Les déceptions sentimentales (partie 10)

Are you hurting the one you love?
Bite your tongue till it tastes like blood.

Are you hurting the one you love?
And was it something you could not stop.

Are you hurting the one you love – Florence and the Machine 

            Je pense qu’il me reste deux billets de cette série. Un pour faire la boucle avec ce qui l’a amorcée et un autre pour conclure sur mon état d’esprit après tout ce que j’ai exposé. Je pourrais continuer très longtemps à énumérer des expériences, mais ce n’était pas l’objectif de cette série de billets. J’ai voulu l’écrire parce que ce sont des choses que je n’ai jamais l’occasion de dire et de préciser lors d’interactions avec les autres. Les relations sont devenues tellement superficielles et rapides. Il n’y a pas beaucoup d’espace pour connaître et comprendre l’autre. Souvent pas d’intérêt non plus à le faire. Je trouve ça infiniment triste. Nous sommes pris à nous heurter les uns les autres sans arrêt. Je voulais aussi l’écrire pour souligner la complexité de l’autre, toujours. Depuis ma vingtaine, je trouve absurde qu’on me demande de ne pas avoir d’histoire quand je rencontre une nouvelle personne, alors je voulais exposer au moins une partie de ce que je porte toujours avec moi et que l’autre ne voit jamais, mais qui fait que je suis si souvent blessée. 

            Donc si je reviens à la situation initiale, je suis allée voir un homme dont j’étais curieuse qui m’a fourni un service correspondant à son emploi. Pendant que j’étais là, il a dit des choses qui m’ont troublée. Comme que nous étions pareils, que nous avions beaucoup de choses en commun et que nous voulions les mêmes choses dans la vie. Il m’a dit ces phrases après m’avoir parlé du fait que sa copine partait un temps et qu’elle ne lui manquerait pas. Il a dit que nous étions semblables sur ce plan-là, chose qui m’a dit qu’il m’avait mal comprise. Je suis très indépendante. Je suis habituée à être seule. J’ai beaucoup de passions. Mais si j’avais quelqu’un dans ma vie, ma relation serait importante pour moi et s’il devait quitter un temps, j’ose espérer qu’il me manquerait. Si ce n’était pas le cas, je romprais. Ce que je disais de mon côté, c’est que contrairement à certaines personnes très dépendantes, je ne deviens pas non fonctionnelle quand l’autre quitte et que j’aime bien ma solitude, alors j’en profiterais pour faire des choses que j’aime. Pas que je n’en ai rien à foutre si l’autre part. Je sais que beaucoup de personnes ont peur d’être seules et restent souvent en couple même si elles ne sont pas certaines d’aimer l’autre, même si elles le supportent plus qu’elles l’aiment. Je ne suis pas comme ça. Je ne fais pas perdre leur temps aux autres. J’ai trouvé ça triste pour les deux, mais ce n’est pas ma place de décider pour eux. 

             Après, je me posais des questions sur pourquoi il avait fait ça et j’ai préféré lui écrire pour lui dire que je préférais m’éloigner. Il a nié qu’il s’était passé quoi que ce soit et a plutôt retourné la situation à l’envers, comme si je pensais que c’était moi qui avais fait quelque chose de « pas correct » lors de la rencontre. Ça m’a déçue et blessée, mais j’ai vu souvent dans ma vie que beaucoup de gens font ça. Quand j’en ai parlé avec des amis, ils m’ont dit que c’était clair qu’il me cruisait. Pour moi ces choses sont plus difficiles à identifier et je ne pense vraiment pas souvent que les autres sont intéressée par moi. J’en ai parlé aussi avec mon psy. Nous avons statué que le mot avec lequel j’étais le plus confortable pour qualifier la situation était qu’il avait eu un comportement ambigu et que c’était particulier de dire ça à une femme quand tu es en couple. 

            J’ai essayé de comprendre, pour moi, ce qu’était cette personne à partir de son comportement, ce qui s’était passé. Le jugement global des autres a été que c’était un cave. J’ai scanné d’autres hypothèses… Par exemple que peut-être il faisait exprès d’être ambigu pour que je me sente spéciale et continue à être sa cliente. J’ai pensé que peut-être c’était une personne manipulatrice qui voulait de l’attention. J’ai pensé que c’était un homme timide qui était curieux de moi et avait voulu maladroitement vérifier quelque chose. J’ai pensé aussi que peut-être, comme il m’avait dit qu’il était comme mon frère quand je lui avais dit que mon frère pensait toujours qu’il serait heureux ailleurs, mais qu’au fond il avait un problème à régler en lui et qu’il ne serait pas bien nulle part (à la fois dans les lieux et avec les personnes) tant que ce ne serait pas fait et… Ça peut sembler intense de penser à tout cela pour une simple interaction, mais c’est comme cela que mon cerveau fonctionne. Devant toute situation, il scanne les faits et évalue diverses options, analysant à l’infini. Ça ne sert à rien d’essayer de penser à autre chose. Mon cerveau arrêtera quand il aura trouvé une résolution de la situation qui le satisfait. Je pense que la dernière option est la bonne, mais qu’en est-il en réalité? Je n’en sais rien. Je ne connais pas assez cet homme. À la fin, ce n’est pas si important non plus… L’important est ailleurs. 

