Ne pas être entendue, ne pas être connue

Je continue dans ma même veine de calme que durant la semaine. Je parle seulement à des personnes en qui j’ai vraiment confiance et je fais presque juste des choses que j’aime. Je continue aussi à bien m’informer sur les sujets qui m’intéressent afin de réussir à aller mieux enfin. C’est possible qu’il y ait des passages troublants pour certaines personnes dans ce billet, mais c’est possible que non aussi. J’arrive de plus en plus difficilement à identifier ce qui peut être troublant pour les autres, j’avoue. On penserait qu’il y aurait moins de sujets tabous qu’autrefois, mais on dirait que c’est l’inverse qui se produit. Ça a quelque chose d’effrayant. Je préfèrerais qu’on apprenne à bien parler des sujets difficiles plutôt que de les taire. J’aimerais vraiment beaucoup que plus de personnes comprennent que ce n’est pas parce qu’un sujet les trouble que les autres doivent cesser d’en parler. Bien que ce soit le choix personnel de chacun à la fin, le fait d’éviter d’être exposé à des sujets difficiles n’est vraiment pas une bonne idée pour la santé mentale des individus à long terme… en tout cas, ça va à l’encontre de pratiquement tout ce que j’ai lu de la recherche sur les traumatismes. Éviter est plutôt le moyen certain de ne pas guérir. Je peux respecter ce choix, mais seulement si l’évitement de l’autre ne nuit pas profondément à ma vie… Ce qui est très rarement le cas.    

Ces jours-ci, je réfléchis à ce que je fais bien ou pas dans mes relations. J’écoute des podcasts sur les relations des personnes qui ont vécu des traumatismes graves. Ça me fait beaucoup de bien. D’un côté, je me rends compte que je ne suis absolument pas la seule à qui ces choses arrivent à répétition peu importe les efforts que je fais (et malgré ce que les personnes qui me blessent essaient de me faire croire). De l’autre, j’apprends énormément et ça me donne des pistes de réflexions au sujet de comment je pourrais faire pour vivre moins souvent des situations pénibles avec les autres. J’ai d’autres sources auxquelles je vais m’informer dans les semaines et les mois à venir. Pour ce dont je parle aujourd’hui, j’ai écouté The Healing Trauma Podcast with Monique Koven. Monique Koven a elle-même vécu des traumatismes d’enfance chroniques et est maintenant coach pour les personnes qui cherchent à se remettre de traumatismes. Elle reçoit différents experts de différents types de traumas à son émission. Pour le moment, elle me semble tout à fait crédible par rapport à ce que je lis depuis 15 ans sur les traumatismes et j’ai trouvé ses invités profondément intéressants. L’émission de cette semaine portait sur les traumatismes transgénérationnels des autochtones et j’y ai appris beaucoup.   

L’émission que j’ai écoutée ce matin parlait de comment, pour une personne qui a vécu plusieurs traumatismes dans sa vie, il peut être difficile de différencier une relation saine et sécuritaire d’une autre qui ne l’est pas. Il était aussi mentionné, chose que je sais, mais que j’oublie sans arrêt, c’est que souvent, pour les personnes qui ont été violentées, la définition de ce qu’est « la maison », donc l’abri, est souvent teintée de violence et cela aura pour conséquence qu’elles toléreront plus de violence dans leurs relations et réagiront moins vite. Ce qui leur est « familier » ferait peur à d’autres beaucoup plus vite. Une des choses qui revenaient dans l’émission est comment il est important de faire attention à son état interne. C’est pour ça que j’ai insisté, au début du billet, sur comment ce n’est pas une bonne idée d’éviter de penser à ce qu’on a vécu ou d’éviter ce qui nous fait sentir mal. Je pense qu’il faut, au minimum, y accorder assez de place en soi et dans sa conscience afin de pouvoir reconnaître quand on se sent mal et d’ainsi identifier ce qui nous fait nous sentir mal. 

