Noël  (Partie 2)

            Je suis désolée pour le délai. Je sais que j’avais dit le 25, mais finalement, j’ai pris 3 jours complètement off de tout. Je me suis remise en marche seulement ce matin… et même là je tire encore un peu de la patte. On se souvient que j’ai fait un burn out cette année et que je n’ai jamais arrêté pour autant… mais j’y reviendrai. Ça fait partie des choses dont je veux parler, de pourquoi je suis capable de travailler même dans un état psychologique qui en arrêterait d’autres.

            Le jour où tout a fermé au début de la pandémie, j’avais eu une intuition la veille et je trouvais que cela commençait à être dangereux que tout le monde soit en contact comme cela malgré le virus qui se répandait rapidement. J’avais donc pris une journée de maladie au travail. J’étais vraiment malade, depuis plusieurs semaines, mais comme je suis moi, je me forçais à travailler quand même, pensant que c’était une sinusite doublée d’une bronchite comme d’habitude. En fait, je pense que j’ai eu la Covid au début de la pandémie et que c’est pour cela que j’étais si malade.

            Au début, comme tout le monde, j’avais peur et je ressentais beaucoup d’anxiété. Ça n’a pas été très long cependant. J’ai un peu trop mangé à ce moment. C’est malheureusement souvent la façon que j’ai de me consoler quand plus rien ne va maintenant que je ne fume plus, que je ne me drogue plus et que je ne bois plus très souvent. J’y travaille cependant et c’est pas mal moins extrême qu’avant. Les choix que je fais pour « me faire plaisir » sont aussi très différents de ce qu’ils étaient avant. Il reste que c’est dur à secouer comme habitude, parce que c’est ce qu’on me faisait dans l’enfance. On me faisait manger ou on m’achetait quelque chose quand je n’allais pas bien… et on m’abandonnait devant la télé. Ce ne sont pas des façons très efficaces de consoler un enfant, au cas où vous ne le saviez pas… cela prépare aussi le terrain aux troubles alimentaires par la suite. Ce qui ne veut pas dire que trop ou mal manger de temps à autre soit mal non plus. C’est plutôt une question de modération, il semblerait. 

            Je dois aussi préciser, avant d’entrer dans les choses que je trouve pertinentes pour aller mieux pendant un confinement, que j’ai eu une vie et des expériences qui diffèrent de la norme. Ça, plus le fait que je suis en thérapie depuis 15 ans m’a très certainement aidée à le vivre mieux que d’autres. Par exemple, ce qu’il s’est passé cette année, ce n’était pas la première fois. Je parle du fait de me faire abandonner et/ou juger par plusieurs personnes alors que je traverse une crise difficile. C’est arrivé à chaque fois que j’ai eu une période où mes symptômes de stress post-traumatiques étaient très sévères. Tout le monde déserte quand il vous arrive quelque chose de grave… tout le monde ou presque. Des personnes qui se racontent être de bonnes personnes et qui n’écoutent pas ce que vous leur expliquez sur votre état. Des personnes qui entendent peut-être, mais se racontent à elles-mêmes que vous dites des conneries, que vous exagérez et préfèrent croire leur jugement de vous, fondé sur l’ignorance dans la majorité des cas. Parfois le déni aussi. Ça n’arrive pas qu’à moi malheureusement. C’est pour ça que j’ai été profondément dégoûtée quand un homme qui m’a sauté dessus à pieds joints deux fois pendant que je traversais une période de stress post-traumatique liée aux violences conjugales que j’ai vécues m’a sorti les féminicides comme argument de pourquoi nous ne devions plus être confinés… Comme s’il se souciait réellement de la violence conjugale… C’est d’une hypocrisie terrible… mais probablement que c’est parce que je vis seulement de la « petite » violence conjugale et que pour lui c’est grave seulement quand on a la face défoncée et/ou qu’on est morte… ce qui n’est qu’une infime partie de la violence conjugale… mais il préfère l’ignorer puisqu’il est violent lui-même et que choisir de le voir impliquerait beaucoup trop de remise en question et de travail sur soi… Mieux vaut me taper dessus… C’est plus facile. 

            Donc une des choses qui m’est arrivée quand la pandémie a commencé, c’est le retour d’événements ou de pensées très sombres dans mon esprit, des choses provenant du passé, dont je pensais avoir fait le tour ou d’autres que j’avais même oubliées. Je pense que ça, ça a dû arriver à beaucoup de gens et que les personnes qui n’ont pas l’habitude de passer du temps seules ont dû avoir une surprise de taille quand ça s’est produit. C’est une des choses qui a été troublante à réaliser pour moi. Combien peu de personnes sont capables de rester seules. Je pense que ça a à voir avec ces pensées justement. Quand on est avec quelqu’un d’autre, c’est plus facile de refouler et de faire comme si ces choses ne s’étaient jamais produites ou qu’elles n’avaient plus d’importance. J’avais été confrontée à ça souvent. Les autres fois où les violences que j’ai vécues et leurs effets secondaires ont fait le vide autour de moi. Quand j’ai arrêté de boire souvent et de fumer aussi. C’est une des raisons pourquoi il est si difficile d’arrêter de consommer quelque chose. Parce que tout remonte d’un coup. Si vous n’avez jamais fumé, vous n’avez aucune idée de tout ce qu’une personne peut refouler, noyer sous la petite vague de plaisir due à la simple nicotine.  

