
Ça faisait plusieurs années que je n’avais pas passé la nuit debout. C’est une drôle d’impression. Je n’arrive pas à dormir et en face, dans la rue, il y a une fille inconsciente des autres qui gueule comme s’il était deux heures de l’après-midi… Le chien est fâché aussi… Ça va quand même un peu mieux. Je continue ma réflexion…
Il y a quelque chose d’un peu tragique dans cette situation qui m’est arrivée. Moi, terrorisée des relations qui fais des efforts pour dépasser ma peur, mon anxiété, mes blessures et mes crises de panique pour parler à un homme qui m’attire pour me retrouver dans une rencontre qui commence super bien, mais où je finis la soirée en me faisant parler d’une autre femme qui est donc plus merveilleuse que moi, alors que je pensais qu’il m’avait invitée parce que je l’intéressais. C’est ce qu’il m’a dit, qu’il voulait me connaître… mais j’en suis plus ressortie avec l’impression de n’avoir aucune importance encore une fois et qu’il voulait surtout me parler d’elle. C’est une situation très blessante. Ironiquement, durant la soirée, avant de connaître l’existence de cette femme, je lui avais donné un de mes zines, celui dans lequel un de mes amoureux me parlait toujours de son ex comme étant une femme « meilleure », plus « digne d’amour » que moi…
Il y a quelque chose de fondamentalement absurde dans le fait de blesser quelqu’un au nom de notre amour pour une personne qui nous a blessé, mais qui est quand même considérée comme meilleure ou plus importante que la personne en face de nous qui veut sincèrement nous connaître et avec qui les choses seraient peut-être mieux en fait. C’est une erreur que les personnes en chagrin d’amour font souvent. C’est une des raisons pour lesquelles je ne m’autorise jamais à laisser un nouvel homme m’approcher quand j’ai le cœur brisé. Utiliser quelqu’un pour soulager ma souffrance, ce n’est pas quelque chose que je me permets. Mon expérience me suggère que je suis pas mal une exception… Bien sûr les gens n’ont pas conscience que c’est ce qu’ils font, utiliser l’autre, pendant que ça arrive… mais c’est quand même ça et c’est blessant. Il y a une forme d’aveuglement causé par leur souffrance j’imagine… Et oui, je sais que la majorité des gens ne sont pas aussi conscients que moi de leurs processus psychiques, mais il y a une partie de moi qui pensait qu’en vieillissant je serais moins confrontée aux effets de cet aveuglement. Cette partie de moi est pas mal déçue par ce qui lui arrive factuellement. Ma belle-sœur a émis l’hypothèse que c’était comme s’il voulait se donner un boost d’ego en m’invitant parce qu’il savait qu’il me plaisait. Peut-être. Je ne sais pas. Il n’a pas l’air d’être une personne mesquine, mais je ne le connais pas assez pour déterminer ses motivations.
Peu importe au fond… c’est sûr que quelqu’un qui fait mal en ne voulant pas mal faire c’est moins terrorisant qu’une personne qui fait volontairement mal, mais à la fin, la personne blessée est blessée et ça revient au même, ou presque, dans les conséquences sur sa vie. J’imagine qu’il faudrait que je m’entre dans le crâne une fois pour toutes que clairement faire attention aux autres n’a pas la même importance pour les autres que pour moi. J’ai eu une sensation physique très nette de mon cœur qui se refermait ces derniers jours. Je sais bien que la capacité d’aimer n’est que métaphoriquement dans le cœur, mais c’est là que se trouvent les sensations quand même et ça a quelque chose de fascinant en un sens… Je sais aussi que je n’ai pas la même conception de l’amour ni la même façon d’aimer que la plupart des gens. Pour moi l’amour est un choix. On peut choisir de donner ou d’enlever son amour à quelqu’un. Je l’ai appris et expérimenté plusieurs fois quand j’ai dû me détacher de mes exs violents. Je ne crois plus depuis longtemps à la conception populaire voulant que l’amour nous dépasse et soit quelque chose d’incontrôlable et blablabla… Elle est fausse de toute façon, cette idée. L’amour est une action et un investissement. On aime ce que l’on choisit d’investir et ce dans quoi l’on s’engage. Donc à mes yeux, c’est son choix à lui de continuer à espérer en quelqu’un qui est parti en le blessant. Ce n’est pas un choix que je ferais pour ma vie, mais chacun ses choix.