L’accent était ainsi mis sur le fait que pour les personnes qui ont vécu des violences, il faut qu’elles soient attentives à ce qu’il se passe dans la relation et de tenter de mieux identifier les indices qu’une relation n’est pas saine ni sécuritaire pour elles. Je vais faire ça dans les prochains mois. Je rencontre vraiment beaucoup de personnes chaque année à cause de mes diverses activités (assez pour que me faire ghoster par quelques personnes en un an ne soit vraiment pas beaucoup ni souvent) et je pense que je ne suis pas toujours assez attentive à la façon dont elles me traitent et que je pardonne trop. Je vais aussi examiner les relations où je me sens bien et en sécurité afin de repérer aussi plus rapidement les signes qu’une relation a des chances de bien se passer, que ce soit amoureusement ou amicalement. J’ai eu beaucoup trop de foi dans les êtres humains jusqu’à présent. 

Dans le cas de mon « ami » qui est en fait une forme de troll dans ma vie depuis si longtemps, il y a eu plusieurs indices de ça. Des indices qui sont en fait des sortes de panneaux géants plus que de simples indices… Comme m’insulter, dénigrer mon corps quand j’étais plus jeune et maintenant en parler comme si c’était un bout de viande, prétendre qu’il sait tout mieux que moi et… C’est difficile pour moi aussi de comprendre comment un homme peut prétendre être mon ami depuis plus de 20 ans et n’avoir aucune idée du fait que je doute et remets tout en question constamment… et que je demande sans arrêt leur avis à d’autres afin de voir si justement je ne suis pas en train de me tromper dans ce que je pense… Je ne pense pas que ce soit possible de me connaître et de ne pas savoir ça. Mon insécurité frappe au contraire vraiment beaucoup les autres principalement à cause de tout ce que je fais et tout ce que je lis, c’est difficile pour les autres de voir à quel point je doute constamment. C’est très difficile pour les personnes qui m’aiment et qui me voient exposée à des personnes qui me maltraitent sans raison et mentent sur qui je suis. Bien sûr que je peux me fâcher, être bête et méchante même parfois. Je l’assume complètement, parce que je sais que ça arrive seulement dans des circonstances où je suis face à quelqu’un qui me manque énormément de respect. Je pense que dans le cas des personnes qui m’ont blessée récemment, je pense que dans leurs présupposés internes, il y a celui voulant qu’il soit impossible pour elles de mal faire ou de manquer de respect aux autres… alors que c’est possible pour tous les êtres humains, même involontairement… Mais à cause de ce présupposé, c’est beaucoup plus facile pour elles de penser que c’est moi la méchante parce qu’elles s’aveuglent sur la nature réelle de ce qu’elles m’ont fait avant que je me fâche. Genre dénigrer mon jugement et ma capacité de réflexion… dénigrer mes connaissances (dont il ignore apparemment tout en plus, mais qu’il se permet quand même de diminuer… ce qui me semble l’aberration la plus totale). Dans son cas, aussi, le fait que je doive lui répéter à plusieurs reprises les violences que j’ai vécues et qu’il soit dans l’incapacité de comprendre qu’en lien avec ces violences, c’est normal que j’aie des difficultés relationnelles, aurait dû me sonner la cloche d’alarme. Ce n’est pas normal de devoir répéter sans arrêt les mêmes choses à une personne sur soi et qu’elle ne comprenne absolument aucunement comment ces choses peuvent avoir un impact sur votre vie. C’est sûr qu’on ne peut pas tout se rappeler de tout le monde, mais il me semble qu’il y a quand même des limites à oublier à répétition des agressions multiples… surtout que j’en parle beaucoup vu la nature de mon enseignement et de mon travail artistique… À la fin, durant notre dernière conversation, il a dit : « Non, mais ça fait une heure qu’on se parle et tu ne t’es pas aperçue que je suis blessé! ». Lui ne retient rien des blessures que je lui nomme et il veut que je devine une blessure qu’il ne mentionne pas et qu’il dissimule sous une attaque super agressive et dénigrante de ma personne? À 45 ans, il pense encore qu’on doit deviner ce qu’il vit… Donc non, ce n’était pas mon ami et je n’étais clairement pas en sécurité avec cette personne dans cette relation.

