Premier bilan de fin d’année… (Fin)

            J’ai décidé de finir la partir des choses négatives de l’année parce que je ne suis plus capable de penser à ces histoires en particulier. Je sais que dans certains cas je me répète, mais c’est en partie volontaire, pour renforcer l’intégration de la leçon dans mon esprit. 

            Dans ma colère face à la rentrée en présentiel, il y avait aussi une dimension personnelle, oui. Celle-ci relevait de mes valeurs et du caractère pour moi non éthique de la décision du gouvernement de nous forcer à rentrer en classe. Mon ancien « ami » m’a dit que je ne voulais pas me remettre en question parce que je ne voulais pas considérer son argument selon lequel il y avait d’autres personnes qui ne pensaient pas comme moi et que par exemple, certaines personnes pouvaient considérer que ça valait le risque de choisir de manger du McDonald ou de choisir de faire du vélo en ville même si cela mettait notre santé, voire notre vie, en danger. Ce n’est pas que je ne voulais pas le considérer. C’est que ça m’a pris 30 secondes pour identifier que son argument ne fonctionnait pas dans le contexte et qu’il ne me servait à rien d’y consacrer du temps. On ne peut pas comparer une situation où une personne choisit de mettre en danger sa santé et sa sécurité avec une situation où elle est forcée de le faire et où cette obligation met aussi la sécurité des autres en dangers contre notre consentement. Argument nul. Fin de la discussion. Je n’étais donc pas à l’aise de me voir forcée de mettre la santé des autres en danger en allant de force m’enfermer dans des locaux clos pendant des heures avec des groupes de 40 personnes, 40 personnes n’étant pas toute vaccinées, 40 personnes ayant des proches incluant des enfants en bas âge… en plus de mes collègues et leurs enfants, en plus de tous les autres étudiants et employés du collège circulant entre ses murs, en plus des personnes dans le métro et… Je n’ai pas trouvé ça drôle du tout, non, de me voir placée dans cette position qui allait complètement contre ce en quoi je crois et contre tous les efforts que je faisais depuis le début de la pandémie. Mes étudiants, lors des sessions en ligne, se sont montrés heureux, enjoués et motivés. Je comprends que je suis une exception selon ce que j’ai entendu. Mon problème avec ça, c’est qu’au lieu de me demander ce que j’avais bien pu faire avec eux, quelles mesures j’avais pu mettre en place pour que la situation dans mes cours soit comme cela, on m’a accusée, si j’en parlais, de me vanter, d’être égocentrique et de me prendre pour un autre… comme si la possibilité que j’aie pu faire des bons choix, mettre une quantité infinie d’efforts à les motiver, à leur apprendre à voir la situation autrement, à les convaincre de mettre des efforts dans leur développement personnel n’avait jamais pu effleurer l’esprit de qui que ce soit. J’ai donné pratiquement tous mes cours, même quand mon chien était mourant et que j’attendais d’aller à l’hôpital avec lui… Et pendant ce temps, des personnes qui n’ont que passé le même enregistrement fait d’avance à tous leurs groupes se demandent comment ça se fait qu’eux se sont ennuyés, se sont sentis isolée, n’ont pas reçu de messages disant que ça avait été exceptionnel et que les étudiants avaient développé un lien vraiment fort avec moi contrairement à leurs autres professeurs malgré la situation… mais non… c’est juste impossible que j’aie pu faire quelque chose de bien. L’explication la plus plausible est bien sûr que je suis une tête enflée qui ne pense qu’à elle. 

