Ma position face à la rentrée des classes de l’automne dernier en présentiel malgré la suite de la pandémie, ne reposait pas sur ma sécurité personnelle, chose qui aurait été protégée par l’enseignement en ligne, oui. Il reste que ce n’était clairement pas juste à moi que je pensais. Les gens ont cependant rapidement passé aux attaques personnelles en me disant que j’allais être ok et de ne pas m’en faire pour moi-même, ce qui n’était pas vraiment le cas. J’ai trouvé ça insultant et troublant de voir que les gens me connaissaient si peu. J’ai fait l’effort de vivre de façon monacale pendant toute la pandémie. Je sors à peine plus maintenant, sauf pour aller travailler, aller suivre mes cours à l’université et aller voir quelques amis. Je l’ai fait par choix. Pas parce que j’avais peur ou que je pensais à ma moi. Je l’ai fait pour les autres. Je l’ai fait parce que je savais que j’étais capable de traverser la situation seule sans trop de problèmes (avec des contacts en ligne, c’est sûr). J’ai choisi volontairement de me retirer du nombre des personnes qui devraient « être gérées » parce qu’elles influençaient le nombre de contaminations. On m’a dit que j’étais anormale. Certaines personnes ont pété des crises pour que j’aille les voir et… Ce n’était pas bizarre ni anormal. J’ai simplement choisi de ne pas contribuer au problème pandémique et de me plaindre le moins possible. Je ne me suis jamais plains de la situation pandémique, même si je suis encore triste pour tous les morts. Il me semblait qu’en rajouter sur la situation était égocentrique. Je me suis concentrée sur mes projets, sur les mesures de sécurité, sur le fait de prendre des nouvelles de mes proches et moins proches, sur le fait que j’étais chanceuse de pouvoir travailler en sécurité chez moi dans mon appartement et…
Malgré tout ce que j’ai vécu dans ma vie, c’est comme ça que je me considère : une personne chanceuse (mais qui travaille fort, quand même, hein? Je n’ai rien eu gratuitement, dans la vie). Je suis infiniment reconnaissante d’être en vie, d’avoir eu la force et le courage d’affronter mes peurs, d’avoir l’intelligence et les capacités que j’ai, d’avoir un corps globalement en santé et… Tous les jours, je remercie la vie pour tout ce que j’ai appris et vécu et tout ce qu’il me reste à apprendre et à vivre, le merveilleux comme le terrible.
Quand la nouvelle que nous allions rentrer en classe en présentiel est arrivée. J’ai ressenti un sentiment d’absurdité vraiment profond. Je ne pensais pas à moi, non. Je pensais aux enfants. Le discours officiel a été que nous rentrions en classe pour la santé mentale des étudiants. D’après ce que j’ai observé, je ne sais pas si ça a tellement aidé, ce retour en classe. Certaines personnes, oui. D’autres, définitivement pas. Mon sentiment d’absurdité était, comme je l’ai dit, lié aux enfants. Il me semblait que c’était eux qu’il fallait protéger le plus possible et qu’exposer ainsi les adultes et jeunes des études supérieures était un risque inutile, une propagation de cas absolument évitables, mais qui mettaient en jeu la vie et l’avenir de milliers d’enfants non vaccinés et à risque de développer des complications à long terme qui risquent d’handicaper leur vie pour toujours. Il me semblait que les personnes de 15 ans et plus auraient pu assez facilement trouver des moyens d’aller mieux pour quelques mois encore. L’image qui m’est alors venue, c’est celle de la Thalidomide. Exposer les enfants au virus maintenant sous prétexte que les plus vieux s’ennuient et ne se sentent pas bien, ça m’a semblé un peu comme si, à l’époque, après avoir vu que les enfants naissaient difformes à cause de l’ingestion du médicament, on prétendait que les femmes enceintes n’avaient aucun autre moyen de faire passer leur stress et leurs nausées que de continuer à prendre ce médicament, peu importe ce qu’il ferait aux enfants. Pour moi, ce scénario d’horreur est celui qui a été choisi pour les enfants aujourd’hui. Nous ne saurons que dans quelques années si c’est le cas ou pas, mais j’espère sincèrement avoir tort et que les médecins aussi auront torts et que les enfants exposés inutilement au virus maintenant ne vivront pas toute leur vie avec le poids du choix qui a été fait dans notre société et qui me semblait amplement évitable.