C’est un peu la même chose pour l’homme fuyant. C’est difficile de comprendre comment quelqu’un a pu partir du récit des agressions que j’ai vécues et arriver à l’idée que c’était une bonne idée d’avoir une relation légère avec moi et de me faire des avances et des promesses vides juste pour se faire du fun… et ensuite en plus rire du fait que je suis profondément blessée… Si quelqu’un n’a pas conscience de la gravité de ce que j’ai vécu et pense que c’est ok de jouer avec les sentiments des autres, c’est clair que cette personne n’a pas de respect de moi et que je ne suis pas en sécurité dans ma relation avec cette personne. Surtout qu’il est vraiment allé loin quand même dans les fausses promesses et le fait de faire semblant de comprendre ce que je vis. Quelqu’un qui a la moindre idée de ce que je vis ne me traiterait jamais comme ça… C’est sûr à 100%. À moins de vouloir me détruire. Je vais prendre l’hypothèse qu’il ne comprend pas réellement ce que je vis et qu’il parlait dans le vide… c’est un peu, mais juste un peu, moins épeurant que la volonté de nuire. Je ne serai jamais en sécurité ni respectée auprès d’un homme qui ne considère pas le fait de m’aimer comme une possibilité sérieuse. Personne ne le serait.  

Je trouve ça vraiment difficile les relations et je m’aperçois que souvent, je n’ai pas la même conception des relations que les autres. Je trouve les schémas relationnels popularisés profondément niaiseux. Il y a beaucoup de films et de téléromans que je suis incapables de regarder à cause de ça. On dirait que le modèle relationnel souvent valorisé est celui de mentir à l’autre et de le prendre pour un con. Je ne suis pas à l’aise avec les comportements typés et les caricatures qu’on propose des hommes et des femmes… mais aussi la version bâtarde et dégoûtante de l’amour qu’on y propose souvent. Je pense que beaucoup de personnes adhèrent souvent à ces modèles, consciemment ou pas et cela explique en partie pourquoi j’ai des difficultés. J’ai aussi beaucoup de difficulté avec les rituels liés au dating… encore plus au dating en ligne. Je n’ai pas envie de m’habiller d’une façon spéciale et d’aller dans un endroit spécial pour savoir si quelqu’un pourrait m’aimer au quotidien. Il y a, dans la séduction, quelque chose qui relève du fait de berner l’autre et je suis vraiment allergique à cela. Je ne mens pas. Je ne cache rien. Je n’ai juste rien à cacher. C’est rare quelqu’un comme moi. Je pense que ça terrorise et désarçonne beaucoup de personnes… mais j’aimerais qu’on en revienne et qu’on cesse de me faire sentir anormale. C’est normal que je finisse par me fâcher si on essaie sans cesse de me faire rentrer dans un moule super étroit et tellement arriéré. Je ne veux pas vivre comme ça. Je ne veux pas me faire traiter comme ça ni traiter qui que ce soit comme ça. Je ne veux pas d’un homme qui a besoin que je le traite comme un attardé dont je devrais être la mère d’une bonté infinie qui lui dit quoi mettre, qui impose 50 milles règles et qui doit lui dire comment agir. À chaque fois que je traite un homme comme une personne intelligente et que je le respecte, il réagit en me chiant dessus. C’est désespérant à la fin. Je vais prendre un adulte qui écoute et pose des questions… et qui est honnête aussi, s’il vous plaît… ou rester seule. 

Je dois réfléchir encore à où se font les accros dans mes relations. La fille à la sœur espionne m’a dit que c’était la première fois de sa vie (avec moi) qu’elle avait un problème relationnel… Ça ne me semble pas plus sain. Ça veut dire que soit elle n’est pas très affirmée, soit elle n’a pas fait grand-chose et ne connaît par grand-monde dans la vie. Ou alors ça veut dire que tout le monde lui ment constamment pour l’épargner. Ou qu’elle fuit les conflits… ou alors un savant mélange de tout ça. Ce n’est pas une bonne nouvelle, contrairement à ce qu’elle semble penser. Dans mon cas, je pense qu’il y a plusieurs raisons pour les conflits et qu’ils ne viennent pas souvent de moi en fait, pas parce que je suis parfaite non… Je reviendrai sur le pourquoi de ça plus tard. Hier, ma belle-sœur m’a dit qu’elle pensait que ces personnes qui m’ont fait du mal avaient perdu beaucoup plus que moi au change puisque je suis une personne qui prend vraiment beaucoup soin des personnes qu’elle aime. Comme c’est la personne à qui je parle le plus souvent et qui me connaît très bien, je vais choisir de la croire. 

Je continue à me reposer encore un peu. J’avoue être cependant terrorisée par la rentrée en présentiel et cela m’empêche d’être vraiment calme… Je vais essayer de prendre ça un jour à la fois. 

Bonne semaine!    

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