Quand je parle de personnes qui ne sont plus dans ma vie comme je le fais souvent dans ces billets, ça ne veut pas dire que je souffre encore de ce qu’elles m’ont fait, ni que je suis triste qu’elles ne soient plus dans ma vie, ni que je n’ai pas lâché prise. Le blogue me sert à différentes choses, dont à analyser des comportements violents, à partager mes connaissances et mes expériences, ainsi qu’à éventuellement aider des personnes à qui ces choses arrivent, ne serait-ce qu’en les faisant se sentir moins seules. J’apprécierais donc de ne plus me faire dire de cesser de penser à ces personnes, au moins par les personnes qui lisent ce blogue. Le fait d’analyser comme cela ce qu’il s’est passé n’a rien de malsain pour moi. Cela a au contraire une fonction extrêmement réparatrice. C’est un processus important afin que mes symptômes de stress post-traumatique complexe diminuent, mais aussi afin que ces situations m’affectent moins dans l’avenir et que je puisse éventuellement les éviter.
Le genre de mépris dont je parlais dans le billet se produit extrêmement souvent dans les milieux académiques. C’est peu connu, mais il y a, entre autres, statistiquement, beaucoup de professeurs qui souffrent de trouble de personnalité narcissique. C’est comme ça parce que l’enseignement offre une image, un statut social et une sorte de mini scène où la personne avec un trouble de l’image de soi et se percevant avec une importance démesurée trouve une forme de satisfaction dans les regards qui sont braqués sur elle. C’est pour cela que je ne partage pas l’image automatiquement positive que certaines personnes ont des enseignants. Ce n’est pas parce qu’on est professeur qu’on est automatiquement une bonne personne, même si oui, plusieurs le sont. Le nombre de ces troubles de personnalité augmente dans les milieux universitaires naturellement, puisque le fait d’être professeur à l’université est généralement perçu comme étant un statut social plus élevé, comme étant une preuve que vous êtes « meilleur » sur le plan intellectuel que, par exemple, les professeurs de cégep. C’est un préjugé qui n’est pas toujours vrai. Certaines personnes arrivent à devenir professeurs à l’université par mérite, oui, c’est indubitable. Il y a aussi cependant plusieurs personnes qui y arrivent parce qu’elles sont meilleures pour jouer le jeu. Elles savent se mettre en valeur, dissimuler, calculer, se faire des contacts intéressés, orienter leurs recherches en fonction de la mode actuelle dans les organismes de financement et… Ce qui n’a rien à voir avec la valeur réelle de leur intellect, mais plutôt avec une capacité de calcul, de dissimulation et d’écrasement de l’autre.
On me demande souvent pourquoi je ne cherche pas plus à être en couple avec un universitaire ou quelqu’un ayant mon niveau d’études… Il y a plusieurs raisons à cela. Celle que je viens de nommer n’est pas la moindre. Mon expérience personnelle est qu’en fait, les relations que j’ai eues avec des hommes ayant un niveau d’éducation élevé étaient les plus pénibles et celles où j’ai vécu les pires violences psychologiques. Il y a beaucoup d’hommes profondément pénibles dans les milieux universitaires. Je pense en ce moment entre autres à un professeur que j’ai eu récemment et qui traitait tous les étudiants comme des imbéciles, incluant moi, même si j’ai atteint un niveau de formation académique de beaucoup supérieur au sien. Je ne suis pas une personne qui se permettrait de lui faire la leçon dans son domaine. J’ai, la majorité du temps, au contraire une posture d’humilité qui implique que je suis constamment dans une position d’apprenante, ce qui est extrêmement rare chez les professeurs en fait… alors qu’il me semble que c’est la base du fait d’être un professeur. Il y a beaucoup de professeurs qui sont plutôt dans la posture de l’autorité méprisante et qui assument qu’une fois qu’ils ont terminé leurs études et atteint un poste, ils n’ont plus rien à apprendre. C’est très ennuyant et très méprisant et ça m’énerve profondément.
