins au début…) est une des principales causes de la toxicomanie, par exemple. Je n’ai aucune envie de souffrir de dépendance envers une ou des substances qui me détruisent ni de rester traumatisée. Laissez-moi donc effectuer le travail que j’ai à faire en paix. S’il vous incommode, éloignez-vous un temps… Je serai plus agréable pour vous à un autre moment, quand je serai prête à l’être. Je me fais réellement du bien en ce moment. 

            Il y a un autre problème avec cette possibilité que je choisisse pour lui ce qu’il devrait faire dans les circonstances. Ce n’est pas ma responsabilité, mais aussi je ne le connais pas assez non plus. Si j’étais là à exiger qu’il mette fin de façon durable à son histoire pour m’embarquer dans quelque chose avec lui, imaginez ce qui m’arriverait si dans quelques semaines je découvre que ça ne colle pas finalement. Je serais alors l’horrible femme qui l’a forcé à s’éloigner de son véritable amour pour rien… et ça, c’est trop lourd pour moi à porter et ça met de toute façon beaucoup trop de pression sur la situation aussi. Ce n’est pas une ambiance très saine pour développer quelque chose, disons. 

            Pour, les personnes qui seraient tentées de mettre la responsabilité sur moi en me disant que j’avais juste à lui demander avant, ce que vous faites c’est déresponsabiliser l’autre. Le fait est que dans la réalité, pendant les deux ans où j’ai été curieuse de lui, je l’ai vu une seule fois en compagnie d’une femme et que je ne sais même pas si c’était elle. Je n’avais donc aucune raison de penser qu’il était avec quelqu’un. Pour moi c’est aussi à la personne en couple de dire ces choses rapidement pour éviter qu’il y ait des ambiguïtés. J’avoue que ça m’énerve un peu quand les hommes me balancent leur copine à la figure dès la première fois que je leur parle même si je ne suis pas du tout intéressée par eux de cette façon, mais ça a au moins l’avantage d’être clair. 

            Quand il m’a demandé ce que j’attendais de lui et ce que je voulais de lui, je lui ai dit que je ne pouvais pas le savoir parce que je ne le connaissais pas, mais que je voulais du respect. Je lui ai dit que ce que je voulais pour ma vie, c’est une relation et que si elle n’était pas avec lui, elle serait avec quelqu’un d’autre. Ou quelque chose comme ça… c’était au moment où l’alcool commençait pas mal à faire effet malheureusement. Mais c’est quand même vrai. Je ne suis pas frénétiquement en recherche d’une relation parce que je suis assez bien seule et que ma condition nécessite que je sois prudente avec qui je laisse entrer dans ma vie, mais j’aimerais bien vivre une relation où je suis libre d’aimer et où je suis aimée aussi un jour. Ce qui est vrai aussi, c’est que je ne me laisserai plus jamais utiliser ou limiter par quelqu’un juste pour avoir des miettes d’affection. 

            Il n’avait pas l’air très satisfait par ma réponse à sa question de pourquoi j’avais voulu/accepté de prendre un verre avec lui. Ma réponse étant que j’étais curieuse de lui, chose qui est vraie, mais incomplète. Au moment où il a posé cette question, j’étais déjà sous le choc et blessée et humiliée par l’annonce de l’existence de cette femme dans sa vie, peu importe son statut pas clair. Je n’avais plus tellement envie de me rendre plus vulnérable en lui disant qu’il m’attirait et que j’avais observé dans nos interactions des qualités qui me plaisaient chez lui. Ça ne me semblait plus tellement pertinent, vu la situation, de lui faire des compliments. Il y avait aussi plein d’expériences douloureuses qui remontaient en moi comme ma mère qui me dit que l’amour ce n’est pas pour moi, des souvenirs d’hommes m’ayant humiliée, la profonde honte qu’on m’a fait longtemps vivre et… Je n’étais plus dans un état où la transparence dont je fais preuve habituellement était encore possible. 

            Quand il est parti, il avait l’air vraiment triste, mais je ne sais pas pourquoi ni pour qui. J’étais comme sous le choc et anesthésiée par l’alcool en même temps. Je me suis réveillée dans mon lit en larmes à 3h30 du matin, le pauvre Cassius étant resté seul en bas parce que j’étais trop affectée pour le prendre dans mes bras jusqu’au lit et qu’il n’a pas le droit de monter à la chambre tout seul… Il est bien obéissant, parfois, mais ça m’a rendue triste pour lui et je suis descendue le rejoindre en bas sur le sofa. C’est un bon chien. Ali faisait le clown quand j’étais triste. Cassius, lui, me colle et met tout son poids sur moi en poussant pour me montrer qu’il est là. Il m’a réconfortée un peu. La présence d’un animal est souvent très utile pour dépasser les états de stress post-traumatique. C’est d’ailleurs la raison qui m’avait poussée à adopter Ali, mon premier chien et l’explication de sa si grande importance dans ma vie. Cassius vient se coucher sur moi ou s’assoit à côté de moi et laisse tout le poids de son corps me peser dessus à chaque fois que je pleure depuis. Ça aide. Ma main sur sa fourrure et son petit corps chaud aussi. Si un animal est impossible, une bouillotte ou un coussin chauffant ça peut aussi aider en cas de niveau d’anxiété élevé ou de grande tristesse. 

            On me demande parfois si cela me dérange, l’idée que les gens sur qui j’écris puissent lire le blogue. Ça ne me dérange pas, non. Mon but est toujours d’avancer dans mon expérience et de dénoncer certains comportements et non de les blesser eux. Je n’ai aucune idée s’il lit. Si c’est le cas, il aura la réaction qu’il aura. L’important, pour moi, c’est que ça peut toujours aider les personnes qui traversent ces expériences et ça ça prime sur tous les inconforts individuels de voir une de ses moments de non-brillance exposé.

            Je suis allée souper chez mon voisin en revenant de la réunion hier. Lui et son ami m’ont raconté plein d’histoires folles de bars du Village de quand ils étaient plus jeunes. C’était drôle à en pleurer et j’ai vraiment eu un repas délicieux parce qu’un des deux est chef. Ça m’a fait beaucoup de bien.

À plus!  

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