
Ça fait quelques jours que j’ai quitté la ville afin de prendre des vacances dans mes vacances, de sortir de Montréal un peu. Je pense qu’après j’y resterai pour un temps… au moins jusqu’au milieu de l’automne. C’est la première fois que ça ne me tentait pas vraiment de partir et je ne sais pas exactement pourquoi. J’ai effectivement quand même pas mal de difficulté à décrocher depuis que je suis arrivée. Même si oui, j’en profite un peu.
Avant de partir, j’étais bien à la maison même si je faisais principalement du ménage et de la lecture. On dirait que c’est de ça dont j’avais besoin. Et de passer la majorité de mon temps seule, comme je l’ai mentionné un peu plus tôt. Il y a quand même ça de plus ici : personne que je connais ne peux me voir et me faire des remarques déplaisantes, même si je sens que je détonne un peu dans le village quand même… mais c’est d’une façon sympathique. Les dames féministes du village semblent m’aimer beaucoup, même si au départ je pensais que je leur ferais un peu peur. Je ne suis pas la touriste type, mais c’est probablement mieux comme ça.
Ce qui me fatigue un peu, c’est ce qui me semble mon incapacité à m’enlever de la pression par rapport à ce que je dois faire. À fuir les normes sociales encore, donc… et la conformité. Ça a pris beaucoup de temps dans ma vie avant que j’aie de vraies vacances et c’est mon premier été depuis un certain temps aussi. J’ai très longtemps été aux études et j’ai dû travailler aussi souvent l’été, que ce soit entre des sessions d’étude ou simplement pour travailler parce que j’étais une enseignante précaire. Ce n’est pas que j’aie de la misère à occuper mon temps. C’est comme si au contraire j’ai tellement de projets, que ce que ça me tente de faire vraiment c’est de m’occuper de mes projets que je n’ai pas le temps de faire quand j’enseigne et que j’étudie en même temps. J’ai failli annuler ces vacances à quelques reprises, mais je suis quand même contente d’être venue, pour le recul que ça me donne sur ma vie.
Ça me fait réfléchir, ça cause de la confusion et ça apporte de la clarté en même temps. C’est un drôle d’état. Je suis probablement encore un peu déboussolée par toutes les morts de la semaine dernière. J’ai envie de passer à l’action, mais pas nécessairement d’une façon dont je peux le faire ici. Avant de partir, j’avais envie de commencer une nouvelle toile et j’ai trouvé tout ce dont j’ai besoin pour la faire. Je vais essayer de nouvelles techniques et je trouve tout cela très excitant. Je vais aussi passer du temps au centre d’artistes dont je suis devenue membre. Je vais aussi travailler sur mon roman qu’il faudrait bien que je finisse maintenant que j’ai repris confiance en ma capacité d’écrire. Je constate en même temps qu’il ne me reste pas tant de temps de vacances par rapport à tout ce que je voulais faire cet été et ça me fait vivre un peu d’anxiété. Mais il faut prendre les choses un jour à la fois et faire le plus que je peux comme je veux.
Je suis quelqu’un qui aime travailler, mais travailler à ce que j’aime. Les tâches imposées me rebutent énormément. Presque au point de devenir comme une enfant ou une adolescente extrêmement désagréable quand je dois les faire. Mais faire ce que j’aime… Alors là, ça ne me demande pas d’efforts et je peux continuer pendant des heures sans prendre de pause. Je pense que cet automne je suivrai moins de cours afin d’avancer dans mes projets plus rapidement. Afin d’avoir un horaire moins lourd aussi. Je suis quelqu’un qui n’aime pas tant les horaires fixes. J’aime le temps flottant que je sais occuper sainement.
Mais voilà… j’ai comme perdu ma direction depuis un moment. Je pense que j’ai besoin de me faire un horaire qui me plaît pour la fin des vacances et qui me permet de mieux gérer mon temps et d’avancer dans des projets qui me plaisent afin d’être fière de moi. Peu importe les choses pénibles qui me sont arrivées durant les deux dernières années, je constate quand même que j’ai plus confiance en moi depuis que je me concentre davantage sur ma pratique artistique. J’en parlais avec mon psy la semaine dernière alors que nous parlions des relations amoureuses, de ma pratique artistique, de ma façon de voyager et d’occuper mon temps. J’évoquais toutes les attentes infinies et les règles innombrables que les autres ont. Si je ne me sens pas moins étrangère parce que je n’ai pas les mêmes envies que la majorité des gens que je rencontre, nous avons constaté que je n’ai plus la patience d’endurer les gens, surtout les potentiels amoureux, qui se plaignent de comment j’occupe mon temps. Je ne me sens pas bien dans l’espèce d’époque d’étourdissement et de divertissement infinis dans laquelle nous vivons. Les diverses technologies et avancées de la condition féminine me permettent cependant de mieux vivre ma différence que ça aurait été le cas dans le passé. J’ai surtout compris que je n’ai absolument pas à endurer les comportements mesquins des autres. Et si je rencontre un jour un homme avec qui j’ai envie de partager une partie de ma vie, il faudra qu’il respecte ma façon de vivre, ce qui me procure du plaisir, ce qui me donne envie de vivre. Ça suppose quelqu’un avec des affinités. Ça suppose surtout quelqu’un de respectueux qui a sa propre vie et qui sait s’occuper. Ce n’est pas si commun qu’on pourrait le penser. Ça prend une personne curieuse aussi, au lieu d’une personne qui juge et maltraite en faisant des commentaires mesquins et mal informés.
Les choses ont subi un retournement dans mon esprit, un retournement qui a été très long à effectuer parce que j’ai tellement été rabaissée dans ma vie que je pensais que je devais tout faire pour être appréciée. Je suis sortie de cette illusion vide qui me tuait. Ça fait vraiment beaucoup de bien. Je me sens libre. Libérée.
La chose que je veux vraiment aussi pour la suite de l’année, c’est me remettre en forme. Cette année à ne presque pas pouvoir marcher parce que j’étais blessée a été extrêmement difficile et j’en sens les effets sur ma santé mentale et physique. Je marche plus depuis quelques semaines. Je recommence à nager lundi. Ça aidera. C’est étrangement la chose qui m’a manquée le plus pendant la pandémie : nager. C’est un peu drôle à dire parce que la plupart des gens s’ennuyaient de bien d’autres choses… mais cette heure que je passais presque tous les matins à faire des longueurs m’apportaient un équilibre qui me manque énormément. Je me sens épuisée et sans espoir de trouver mon énergie. Je n’aime pas vivre comme cela. Je sais qu’il me faudra de la patience parce qu’à mon âge c’est quand même plus long, se remettre en forme… mais j’ai confiance que je vais y arriver. Sur ce, je vais aller prendre un bain dans la baignoire sur pattes et lire afin de me respecter, au lieu de chercher l’excitation dans le village.
À bientôt!