Je ne sais plus combien de fois j’ai dû faire face à un visage horrifié et dégoûté lorsque je dis que je suis retournée aux études même si j’ai fait un doctorat. Mon retour aux études ne correspond pas à un rejet de ce que j’ai étudié précédemment, mais plutôt à une volonté d’explorer encore plus mes capacités et d’étendre mes connaissances dans plusieurs domaines. Je n’étudie pas pour rabaisser les autres. Mon choix d’étudier n’a en fait rien à voir avec les autres et tout avec moi. Ça me fait me sentir vivante, apprendre et créer. Ça me stimule. Ça me rend plus productive. Ça me rappelle que j’ai toujours plus à apprendre et m’aide à remettre sans arrêt en question ma conception de moi-même et de ce qui compose le monde. Je ne suis pas intéressée à ne rien faire, à vivre sans me poser de question et sans chercher à réaliser mes nombreux projets. Ça me concerne moi et personne d’autre. Je n’exige pas la même chose des autres, même si parfois j’aimerais quand même que les autres réfléchissent et/ou s’informent un peu plus… mais surtout posent plus de questions.
Dans cette critique des hommes du milieu académique, je pense à toutes les fois où on m’a parlé comme si j’étais une ignorante de sujets que je connais mieux que la personne qui m’en parle. Je pense à cet homme qui m’a expliqué la métaphore comme si j’étais une étudiante de première année de cégep alors que j’ai écrit une thèse de doctorat portant sur la métaphore. Je pense à tous ces hommes qui m’ont dit, la première fois que j’étais à l’université, que j’avais des bonnes notes et des bourses seulement parce que tous les professeurs voulaient coucher avec moi… ou encore parce que ce que je faisais était facile. Je pense aux personnes qui me dénigrent sur la simple base de mon apparence, parce que je n’ai pas un look ni une attitude typique de ce à quoi devrait ressembler une madame académique dans leur tête. Je pense aux hommes qui ne savent rien de ce que je fais ni de ce dont je suis capable qui me disent quand même ce dont je suis capable selon eux et ce que je devrais faire sans me poser une seule question ni vérifier ce que j’ai déjà accompli. Je pense à mon ex, prof de maths à l’université, qui s’amusait à m’humilier parce que je ne pouvais pas résoudre les mêmes problèmes mathématiques que lui… comme s’il était en mesure, lui, de résoudre des problèmes complexes de ma discipline… Je pense à toutes les conneries que j’ai entendues sur la littérature comparée. Je pense à ces hommes qui se mettent à parler plus fort, voire à crier, voire à vous insulter au lieu d’admettre qu’ils ne savent pas vraiment de quoi ils parlent et… ou même se « s’abaisser » à simplement écouter et poser des questions. Bien sûr, je fais quand même ce que j’ai à faire et je continue ma vie. Je connais mes capacités et la valeur de ce que je fais. Mais c’est honnêtement vraiment épuisant d’être sans arrêt rabaissée pour aucune raison valable… simplement parce que ce sont des personnes mal dans leur peau incapables d’admettre que vous pouvez être leur égale, voire en savoir plus qu’eux sur un sujet, parfois même, l’horreur, avoir un QI plus élevé et que dans les faits ça n’enlève rien à leur valeur comme personne.
Ce qui était traumatique, dans cette histoire avec mon ancien « ami », ça a été de constater qu’il n’a aucune idée de qui je suis ni de mes connaissances alors qu’il se prétend mon ami depuis 21 ans. De constater que durant tout ce temps où j’accumulais des connaissances sur la santé mentale et les traumatismes, lui ne m’écoutait pas et se disait que je ne savais pas de quoi je parlais. De voir que sans se poser de questions, il m’a rangée dans la catégorie des personnes qui se permettent de parler de ce qu’elles ne connaissent pas… D’apprendre à quel point il me voyait de façon condescendante et fausse… au point de croire que je pourrais être assez stupide et mal informée pour penser qu’on peut guérir l’autisme en lisant un livre. Tout ça est tellement loin de qui je suis dans la réalité que oui, ça m’a fait un choc énorme de voir qu’il pensait autant de merdes à mon sujet tout en se prétendant mon ami. C’est complètement fou et irrationnel. Je sais bien qu’on ne peut pas contrôler comment les autres nous perçoivent, mais il me semble qu’il y a des limites à inventer une fausse personnalité aux autres. Je sais aussi que ça parle de lui et de sa façon méprisante de voir les autres. Il reste que ça a quand même quelque chose de blessant. Quelque chose de vraiment troublant et d’insultant aussi et ça, j’ai le droit de le dire.
