“Never forget what you are. The rest of the world will not. Wear it like armor, and it can never be used to hurt you.”
Tyrion – Game of Thrones

Mon moral va beaucoup mieux récemment. Je semble retrouver un peu plus d’énergie chaque jour. Ça a à voir à la fois avec le chiot qui me fait un bien fou, ainsi qu’avec les autres choses que je fais pour prendre plus soin de moi. Je suis quand même assez disciplinée, même s’il y a encore de la place pour l’amélioration. Je suis cependant dans l’impossibilité de faire autant de sport que je voudrais parce que j’ai une blessure au pied qui va prendre 4 à 6 semaines pour guérir. Cela m’attriste beaucoup et rend ma vie plus difficile… mais je dois patienter.
J’avoue ressentir en même temps une forme de sentiment de perte de sens face à mon existence… malgré le fait que je me sens beaucoup mieux. À la suite de tous les événements qui se sont produits dans ma vie depuis la fin de l’été 2020, j’avoue être épuisée et ne plus savoir quoi penser. Hier, je suis allée boire un café avec une personne qui me semble être en voie de devenir une amie. Nous avons commencé à nous parler il y a un certain temps, mais nous n’avons pas pu nous voir très souvent à cause de la vie en général et de la pandémie en particulier. Ça s’est bien passé et rien de ce que je vais raconter maintenant ne remet en question la valeur de cette personne ni sa bienveillance. Je veux plutôt parler de transformations qui se sont opérées en moi et que j’ai pu observer durant cette rencontre et de réflexion et questionnements que j’ai eus depuis.
J’ai remarqué que j’ai plus peur des gens maintenant, même si je les sais bienveillants. Je me sentais très nerveuse avant d’aller la voir, même si elle me veut du bien. Je me sentais nerveuse après aussi, mais ça ne vient pas d’elle. Je me sentais comme si une brique allait me tomber sur la tête. Cela vient des mauvaises expériences récentes. Je pense que je vais devoir vraiment être à l’écoute de mes besoins en ce sens durant les prochains mois. Nous avons parlé de comment le fait d’avoir vécu une enfance avec des parents négligents et violents m’avait en quelque sorte préparée à bien vivre l’isolement pandémique. J’aime être seule. Je me sens bien seule. D’un autre côté, toutes les trahisons vécues, les horreurs entendues et lues, ainsi que les comportements absurdes observés durant la pandémie me font me poser des questions concernant mes besoins et intérêts réels en termes de relations sociales. Je pense que j’ai besoin de réduire énormément le temps que j’accorde aux autres, ainsi que de diminuer le nombre de personnes à qui je parle sur une base régulière sans nécessairement me brouiller avec qui que ce soit. Juste être à l’écoute de ce que les relations me font. Je pense que dans le passé j’ai perdu beaucoup de temps à créer de fausses relations parce que j’avais la fausse impression qu’il était mieux d’avoir beaucoup de personnes dans sa vie. Je ne pense plus ça. Je ne veux pas être populaire. Je veux vraiment juste prendre soin de moi et de mon temps, le garder pour les personnes qui sont honnêtes et sincères dans nos relations et pour les projets importants pour ma vie et mon avenir. Le reste n’a aucune importance. Je pense que cette personne est honnête et sincère, mais que mon cerveau panique encore… Ça finira par aller mieux.
Je n’ai pas de très gros besoins sociaux. Je ne sais pas si c’est ma nature d’être très introvertie ou si ce sont les multiples traumatismes qui ont fait que j’ai perdu intérêt dans la compagnie des humains. Peut-être un peu des deux. Il ne faut quand même pas tout mélanger. Je n’ai pas perdu intérêt dans les humains ni dans les choses qu’ils font. J’ai perdu intérêt dans le fait de passer beaucoup de temps avec eux physiquement. J’ai aimé mon café hier et je suis très heureuse d’être allée. Je pense que les moments comme cela sont importants pour ma santé mentale et mon épanouissement. Je pense cependant qu’il n’est pas nécessaire que j’en vive très souvent. Je pense qu’en ce sens, il y aurait quelque chose de difficile pour moi à être en relation amoureuse. Il me faudrait quelqu’un qui me laisse vraiment mon indépendance et respecte mon besoin de solitude. On verra ça plus tard si la question se pose à nouveau. Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment envie de réessayer… J’ai essayé beaucoup de fois et avec beaucoup de personnes que je pensais différentes les unes des autres…