            J’ai discuté de mes expériences de cette année avec mon psy durant toutes les séances cette année. Durant la dernière, il m’a dit que ce que mon ancien « ami » et beaucoup d’autres personnes me font vivre, c’est un déni de la valeur de ma subjectivité. Ils agissent comme si mon intelligence, mes connaissances et mes expériences n’avaient aucune valeur et qu’eux savaient mieux que moi ce que je vivais et quelle était la vérité de ma vie. Cela n’implique pas qu’ils le font avec de mauvaises intentions. C’est le même mouvement qu’il y a dans la colonisation, dans le racisme, dans le sexisme et dans les autres formes d’oppressions et de violence. Par exemple dans l’accusation qui m’a été faite de paranoïa ou de négativité, selon les cas. Je ne suis pas une personne paranoïaque ni une personne négative. Si on prend le seul cas de ma relation aux hommes, mes peurs, mes conclusions sur ce qu’ils me font, elles viennent de mes expériences et des connaissances que j’ai acquises dans mes cours, dans mes lectures et en thérapie… Il n’y a aucun délire paranoïaque de ma part. Simplement des faits. Il y a beaucoup de personnes qui ne travaillent pas et ne travailleront jamais sur elles-mêmes, qui ne se remettront jamais en question, qui auront toujours l’idée qu’elles sont supérieures aux autres et savent mieux qu’eux. C’est un fait. C’est aussi un fait que c’est insupportable. C’est aussi un fait que la plupart des gens choisissent de voir seulement la partie de la réalité qui les arrange. La preuve que je ne suis ni négative ni paranoïaque, c’est que j’ai quand même toujours eu le courage et la force de passer par-dessus mes expériences et d’essayer à nouveau de connaître des hommes malgré tout ce que j’avais vécu. C’est toujours moi aussi qui fait le plus d’efforts et qui se remet le plus en question dans absolument toutes mes histoires. C’est aussi toujours moi qui ai passé le plus de temps à travailler sur moi en thérapie malheureusement. Je choisis aussi toujours des hommes qui sont en apparence différents. Je dis en apparence parce que c’est impossible de savoir d’avance ce qu’ils se révéleront être intérieurement. Du promeneur de chiens au prof d’université, j’ai exploré toutes les couches sociales et une variété infinie de métiers et d’origines… Le fait reste cependant qu’il est impossible pour moi de deviner quel sera le profil psychologique de la personne simplement à partir de son métier, de son origine, de son âge ou de son apparence. Les gens veulent penser que c’est impossible que ça leur arrive à eux, donc ils me lancent plein d’idées préconçues par la tête afin de me prouver que ce qui m’arrive est ma faute. C’est faux. Et tout ce que je peux faire pour changer les choses, je le fais déjà. Je mettrai quelques éléments supplémentaires en œuvre maintenant pour essayer d’augmenter encore les chances que ça se passe bien… mais je ne suis pas la seule qui doit fournir des efforts. Je ne suis pas seule non plus à vivre ces choses. Elles se produisent dans la vie de milliers de personnes tous les jours partout sur terre. Ce que je vis n’a rien de rare. Il y a cependant beaucoup de personnes qui choisissent de persister dans des relations malsaines et qui se soumettent à l’autre et ça c’est infiniment triste.        

            Il y a donc beaucoup de personnes qui confondent ce qui est chez moi une accumulation incroyable d’expériences négatives réelles, des connaissances réelles sur la nature et la psychologie humaines, une observation et une analyse minutieuses des comportements avec de la négativité et des peurs irrationnelles. Mes peurs sont fondées et je fais preuve d’un courage incroyable en m’exposant à nouveau à chaque fois quand même à être blessée à nouveau. Même maintenant, après l’horreur que j’ai vécue encore cette année de devoir revivre encore un état de stress post-traumatique intense à cause du manque de réflexion et du manque de travail sur soi d’un homme, je me force encore à essayer de connaître de nouveaux hommes. À chaque fois j’arrive à assumer que c’est une personne différente et que les choses peuvent se passer différemment. À chaque fois je modifie mon comportement et je continue à travailler sur moi. À chaque fois je suis ouverte sur ce que j’ai vécu et sur comment la situation est difficile pour moi. Il n’y a pas de secret. Il n’y a pas de vice caché. Je suis toujours complètement honnête… et c’est toujours l’autre qui me fait quelque chose d’horrible… Eh oui, à la fin, ça me fait vivre de la colère. Imaginez c’est quoi, de travailler sur soi pendant 15 ans et d’être face à des personnes de maintenant plus de 35 ans qui prétendent toujours que ce n’est pas leur faute, des personnes qui me disent des choses comme « J’aimais ça ce qui se passait entre nous parce que c’était léger. », alors que je leur ai raconté tout ce qui n’est arrivé d’horrible et que je souffre de stress post-traumatique complexe chronique… Je ne sais pas par quelle absence de conscience de l’autre c’est possible de s’imaginer que la situation est « légère » pour moi ou que c’est une bonne idée de prendre à la légère ce qu’il se passe entre nous. Imaginez combien c’est infiniment décourageant d’entendre que la personne pense que c’est mieux de se sauver parce que la situation crée de l’anxiété chez elle alors que c’est la pire décision qu’elle peut prendre pour sa santé mentale… L’homme fuyant de cette année, il m’a dit que ce n’était pas sa faute, que c’était parce qu’il ne s’aimait pas… Le fait que c’est lui qui a choisi de ne pas aller chercher de l’aide jusqu’à l’âge de 40 ans alors qu’il sait ne pas bien aller ne semble jamais lui avoir effleuré l’esprit… Tout comme ces hommes qui en arrivent à tuer leur femme et qui l’ont vu pleurer parfois pendant des années et n’ont jamais envisagé le fait que peut-être c’était eux le problème, qui ont à chaque fois plutôt choisi de penser qu’ils avaient raison et que c’était elle la femme hystérique et méchante et qu’elle le méritait… Il y a une part de choix dans le fait de ne pas aller chercher d’aide pour gérer sa santé mentale. Il y a des personnes qui n’en ont réellement pas de choix, comme la femme schizophrène auprès de qui j’ai été bénévole dans le passé. Elle ne peut pas choisir de ne plus souffrir de cela, mais une personne violente, une personne qui méprise les autres et les rabaisse, cette personne-là, elle pourrait choisir, oui, de se remettre en question et d’aller chercher de l’aide… mais c’est beaucoup plus facile de chercher à écraser l’autre, le fuir ou éventuellement le tuer. Ça évite d’avoir à se poser des questions et à faire l’effort de travailler sur soi. Ça prend des années, changer. C’est un long travail. Il faut le vouloir vraiment et accepter, à la base, d’être imparfait… ce qui est le cas de tous les êtres humains, mais qui semble étrangement insupportable à concevoir pour plusieurs. 