            Je précise ces différentes options puisque parfois on m’accuse de juger trop vite d’une situation ou de quelqu’un, mais je pense qu’on sous-estime vraiment beaucoup la vitesse et l’intensité des analyses que mon cerveau mène plus ou moins sans mon consentement. Quand je finis par décider d’une option concernant l’autre, c’est après beaucoup de réflexion et en utilisant ce que j’ai appris en thérapie. Ce que la thérapie me dit, c’est que peu importe la raison pour laquelle il a agi de cette façon, il y a un manque de respect (conscient ou pas) et je dois m’enlever de là pour ne pas être blessée encore plus. Les gens ne changent pas rapidement. Maintenant qu’il a fait ça, il m’a montré que si nous étions ensemble, il dirait peut-être la même chose de moi à quelqu’un d’autre. Et ça, ce n’est pas pour moi. Je dois déjà gérer une immense quantité de stress et de peurs à cause de tout ce qui m’est arrivé et malgré ce que les comédies romantiques nous disent, il n’y a pas de scénario réaliste dans lequel nous vivrions quelque chose de magique et parfait après des circonstances comme celles-là. C’est très naïf de le croire, même si ça arrive parfois, oui… mais c’est extrêmement rare. 

            Souvent les gens jugent plus vite que moi, ou alors ils jugent durement mon point de vue sans avoir aucune idée des étapes qui m’y ont menée. C’est facile de me dire que je suis dure et de me jeter la pierre, de me dire que les gens peuvent me surprendre et… C’est généralement faux. Je n’ai jamais été surprise positivement par le comportement subséquent de quelqu’un qui m’avait blessée. J’en serais très heureuse et je serais la première à reconnaître que j’ai tort si ça arrivait. J’aimerais vraiment ça… mais la réalité c’est que les autres me positionnent toujours comme la personne en faute. Je suis dure si je ne laisse pas la chance à l’autre, je suis une conasse naïve si je donne une chance à l’autre qui m’a blessée et je mérite alors tout le mal que je vis. Révisez vos critères et votre point de vue. Ils sont extrêmement superficiels. 

            Est-ce que je pense que cet homme est un con? Non. Je pense que c’est un homme intelligent et talentueux et qu’il a des choses à régler. Je pense que c’est un homme intéressant qui exsude une tendresse folle dont il n’a peut-être pas lui-même conscience. Je pense qu’il est beau. Je pense qu’il est plein d’amour, d’une façon, mais je ne suis pas certaine qu’il sache aimer, je ne suis pas certaine qu’il sache s’aimer. Je pense que j’ai pu le troubler, oui, mais que peut-être ça ne suffit pas, c’est ce que sa réaction m’a dit en tout cas. L’expérience m’a appris que quand je reste dans ce type de situation, c’est moi qui souffre. Alors je préfère m’éloigner pour prendre soin de moi. Pas pour punir l’autre, même s’il est possible qu’il le ressente de cette façon. Je pense qu’à ce stade de sa vie et de la mienne, ce n’est pas une personne qui peut me faire du bien. Ça m’a déçue, parce que c’est extrêmement rare que je rencontre quelqu’un qui a des intérêts communs avec moi. (J’écrirai bientôt sur ce qu’on me dit de mes intérêts.) Je pense que j’aurais même préféré une simple amitié à ce genre de situation…     

            La sœur de ma belle-sœur m’a demandé pourquoi c’était important pour moi de lui dire. Parce que je n’aime pas disparaître sans rien dire de la vie des autres, tout simplement. Il reste que dans les faits, et c’est ça qui était irrespectueux, il m’a placée dans une situation où il n’y avait aucune issue favorable pour moi. Soit je ne disais rien et je restais coincée avec mes questions et peut-être que je serais retournée pour voir, courant le risque d’être ainsi blessée à nouveau. Soit je devenais une méchante qui voulait mettre en danger sa relation. C’est irrespectueux parce qu’il n’assume pas ce qu’il vit et fait. Il se démet de ses responsabilités et me les place dessus. C’est à lui de savoir ce qu’il se passe dans sa relation. S’il veut me connaître plus, c’est à lui de le dire. Ce n’est pas à moi d’être placée dans une situation aussi inconfortable et sans issue où je me fais à quelque part violenter puisqu’on me projette des choses dessus et qu’on m’utilise à quelque part (probablement pas consciemment) pour nommer un doute et un malaise au sujet d’une relation… 

            Voilà… J’aurais bien plus de choses à dire, mais c’est assez long pour aujourd’hui… Je conclurai bientôt. 

Oh, the heart, it hides such unimaginable things 

Sky full of song – Florence and the Machine

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