Le problème est que les difficultés que j’ai avec ces personnes ne sont pas écrites sur leur front et qu’elles sont souvent bien déguisées au début. Je déteste ça. J’essaie toujours d’être moi, du début à la fin d’une relation. J’essaie d’être moi partout tout le temps. Entre autres sur les réseaux sociaux où être soi n’est pas si populaire… Je fais donc exprès d’être moi et de me montrer à la fois dans des états heureux et malheureux, de montrer le bordel chez moi, de montrer mes défauts et… en ligne pour aller contre le fait que les réseaux sociaux montrent une réalité fausse qui déprime tellement de gens. Je sais que ça heurte beaucoup de personnes que je fasse ça. Les gens préfèrent le mensonge et les fausses joies. Elles préfèrent qu’on cache ce qu’on est et ce qu’on vit. De ça aussi, nous avons parlé, durant le café. J’ai dit à mon amie que Game of Thrones avait popularisé ma façon d’être à travers la phrase de Tyrion qui est citée en exergue… Popularisé est un mensonge en fait puisqu’il ne semble pas y avoir grand monde qui ont retenu cette phrase qu’il prononce dans un épisode et qui m’a tant fait plaisir. Derrière les choses qu’on me reproche souvent, soit de parler sans filtre de ce qui m’est arrivé, d’en parler comme on parlerait de la météo, de ne pas me sentir mal de parler de sujets difficiles, de ne pas m’excuser de le faire, de ne pas cacher ce que j’ai vécu de peur d’être blessée, il y a ce qui est pour moi une grande vérité et qui est en bonne partie la recette que j’ai utilisée pour me remettre de pas mal tout ce qui m’est arrivé et pour trouver la force de surmonter bien des choses. Derrière cette affirmation, il y a ma réalité. Celle qui veut que puisque je n’ai aucun secret, on ne peut pas me détruire ni me prendre en faute. J’assume tout ce que je suis, tout ce que je pense, tout ce que j’ai vécu. Je n’ai rien à cacher. Pour moi, c’est quand on cache des choses qu’on se rend vulnérable. Contrairement à ce que dit la phrase, oui, il y a certaines choses que je suis qui ont été utilisées pour me blesser… La nuance que j’ajouterais, c’est que je ne suis pas blessée durablement au sens où ça me détruirait ou détruirait ma vie.
Ce que les gens qui utilisent ce que j’ai vécu pour me blesser sous-estiment, c’est la quantité d’informations que cela me donne sur eux. Quand une personne fait comme si ce que je lui dis de moi n’avait aucune importance ou encore me reproche de parler de ce que j’ai vécu, je sais que j’ai devant moi une personne qui n’a aucune place dans ma vie. Une personne sans cœur et sans respect. Une personne qui ne veut pas que les choses avancent et que nous réglions des choses que oui, j’ai vécues personnellement, mais qui sont des problèmes sociaux fréquents et graves. Et pour moi, ces personnes-là perdent alors toute importance et elles incarnent le type de mentalité contre lequel je lutte. Donc en voulant me heurter comme ça, en pensant que je suis une conne naïve qui parle trop, c’est elles, qu’elles découvrent. Pas moi.
J’ai eu aussi cette semaine des commentaires sur le fait que je suis courageuse de revisiter mes traumas passés ou encore que je suis courageuse d’écouter des podcasts sur les traumatismes. Je ne pense pas qu’il s’agit de courage. Je pense au contraire que c’est normal et que c’est la moindre des choses. Ce sont aussi des choses que j’aime faire. J’aime comprendre qui je suis, ce qui m’est arrivé, comment mon cerveau fonctionne et… Ça me passionne. Je sais qu’il est plus courant pour les gens de penser à autre chose et d’éviter. C’est d’ailleurs un conseil qu’on m’a donné souvent, mais c’est la pire affaire à faire. Faire ça, c’est exactement comme se blesser physiquement et laisser traîner la blessure sans chercher à la soigner. Ça n’a aucun sens et c’est dangereux. Ça limite la vie.
Malgré le fait que je vais mieux et que je me sens plus optimiste, je me sens ces jours-ci comme une anomalie. Une petite chose anormale qui va contre la mentalité ambiante. J’ai eu un genre de rêve, dans les années 90, qu’on allait parler des problèmes et souffrances réelles pour vrai. On le faisait d’ailleurs, surtout dans les films et les chansons. À présent on dirait souvent que c’est redevenu tabou. J’avoue trouver ça inquiétant et absurde. Il y a d’un côté une supposée volonté de déstigmatiser… mais c’est comme si celle-ci ne résistait pas au test de la réalité et qu’on se trouvait encore en fait dans un épouvantable silence et une volonté que cela persiste comme cela partagée par plusieurs… Ça m’effraie… Je dois réfléchir à comment me positionner face à tout ça… Je pense qu’en fait les personnes qui ne veulent pas parler franchement des choses n’ont pas de place dans ma vie. C’est une conclusion à laquelle je suis arrivée avec plusieurs amies : si je dois demander la permission pour parler de ce que je vis, je ne suis pas face à une personne amie. Je suis face à une connaissance.
Je continue ma réflexion. Je dois trouver comment vivre une vie qui face sens pour moi.
Bonne fin de semaine!