C’est pour cela que j’ai pété ma coche sur Facebook en disant que les gens avaient quelque chose d’enfantin dans leur refus de changer de comportement ne serait-ce que pour un temps, dans le fait qu’ils puissent considérer que c’est un drame de ne pas pouvoir voyager ou aller au restaurant alors que des milliers de personnes meurent, dans le fait qu’ils trouvent ça grave que leur confort soit diminué pour quelques années pour éviter que des personnes souffrent pour le reste de leur vie ou meurent. Je sais que ce n’est pas nouveau. Je sais que cette hypocrisie-là existe face à tous les pays défavorisés où les gens souffrent et meurent pour notre confort. J’ai juste eu la naïveté de penser que le fait que la pandémie était plus visible affecterait les gens d’une bonne façon, les ferait réfléchir et prendre sur eux, un peu. Ma publication n’était pas idéale, mais il n’était pas non plus outrageant comme on a essayé de me le faire croire. Je n’ai plus de patience. Il y a définitivement quelque chose d’enfantin dans ce refus de penser à l’autre, de patienter, de travailler sur soi, d’apprendre à s’occuper pour ne pas nuire et… Et c’est décourageant pour moi qui me suit effacée si longtemps et qui ai toujours fait passer les autres avant moi jusqu’à il y a tout récemment.
Après m’avoir insultée pour me remettre à ma place, mon ancien « ami » m’a dit que j’accordais trop de prix à la vie humaine. Comme si le fait de pouvoir aller manger au restaurant était plus important qu’une vie humaine (C’est triste pour les restaurateurs, oui, je sais, mais beaucoup ont organisé un service pour emporter ou livrer et cela leur a permis de survivre en attendant…). Le confort, et dans ce cas, je dirais le grand luxe, n’est pas pour moi plus important qu’une vie humaine et ça ne le sera jamais, surtout pas si je peux éviter des morts supplémentaires en faisant le simple geste de rester chez moi en tout cas. Vous pouvez considérer que ça l’est, mais je ne suis pas obligée d’aimer ça et je n’ai pas à me taire là-dessus. Ça ne donne pas le droit aux autres d’essayer de m’intimider ou de me faire croire que c’est moi l’égocentrique dans l’histoire. Ça ne leur donne pas le droit d’essayer de me faire taire par la violence en me rabaissant pour éviter de voir leur propre hypocrisie.
Cette année, j’ai appris que beaucoup de personnes projettent leurs défauts et leurs comportements malsains, violents et asociaux sur les autres, comme cette fille dans le dernier billet dont la conclusion est, quand elle voit quelqu’un qui pleure, que cette personne est égocentrique parce qu’elle ne lui parle pas d’elle… Je savais déjà que la tendance à faire ça était forte, mais là ça a atteint une ampleur que je n’aurais jamais imaginée. Durant la dernière conversation avec cet « ancien » ami, j’ai essayé à plusieurs reprises de terminer la conversation. Il continuait. J’ai continué un peu quand il redevenait plus doux ou semblait le faire. À la fin, il a écrit impatiemment que je n’avais pas l’air de comprendre qu’il ne voulait pas s’engager dans la conversation… Comme si c’était moi et non lui qui l’avait commencée, comme si je n’avais pas essayé d’y mettre fin à plusieurs reprises. C’est un aveuglement épeurant. Tout ça pour se convaincre que je suis le problème.
Je ne suis pas le problème. Ça fait 15 ans que je suis en thérapie et que je travaille sur moi. Quand je raconte aux autres les choses que les personnes qui essaient de me faire croire que c’est moi le problème me font, les gens reculent la tête et agrandissent les yeux d’horreur et font des commentaires découragés… Mon psy aussi, me confirme bien que ces choses qu’on me fait sont insensées… et que je donne souvent des chances à des personnes que n’importe qui sauf moi sortirait de sa vie en trente secondes… mais ces personnes ont le culot de continuer à essayer de me faire croire que je suis le problème… C’est juste ridicule.
En 2021, j’ai appris que je ne suis définitivement pas le problème, même si comme tous les autres êtres humains, je ne suis pas parfaite. Je suis une personne saine, aimante et intelligente. Je continue à travailler sur moi en thérapie pour améliorer ma vie et mon rapport aux autres.
J’ai aussi pris une grande décision : À partir de maintenant, la prochaine fois que quelqu’un essaie de m’entraîner dans un échange malsain, je lui dirai une phrase comme : Le comportement que tu adoptes en ce moment est répertorié dans beaucoup de livres sur la violence psychologique comme étant de la manipulation. Je n’interagirai plus avec toi tant que tu adopteras ce comportement. Et je ferai le disque qui saute ensuite si c’est nécessaire. Cette année, j’ai subi une bonne partie des conversations les plus pénibles et les plus malhonnêtes de ma vie. C’est fini. Je n’ai plus de temps à perdre avec des personnes qui veulent m’écraser pour que je leur obéisse et que je sois conforme à leur vision d’eux-mêmes et du monde. J’ai des choses beaucoup plus importantes à faire et des personnes saines dans ma vie.
À plus!
