Cette semaine, je repensais à ce que mon « ami » m’avait dit. J’étais comme hantée par cette phrase qu’il m’a dite selon laquelle être malade pendant 15 ans ne nous rend pas expert de quoi que ce soit. Phrase qui m’a révélée que c’est comme cela qu’il me perçoit, comme une personne malade. Cela m’a révélé aussi qu’il n’a aucune idée de ce qu’il se passe en thérapie, ni de mon niveau intellectuel, ni de ce que je fais de ma vie. Ça a quelque chose d’ahurissant pour moi de constater qu’une personne puisse se prétendre mon amie et si peu me connaître. C’est aussi ahurissant pour moi qu’une personne qui a genre 1/10 de mes connaissances sur la santé mentale et les traumatismes puisse se mêler de juger ma santé mentale et de penser qu’elle sait mieux que moi ce que je vis… Ce ne sont pas les 15 ans de thérapie qui me rendent experte de ce que je vis… Ce sont les centaines d’articles et de livres que j’ai lus sur le sujet et les professionnels en santé mentale que j’ai consultés à ce sujet. J’en sais même plus que plusieurs thérapeutes sur le sujet. Je me fais souvent qualifier de cas « défi » parce que je sais mieux qu’eux ce qu’il se passe dans mon corps et mon cerveau à cause de ce que j’ai vécu et qu’ils doivent se retrousser les manches pour que je me sente en sécurité auprès d’eux pour recevoir des soins. Et lui qui ignore tout de cela, me dit de ne pas y penser, de boire et.. il pense qu’il sait mieux que moi? Oui, ça m’est arrivé parfois de me fâcher quand je discutais avec, mais quand quelqu’un écarte systématiquement le savoir réel que vous avez au sujet de votre condition et de ce que vous vivez en essayant de vous faire faire et croire des choses profondément mauvaises pour vous, c’est normal de se fâcher. C’est fâchant les personnes qui nuisent à la santé mentale des autres en leur disant n’importe quoi sur des choses qu’elles ne maîtrisent absolument pas.
Je me suis demandé ce que cela signifiait. Est-ce que cette personne m’a présentée aux autres de cette façon depuis des années? Comme une personne « malade » dont il fallait excuser le comportement? C’est épeurant… puisqu’il n’y a vraiment pratiquement rien dans mon comportement social qui relève de ce que j’ai vécu, à part le fait de me tenir un peu plus en retrait socialement. Je suis saine d’esprit et rationnelle… Il n’y a rien d’anormal en moi. Tout est parfaitement cohérent avec ce que je suis et ce que j’ai vécu. Est-ce qu’il a toutes ces années dénigré intérieurement mon discours parce qu’il se raconte que je suis une personne malade? Est-ce qu’il se pense réellement « mieux », « plus sain » que moi? Cette personne a pourtant des comportements tellement malsains… C’est difficile, je trouve, de constater l’ampleur de l’aveuglement même si j’en parle souvent. J’ai une difficulté à accepter que les gens agissent comme ça dans la réalité, même si je le sais.
En même temps, parce qu’on a essayé de me faire croire toute mon enfance que ma pensée, qui je suis, ce que je veux et… sont inadéquats et méritent à peine de vivre, ce n’est pas étonnant que je me sois entourée de personnes qui essaient de me faire croire cela aussi. Je reste surprise que tellement de personnes ont encore des préjugés tellement débiles sur la thérapie et ce qui s’y passe. Qui y va aussi. La personne qui y va est généralement la plus saine de son entourage. Elle y va pour ce que les autres lui font et non parce qu’elle serait terriblement malade. Elle y va pour échapper aux mensonges, aux manipulations, aux violences des autres. Ce n’est pas pour dire que je n’ai pas de problèmes. J’en ai. J’ai par exemple tendance à beaucoup idéaliser les autres, ce qui fait que je tombe de très haut quand l’autre montre son vrai visage, sa véritable nature… comme là, l’incroyable superficialité de sa connaissance de moi après tout ce temps.
Je sais que je vais devoir apprendre à me dégager plus de ce que les autres pensent de moi. C’est fondamental à ma survie, à ce point. Ça me touche beaucoup en bonne partie parce que c’est ce qui m’a nourrie enfant: des horreurs, des mensonges, des violences proférées à mon endroit. Souvent, quand ça me touche, ce n’est pas parce que ce serait vrai comme le disent souvent les gens mal informés qui ne veulent pas se remettre en question. C’est parce que ça me révèle qui est l’autre et que cela me renvoie encore une fois à l’horreur que j’ai vécue. Ça me donne l’impression que je n’y échapperai jamais et que tout le monde est comme ça. C’est faux, mais ça reste épuisant qu’il y ait tant de personnes comme cela. J’ai besoin de relations plus saines pour guérir davantage. J’ai besoin de liens sécurisants. J’en ai quelques-uns, mais il en faudrait plus. J’ai besoin de me sentir réellement en sécurité… mais c’est vraiment très difficile parce que les mauvais liens se produisent trop souvent, me traumatisant à chaque fois à nouveau. Ça vient répéter l’horreur de mes premiers liens affectifs. Je sais cependant qu’autre chose existe et que je dois faire plus attention à qui je laisse entrer dans ma vie et qui je laisse rester là. Je vois clairement maintenant comment certaines de ces personnes m’ont nuit à travers le temps avec leurs propos violents à mon sujet ou à propos de mon travail. Souvent quand je relevais des choses déplacées, on me disait avoir droit à son opinion… mais quand ton opinion est systématiquement dénigrante ou qu’elle a été démontrée fausse depuis des décennies et nuit aux autres, il y a un problème et ce serait le temps de changer d’opinion, de s’informer mieux, de se mettre à la place des autres.
Je souffre et j’ai des problèmes, oui, mais je fais très activement tout ce qu’il faut pour m’améliorer et savoir comment aller mieux. C’est quelque chose de très rare dans le monde où nous vivons. J’ai des problèmes, mais ce n’est pas moi qui ghoste les autres qui ne m’ont rien fait. Ce n’est pas moi qui dit des horreurs aux autres sur leur travail et m’attend ensuite à ce que l’autre n’ait pas de réaction. Je n’envoie pas mon frère espionner les personnes qui me font du mal sur internet. Ce n’est pas moi qui cherche à imposer à l’autre comment être et qui s’indigne que l’autre ne s’intéresse pas à moi alors qu’elles sait plus de chose sur moi que moi sur elle. Ce n’est pas moi qui prétend être l’amie de quelqu’un et la dénigre intérieurement et ai des préjugés à son égard au lieu de la connaître. Ce n’est pas moi qui joue avec les sentiments amoureux des autres. Je suis au contraire la personne qui voulait aimer ces personnes et qui a été plus que gentille avec elles et s’est fait fesser dessus sauvagement. J’ai par contre retenu ma leçon et je ne laisserai plus jamais rien passer chez qui que ce soit. J’ai retenu certains traits que ces personnes ont en commun et que je tâcherai d’éviter à l’avenir. Je vais prendre la responsabilité de le faire. Je suis prête à les laisser derrière maintenant et à me concentrer sur mes relations plus riches et respectueuses… parce que ce sont ces personnes qui méritent mon amour et ma présence dans leur vie. Pas celles qui me maltraitent. Je ne m’abandonnerai plus. Je ne perdrai plus mon temps. Je sais aussi que je continuerai toujours à apprendre plus et à travailler sur moi.
Je vais beaucoup mieux et ça me rend vraiment heureuse.
À bientôt!
