Je ne vais pas si bien ces derniers temps. Ce n’est pas vraiment surprenant. Je vais toujours moins bien l’été. C’est comme si j’étais faite à l’envers. La plupart des gens sont heureux que ce soit l’été, en partie parce qu’ils manquaient de lumière et de chaleur. Dans mon cas, c’est l’inverse. J’ai toujours détesté l’été du plus loin que je me souviens.
Je n’ai jamais aimé montrer mon corps. Certaines personnes pensent que c’est lié au fait que j’ai été agressée. Ce n’est pas le cas. Même enfant, je détestais les pantalons courts et qu’on puisse voir plus que ce que je désirais. Je suis comme ça, c’est tout. Ça n’a pas vraiment à voir avec la honte, même si le fait qu’on m’a fait honte au sujet de mon corps très jeune n’a probablement pas aidé à ce que j’aie plus envie de le montrer. Je n’en ressens pas le besoin. Je n’en ai pas envie.
L’été j’ai aussi beaucoup plus de difficulté à respirer. Ça a à voir avec mon asthme, mais même avant que je devienne asthmatique, je détestais l’espèce de pression que l’humidité dépose sur ma cage thoracique. S’il faut en plus que je ressente de l’anxiété, alors c’est juste un moment terrible… Et justement, l’été, je ressens souvent beaucoup plus d’anxiété parce que je me sens plus exposée et parce que je me retrouve dans l’obligation de faire des choses que je ne veux pas faire. Je ne peux pas non plus faire autant de sport que je le voudrais à cause de l’insupportable chaleur, ce qui n’aide pas mon moral. C’est donc une période assez lourde pour moi.
J’aime cependant le temps qui m’est accordé pendant cette période. J’ai quand même un peu plus de difficulté à faire tout ce que je veux parce que trop écrasée par la chaleur. Je déteste la chaleur, finalement… la chaleur qu’on ne peut pas contrôler lorsqu’on y est enfermé et qu’il y a une incapacité de s’y soustraire parce qu’elle envahit le monde.
Mon psy associe mon inconfort estival au fait que je sois introvertie. Je pense qu’il a raison. L’été se passe dehors, dans la démonstration et l’ampleur, ce qui n’est pas tellement pour moi. Il y a du bruit et des gens partout et je déteste ça. Des gens saouls. Des gens qui ne se mêlent pas de leurs affaires… Cette semaine, je suis allée acheter une bouteille de porto pour la fête du monsieur en bas. Ça a pris 15 minutes. Durant ces 15 minutes, 3 hommes ont jugé bon de me traiter comme une enfant incapable de décider par elle-même et de me dire que je devais avoir vraiment chaud habillée en noir. 3 inconnus… C’était sans compter les hommes qui m’avaient crié des choses le matin quand je promenais le chien, s’efforçant d’avoir mon attention pour aucune raison valable… Comme si c’est la seule chose que j’avais à faire de mon temps, parler à des hommes inconnus qui se mêlent de me dire quoi faire et comment être alors que je ne leur ai rien demandé.
Il y a quand même des choses qui vont bien. J’ai recommencé à marcher beaucoup, mais seulement très tôt. J’ai perdu 1/3 du poids que j’avais pris pendant que j’étais blessée. Puisque je devais déjà perdre du poids avant ma blessure à cause de mes problèmes de santé, ça m’inquiétait un peu d’en avoir pris à la place et j’avoue que je me sentais vraiment plus fatiguée qu’avant, ce que je n’aimais pas du tout. J’ai recommencé à nager aussi… beaucoup. Peut-être que j’exagère un peu, mais ça me rend tellement heureuse que je préfère continuer comme ça. La lumière est magnifique aussi sur l’eau, le matin. C’est une des choses que j’aime l’été : la façon dont la lumière affecte les couleurs. La beauté pure.
Mon jardin commence à pousser allègrement aussi. Il y a eu trop d’eau pendant un temps et ça a en quelque sorte retardé le tout. Là ça semble un peu mieux. On verra bien la suite de l’été et le début de l’automne, mais ça aussi c’est une chose que j’aime : produire moi-même ma nourriture Une bonne partie en tout cas.
J’ai repensé au truc avec le voisin. Je pense que je me suis fait peur à moi-même. Cela m’arrive rarement, mais je reconnais que parfois mon cerveau tente de me protéger contre les nouvelles personnes parce que la peur est trop grande et qu’il éprouve beaucoup de difficulté à supporter la trop grande incertitude. Je devrais probablement recommencer à faire du yoga et à méditer. Je me suis résolue et je m’encourage à simplement demander à cet homme s’il était sérieux au sujet de prendre un verre ensemble. Je serais au moins un peu plus fixée. Ça risque d’être un moment anxiogène, mais je survivrai… probablement.
La semaine prochaine je vais recommencer à travailler plus sur mes trucs aussi. J’avoue avoir encore un peu de difficulté à gérer le stress que les sessions d’enseignement me font vivre. D’accord cette année c’était pire à cause de la Covid, mais je suis sortie complètement épuisée des deux sessions et ça m’a pris beaucoup de temps avant de me sentir assez reposée pour pouvoir faire autre chose que lire et regarder des films. Ça n’a rien à voir avec le fait que je sois étudiante en plus, non. C’est vraiment l’enseignement qui représente pour moi quelque chose qui demande énormément d’énergie. Je vais essayer de trouver encore plus de façons de mieux gérer mon stress et de replacer un peu mes idées et mon rapport au travail.
Sur ce je retourne me reposer encore un peu et bientôt mettre l’air climatisé pour survivre à l’épouvantable chaleur. Bonne journée!
Les violents 