            Alors qu’est-ce qu’on fait avec ça? Bien on apprend à rester seul et à affronter ces pensées, à examiner ce qui est arrivé, ce que ça nous a fait. À examiner et questionner qui a dit et fait ces choses et la valeur que peut avoir le jugement d’une telle personne. Est-ce que c’est facile? Non. C’est plus simple de le faire avec un thérapeute, oui, mais ça peut aussi être fait seul. Écrire aide. Je sais que beaucoup de personnes ont des préjugés négatifs envers les journaux personnels. Ces préjugés sont naïfs. Le journal est un outil de réflexion tout simplement, un outil de réflexion extrêmement puissant, et il n’est pas réservé aux fillettes, non. Donc une des choses que je fais chaque matin, c’est écrire au moins 15 minutes tout ce qui est en moi. Certaines personnes ne sauront pas quoi dire au début. D’autres auront une avalanche incessante de pensées à mettre à l’écrit. C’est une pratique qui fonctionne sur la durée. Ce n’est pas après un jour ou deux qu’on voit une réelle différence. Ça prend du temps. Pas d’impatience. Qu’est-ce que j’écris? Tout et n’importe quoi. Au début ça sort tout croche. Après un temps, ça se place et les choses qui nous préoccupent et sont importantes deviennent plus claires. 

            À quoi ça sert? À apprendre à se connaître et à travailler sur soi. À arrêter le flot incessant de pensées qui tournent dans la tête. À identifier quelles sont nos valeurs. À agir de façon plus conforme par rapport à qui on est. Je suis quelqu’un pour qui les autres, leur sécurité, leur bien-être sont importants. Ça me met vraiment en colère quand je vois des personnes agir sans se soucier du bien du plus grand nombre. Ça ne veut pas dire qu’il faut se soucier du regard de l’autre. Ce sont des choses différentes. Cela veut plutôt dire de prendre du recul par rapport à ce qu’on a envie de faire et aux conséquences que cela aura sur la vie des autres. Beaucoup de choses pénibles qui me sont arrivées ne seraient jamais arrivées si les personnes s’étaient posé une seule seconde la question de ce que cela allait me faire, de comment cela m’affecterait, de ce que cela me conduirait à vivre. C’est important. Je sais que la mode en ce moment dans la psycho pop, sur les réseaux sociaux et ailleurs aussi, est de faire disparaître tout ce qui nous dérange. C’est de la merde et c’est très nuisible comme tendance. Il serait plus utile de faire un sérieux examen de conscience pour comprendre pourquoi cela nous dérange et s’il ne serait pas possible de voir les choses autrement. 

            J’entends déjà les cyniques me dire que je n’ai rien inventé de cela. Non, en effet et je ne prétends pas le contraire. Il reste qu’il semble y avoir plusieurs personnes qui ne savent pas que c’est important d’apprendre à se connaître et à être bien avec soi. Il y a des personnes qui fuient littéralement leur intériorité. Il y a des personnes qui n’ont aucune idée de qui elles sont et n’ont aucune conscience d’elles-mêmes. Quand la pandémie est arrivée, au lieu de me concentrer sur ce que je ne pouvais plus faire, j’ai choisi de voir la dimension isolement comme une opportunité que j’avais de me connaître mieux intérieurement et de travailler sur des aspects de moi et de ma vie qui me plaisaient moins. Ça a passé extrêmement plus vite et plus positivement pour moi que pour à peu près tout le monde que je connais, sauf les personnes qui vivaient un peu comme ça déjà avant et qui n’ont pas ressenti de peur panique à l’ide de devoir passer du temps, beaucoup de temps seules soudainement. Ça se cultive, l’amour de sa propre présence, la passion de la conscience de soi et du quotidien. Bien sûr, si vous avez vécu des traumatismes graves, il vaut mieux commencer doucement et au moins chercher à se mettre sur une liste d’attente pour pouvoir avoir des services de thérapeutes professionnels si vous n’en avez pas déjà. 

            J’ai énormément plus de choses à dire et des exemples à ajouter pour préciser. J’ai beaucoup d’exemples d’activités aussi. Je continuerai cette semaine. J’en ai assez pour aujourd’hui. Bonne journée!  

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