            Ce n’est pas trop demander de ma part de penser qu’un jour je rencontrerai quelqu’un qui prendra au sérieux le fait de m’aimer et qui fera les efforts nécessaires pour que la relation soit possible. Quelqu’un qui m’écoutera réellement et prendra le temps de considérer ce que je lui dis et ce que j’ai vécu. Je sais que c’est possible. Je le fais pour les autres. Je vois d’autres personnes le faire pour les autres aussi. Ce que j’ai vécu ne fait pas de moi une personne difficile, voire impossible à aimer. Il y a des personnes qui voient ma force, mon intelligence, ma curiosité, ma générosité, ma gentillesse, ma créativité, mon immense capacité d’amour et qui ne les trouvent pas effrayantes. Il y a des hommes qui n’ont pas besoin de diminuer les femmes ou de se sentir supérieurs à elles pour pouvoir être en relation. Il y a des hommes qui n’ont pas des idées datant des années 50 qu’ils trouvent parfaitement normal d’entretenir malgré comment la société a changé depuis. Il y a des hommes bons et intelligents. Je le sais. C’est pour cela que je me force toujours à essayer d’en connaître de nouveaux, que je suis curieuse des autres malgré tout ce qui m’est arrivé. Je suis curieuse de ces hommes à qui je parle, que ce soit de façon amicale ou amoureuse. On verra. Je ne sais pas ce que je veux puisque je ne les connais pas encore. À suivre… 

            Une chose qui doit cesser en moi cependant, c’est mon désir d’être entendue et vue par des personnes qui sont incapables de le faire et qui nient ma valeur comme personne. Je sais que cette tendance à espérer que l’autre me voit et m’entende vient de la petite fille que j’ai été qui espérait infiniment que ses parents la voient et l’entendent, qu’ils en prennent soin, alors qu’ils étaient trop absorbés en eux-mêmes et leurs problèmes pour s’occuper de qui que ce soit décemment… parce qu’ils refusaient d’aller chercher de l’aide. Il faudra que je lui fasse comprendre, à cette petite fille pleine d’espoir, que parfois il faut abandonner plus vite et que certaines personnes ne la verront, ne l’entendront et ne l’aimeront jamais. Ces personnes-là ne sont pas pour elle et elle n’a pas à être gentille avec elles après qu’elles lui ont manqué de respect et l’aient maltraitée de façon parfois épouvantable. 

J’ai appris cette année que je dois faire plus confiance à mes expériences et mes connaissances. Je sais ce que je vis et je sais de quoi je parle. 

J’ai plein de choses à réparer, reconstruire, vivre et créer maintenant.

Merci d’avoir lu. 

À plus pour des choses plus heureuses qui se sont aussi passées cette année!   

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