Ça a fait remonter beaucoup de trucs, cet événement. Heureusement, j’ai fait beaucoup de chemin intérieurement depuis la fille qui est sur la photo et qui pensait que personne ne pouvait l’aimer. Je sais que c’est faux maintenant même si mes expériences sont encore douloureuses. Ça me fait souffrir aussi l’incapacité de communiquer tout cela à l’autre, mais je n’ai aucun moyen de le rejoindre sauf de me présenter chez lui, chose que mon état intérieur ne me permet clairement pas de faire et de toute façon il y a beaucoup trop de monde là pour ma sensibilité. Je ne l’ai pas recroisé, mais je sais que ça arrivera et ça me stresse un peu, même si, comme je l’ai dit, je ne crois pas qu’il s’agisse d’une personne mesquine. Je ne sais pas si mes explications l’intéresseraient de toute façon… dans ma vie, les tentatives d’explications dans ces situations ont généralement mal tourné ou été plutôt encore plus blessantes pour moi… donc je ne sais pas trop quoi faire. J’espère seulement qu’il ne me fera pas le coup de la personne rejetée, chose qui m’est déjà arrivée alors qu’en fait c’est moi qui suis rejetée dans la situation… Ce n’est pas lui que je rejette puisque j’ai vraiment aimé passer du temps avec lui. C’est la situation, qui est malsaine pour moi, que je rejette. Une autre personne avec un passé relationnel différent vivrait ça plus légèrement j’imagine, mais je ne peux pas changer la vie que j’ai eue pour que ce soit plus simple pour les autres… C’est quelqu’un dont j’étais curieuse depuis environ deux ans. J’avais laissé tomber à un moment donné parce qu’il ne semblait pas avoir d’intérêt. Au printemps, à un moment qui semble coïncider avec quand la femme est partie, il s’est mis à me fait des salutations enthousiastes quand il me croisait. Je me suis dit alors que je m’étais peut-être trompée… mais bon… bien que douloureuse, au moins, j’ai eu le courage d’aller chercher ma réponse. Comme j’ai dit, je ne pense pas qu’il a fait ça méchamment… mais le résultat est tristement le même pour moi.
Je retiens des 3 dernières expériences avec des hommes que j’ai eues, qu’après les hommes violents, mon nouveau pattern ce sont les hommes confus. Je ne sais pas trop pourquoi. Malheureusement pour moi, ils ne l’ont pas plus d’écrit dans le front que les hommes violents. Ce serait plus pratique… C’est quelque chose dont je discuterai avec mon psy à son retour de vacances. Je retiens aussi que j’ai vraiment besoin de sécurité dans mes relations avec les autres. C’est sûr qu’il y a toujours une incertitude dans les relations humaines, mais ce que j’aimerais vivre, à un moment donné, c’est au moins une situation d’ouverture… C’est-à-dire avoir la possibilité de commencer à fréquenter quelqu’un qui est ouvert à la possibilité qu’il existe une relation réelle entre nous, peu importe si cette relation fonctionne à long terme ou pas. Je ne me souviens plus de la dernière fois que ça m’est arrivé… Ça fait plus que 10 ans, je pense… même si là, aujourd’hui, les relations ça ne me tente plus trop…
C’est ça qui est difficile avec le stress post-traumatique. J’ai réglé tout ce que je pouvais régler en théorie seule, mais pour continuer à guérir et aller mieux, il faut de bonnes relations, chose qui à mes yeux et selon mon expérience semble vraiment difficile à trouver. Tout ce que je trouve ce sont des personnes qui veulent me contrôler ou m’utiliser, que ce soit conscient ou pas, me ranger dans une petite case délimitée par eux, une place qui répond à leurs besoins à eux et où les miens ne sont pas considérés. Donc à quelque part, les autres me bloquent dans ma possibilité d’avancer dans ma guérison alors que j’aurais besoin de leur aide et de leur bienveillance pour le faire. Ça a quelque chose de très frustrant et décourageant.
Mon choix à moi dans tout cela? Être de plus en plus amoureuse de ma vie et m’aimer. Bien me traiter. Me donner cette attention et cette importance que les autres ne me donnent pas. C’est toujours ça la solution pour se remettre des déceptions sentimentales. Choisir de tourner sa capacité d’aimer vers soi… et vers les personnes qui nous le rendent dans notre vie. En ce sens, ce n’est pas à cause de cette histoire que je n’arrive pas à dormir. En fait, c’Est un peu ridicule… j’ai eu une bonne nouvelle aujourd’hui et je l’ai fêtée avec un ami. J’ai voulu faire une petite sieste après avoir bu du vin et finalement il semble que j’aie envoyé balader mon téléphone quand l’alarme a sonné et que ma petite sieste s’est transformée en un sommeil profond de 5 heures… Je me suis réveillée et c’était le soir et malgré quelques essais, je n’ai plus été capable de me rendormir. J’ai le sommeil difficile. La journée sera longue et un peu pénible, je pense… mais j’arriverai bien à me remettre sur mon horaire de sommeil régulier.
La bonne nouvelle c’est que j’aurai une table pour vendre mes trucs dans la vente du centre d’artiste dont je suis devenue membre. Tricots, zines et sérigraphies, je crois. Ça me rend un peu nerveuse, mais heureuse aussi. C’est la première fois que je fais ça. J’ai beaucoup de choses à préparer. Il me faut aussi commencer à construire mon cours de l’automne. J’en parlerai un peu bientôt probablement. Je vais mieux, au moins, peu à peu. Ça m’a fait du bien d’écrire tout cela. Rester debout m’aura fait du bien finalement… Réfléchir à tout cela et à pourquoi cela m’a blessée m’aura aidée au moins à me préparer à mieux aller de l’avant. C’est une bonne chose que la vie propose des défis stimulants même quand on va mal. Il faut s’y accrocher.
Le soleil se lèvera bientôt et je pourrai aller promener le chien. Je suis devenue un peu craintive de sortir très tôt à la suite de l’histoire avec l’itinérant sur mon balcon… mais je reprends confiance peu à peu.
Bonne journée!