À un moment dans notre conversation, il m’a dit qu’il était vraiment désolé si à un moment donné il m’avait fait sentir comme pas intelligente. La vérité est en fait qu’il me parle comme si j’étais stupide depuis la première fois où je lui ai parlé. Et j’aurais dû m’éloigner immédiatement juste à cause de ça et je ne l’ai pas fait parce qu’à l’époque je doutais beaucoup de moi. Aussi par habitude, parce que j’avais grandi avec un homme méprisant qui était incapable d’accepter que sa fille puisse en savoir plus que lui et le dépasser académiquement… au point de commencer à mentir sur le fait qu’il a un doctorat quand j’ai obtenu le mien… parce que tout à coup le fait qu’il ait arrêté à la maîtrise lui semblait une honte, ce qui n’est pas le cas, mais pour lui c’était insupportable de pouvoir être non seulement dépassé, mais dépassé par une femme… Dépassé dans son esprit, hein? Parce que nos domaines de connaissances sont extrêmement différents et que le fait que j’aie un diplôme de plus que lui n’enlève rien à ce qu’il sait… mais lui ne voit pas comme ça parce qu’il croit à ces histoires superficielles voulant que plus on a de diplômes plus on a de valeur… ce qui n’est pas mon cas et n’a jamais été la raison pour laquelle j’étudie. Je m’en fiche, du titre et du bout de papier. Ce sont les connaissances et l’activité d’apprentissage qui m’intéressent… ainsi que leur utilité dans le monde réel. Mais lui, il s’est permis de me faire vivre de la violence simplement parce qu’il avait honte. Au lieu de s’interroger sur la nature et la validité de cette honte, il a cherché à me diminuer… Et ça, c’est répugnant.
J’ai fait la majorité de mes études en littérature comparée. La littérature comparée repose sur l’idée de collaboration des savoirs et non sur l’écrasement d’un domaine par un autre. Pour réussir à faire ma thèse, il a fallu que j’accumule une énorme quantité de connaissances dans plusieurs domaines dont la littérature, la psychologie, la psychiatrie, la philosophie, les sciences cognitives (particulièrement la linguistique cognitive), l’histoire de l’art, l’histoire des femmes, le féminisme, l’histoire des institutions psychiatriques, l’histoire de la médecine, la sociologie et… J’ai aussi dû apprendre des langues étrangères puisque la traduction, bien qu’elle se soit beaucoup améliorée depuis, perd souvent beaucoup de la formulation dans la langue originale et donc perd souvent une partie du sens en même temps. J’enseigne encore aujourd’hui à partir de ces connaissances qui ont été amplement enrichies au fil du temps. J’avoue ne pas comprendre pourquoi certaines personnes se permettent de me prendre pour une ignorante, sauf les raisons superficielles que j’ai mentionnées et le fait que je refuse d’avoir des conversations théoriques avec les personnes qui me rabaissent intellectuellement, chose que ces personnes interprètent comme une incapacité de réfléchir et de parler plutôt que de questionner leur façon de faire et leur attitude… qui sont fondamentalement méprisantes et improductives.
J’ai tapé beaucoup sur un certain type d’hommes aujourd’hui. Il y a bien sûr plusieurs hommes qui sont différents de cela. J’en ai plusieurs dans mes collègues, entre autres, et dans mes amis. Certaines femmes ont aussi cette attitude que je dénonce ici. Je me rappelle entre autres une conversation avec une prof de philo (après j’arrête avec les profs de philo, oui… promis) qui m’a dit un jour que si ce qu’elle enseignait était aussi facile que ce que j’enseigne, elle aussi serait capable d’enseigner en anglais. Je suis capable d’enseigner en anglais parce que j’ai travaillé ma maîtrise de la langue… pas parce que ce que j’enseigne est « facile »… mais c’est tellement difficile pour tellement de personnes de questionner ce qu’elles pensent que ça donne ce genre de remarques condescendantes vides qui ne font que démontrer l’ignorance de la personne qui parle et sa volonté d’écraser l’autre pour se remonter.
Bonne fin de semaine!

Quels sont ces esprits étroits qui se permettent de porter un jugement ? Chacun se reconstruit comme il le souhaite. Je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir de malsain dans cette analyse et je peux parfaitement concevoir que cela s’inscrive dans une démarche de réparation.
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Je vous remercie pour votre commentaire. Je pense que ce sont des personnes malheureuses qui préfèrent rabaisser les autres plutôt que de regarder en elles-mêmes et de travailler sur elles… Je pense aussi que la démarche est cohérente.
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Merci, j’ai appris des choses grâce à votre article. J’ignorais que le monde des enseignants pouvait être si brutal. Restez forte, vous savez ce que vous valez et vous avez visiblement des qualités morales qu’ils n’ont pas !
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Merci beaucoup!
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