La Grande Solitude

            J’ai encore dû bloquer un homme sur les réseaux sociaux cette semaine. Ça m’en prend beaucoup pour bloquer quelqu’un. Il s’agit de quelqu’un que je n’ai pas vu depuis 15 ans… et qui, à chaque deux ou trois ans, se saoule la gueule et a probablement des problèmes avec sa femme à ce moment et se met à me faire des avances sur internet… depuis Marseille. Parfois ce sont des choses légères, parfois ce sont des choses extrêmement répugnantes. C’était l’ami d’un ami et je ne sais honnêtement pas pourquoi je l’ai laissé dans mes contacts si longtemps… probablement pour ne pas lui faire de peine, ou ne pas heurter mon ami… (Il faut vraiment que je fasse le ménage plus souvent de qui a accès à moi…) Ça m’a toujours répugnée et je le lui ai toujours dit. Il recommence pourtant à chaque fois. Mais quand il m’a écrit cette semaine, j’ai mesuré plus réalistement l’ampleur du délire qu’il y a à fantasmer comme un malade sur une femme que tu n’as pas vue depuis 15 ans… Ça m’a fait penser à mon ex dont j’ai parlé dans « Le Revenant ». Ça m’a écœurée. Je sais que certaines personnes le verraient comme un compliment, mais quand on a trop souvent été objectifiée, c’est difficile de le voir comme quelque chose de bon et non comme un crétin qui a de la bave qui lui coule des lèvres… Rien ne sert de dire que j’attends encore qu’on me parle comme à une personne.

            Ces jours-ci, je ressens un fort besoin de passer du temps seule. Le plus seule possible en tout cas. Je laisse seulement entrer certaines personnes dans mon temps et mon espace. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas me parler, mais plutôt de ne pas le prendre trop mal si je vous quitte rapidement pour aller faire autre chose. La solitude est presque toujours une bonne chose pour moi. Elle a quelque chose de très apaisant dont j’ai besoin. C’est le propre des introvertis et des hypersensibles, bien que ça ait l’air difficile à comprendre pour plusieurs personnes. 

            Pendant l’été, j’aime être seule pour récupérer. Comme je me sens mieux seule, le fait d’enseigner, donc de parler en public et de devoir toujours interagir avec un grand nombre de personnes est très difficile pour moi, même si j’aime enseigner, oui. Donner mon show et avoir toute l’attention sont des choses difficiles à vivre, même si j’ai appris, avec le temps, à transformer d’autres parties de moi en une forme d’incarnation de personne capable de remplir ces tâches et le faisant avec plaisir la plupart du temps. J’aime partager ce que je sais et j’ai peu l’occasion de le faire dans la vie quotidienne, soit parce que les gens me laissent peu parler, soit parce que ce qui m’intéresse ne les intéresse pas. Je n’aime pas tellement les conversations superficielles. Parler de quelque chose en profondeur me plaît davantage… donc l’enseignement est bien pour ça, puisque c’est presque uniquement ça que je dois faire. 

            Ce sont les interactions humaines autour qui me pèsent incroyablement. Les règles des autres, de la vie en société. Être sans arrêt sous-estimée ou diabolisée parce que je n’agis pas, ne m’habille pas, ne vit pas comme les autres aimeraient que je le fasse… Ça, c’est lourd. Les osties de commentaires aussi dont on dit qu’il faut se foutre, mais se foutre de quelque chose demande quand même des efforts et nous sommes des personnes sensibles après tout. Il est un peu illusoire de croire que nous pouvons complètement nous immuniser contre le ressenti qui découlera de ces affreux commentaires souvent extrêmement pénibles et prouvent l’ignorance ou la mesquinerie de la personne qui les énonce. Et à chaque fois qu’on dit quelque chose, l’autre rétorque comme un enfant qu’on veut l’empêcher de dire son opinion, alors que ce qu’on veut lui faire voir c’est qu’il confond opinion et jugement de valeur. Quand tu es rendu à dénigrer ou tourner en ridicule ce qu’une autre personne est ou aime, tu es rendu pas mal loin de la simple opinion… Tu es plus proche du bullying. J’en parlerai plus quand je raconterai le mini scandale entourant mon tatouage d’hyène, mais j’ai envie de parler d’autres choses avant. 

            L’été est le seul moment où il est facilement possible pour moi d’échapper à tout cela et de mener une vie que j’aime plus et qui me convient mieux. C’est le temps de faire le plein de lectures, de peindre, de marcher à l’infini (même si j’aime marcher l’hiver), de jardiner… et de me cacher de quiconque me blesse trop souvent. Me cacher d’une bonne façon, au sens de me soustraire à la présence de ces personnes et pouvoir respirer vraiment, hors de leur malheur aveugle. Ouste les jaloux, les mesquins, les gens qui confondent intelligence et rabaissement de l’autre, les négatifs, les glauques et… Il y a juste mes passions et c’est une infiniment bonne chose. Il y a les personnes qui me traitent bien aussi. 

            Dans cette lenteur et cette passion, il y a une soif de câlins aussi (à ne pas prendre pour une invitation à des propositions sexuelles vides comme l’autre cave, merci). Il y a Cassius qui donne beaucoup. Il y a mon envie de vivre. Il y a mon cœur libre et heureux qui déborde d’enthousiasme pour la vie et qui savoure cet espace dont je sais que je suis incroyablement chanceuse que mon travail me le permette. 

            À bientôt!       

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