Se relever

Now I understand the setup
I see everything
And the only way to go
Is defy, is defy, is defy

Iggy Pop – To Belong

(Sur Naughty Little Doggie)

Attention : Ce texte traite de sujets difficiles et pourrait perturber certaines personnes. Ce texte traite aussi de la douance. J’y ai utilisé plusieurs mots fréquents pour la désigner comme HP, Zèbre et surdoué. Je n’aime pas la dénomination « surdoué », parce qu’elle met trop l’accent sur l’intelligence alors que cette différence neurologique est beaucoup plus complexe que cela, mais elle reste la plus fréquente.

Ça va un peu mieux. L’arrivée du chiot dans mon quotidien aide beaucoup. C’est physique. J’ai senti mon stress tomber rapidement dès la première fois où il a été dans mes bras. Ma cage thoracique s’est desserrée et j’ai pu respirer. J’ai senti l’anxiété baisser d’un cran aussi, mais pas complètement puisque ça fait quand même dix ans que je n’ai pas eu de chiot. Je suis satisfaite de mon petit bonhomme en tout cas, il est magnifique, aimant et monstrueux en même temps. Je voulais un petit tannant… eh bien… la vie m’a donné ce que je voulais pour une fois. J’ai tenté la sieste avec lui tantôt… Il a mordu mes oreilles et tiré mes cheveux. L’autre jour il avait mordu mes orteils et mes doigts… C’est un petit dévorateur, mais le plus joli qui soit. 

            Il ne règle pas tout même s’il me fait énormément de bien. Je peux mesurer la distance d’avec le bien-être qu’il me reste à parcourir quand je vais faire des courses et que je suis loin de lui. Alors la tristesse remonte et les flashbacks affluent à mon esprit n’importe où… que ce soit dans la rue, à l’épicerie, à la pharmacie ou à la bibliothèque. J’ai encore beaucoup de symptômes de stress post-traumatique, de deuil et de burnout affectif. Il reste qu’ils commencent à s’atténuer. C’est une bonne nouvelle. Je pense que les 3 semaines de vacances que j’aurai bientôt aideront aussi. Je dois ranger beaucoup et installer les choses de façon à être plus efficace dans ma pratique artistique et ma pratique d’écriture. Ça me manque terriblement. Au moins, j’ai encore une tonne d’idées et de projets. Le sport aussi me manque terriblement, mais je me suis sévèrement blessée et il me faut être patiente, le temps que ça guérisse. Après, il faudra y aller tranquillement pour reprendre… mais c’est certain que ça ne m’aide pas à bien gérer mon stress. Je me suis fait arracher une dent hier. Ça aussi, ça a un caractère épuisant. Finalement, le cours d’été que j’enseignais tire à sa fin. Ça tomber bien, parce que j’ai définitivement besoin de revenir à moi et de m’occuper seulement de moi et du chiot pour un temps. 

            Mon envie de vivre et de vivre plus revient, malgré tout ce que j’ai vécu cette année et dans le passé. C’est une bonne nouvelle. C’est au moins quelque chose que je sais que j’ai : une sorte de soif et d’enthousiasme infinis de vivre et d’apprendre peu importe ce qui m’arrive et ce que je vis. Je suis une grande idéaliste, au fond… et c’est très rare et très précieux. J’aimerais parfois que les autres le voient plus. Les gens pensent souvent que je suis négative. Je pense que ce sont les cheveux et les vêtements noirs… mais aussi qu’ils confondent parler de choses graves et difficiles avec le fait d’être négative… alors que c’est plutôt courageux et honnête que négatif… et que les raisons pour lesquelles je parle de ces choses et m’y intéresse ont plus à voir avec une volonté de changement et d’aide qu’autre chose. C’est aussi en partie insultant et une preuve d’ignorance, que les autres pensent cela parce que c’est assez caractéristique des surdoués, en fait, de s’intéresser à des sujets qui effraient ou troublent les autres. Les enfants surdoués sont en fait même très souvent obsédés par la mort dès un très jeune âge. Il y a fréquemment aussi des adolescents HP qui adoptent des looks sombres, par la suite… Ce n’est pas automatique et toutes les personnes habillées de noir ne sont pas surdouées, mais c’est fréquent. Nous sommes dans une quête de connaissances et de vérité. Nous faisons des crises de rage quand nous sommes exposés aux injustices et… Ce sont des caractéristiques bizarres, je sais, mais elles sont réellement là chez beaucoup de zèbres. Ça explique aussi beaucoup pourquoi je ressens tant de colère devant les personnes qui veulent vivre en s’enfonçant la tête dans le sable et qui veulent qu’on leur demande la permission avant de parler de choses difficiles. Pour un cerveau qui fonctionne comme le mien, c’est complètement contre sa nature et cela relève de l’absurdité la plus totale. Je veux être dans la vie avec tout ce qu’elle implique. Pas dans une version rose et fausse. Nous n’aimons aussi pas ne rien faire… ni chiller… ni s’évacher sur la plage sous le soleil sans réfléchir… ou en tout cas c’est plus rare chez nous. Nous n’aimons pas ne pas penser. Nous ne pouvons pas, ne pas penser… c’est aussi simple que ça. Dire à un HP de ne pas penser ou de penser moins, c’est comme lui dire d’être quelqu’un d’autre. C’est insultant. Tout cela explique aussi en partie pourquoi j’effraie souvent les autres, surtout les autres qui ne veulent pas penser aux choses qui m’intéressent… ou qui n’ont pas appris à penser à ces choses, puisque c’est aussi un apprentissage. Mais ça me fait un drôle d’effet quand même… Imaginez-vous à ma place : être rejetée et malaimée parce que vous parlez de choses difficiles comme la réalité des agressions sexuelles et du stress post-traumatique afin de briser des tabous et vous faire traiter comme si vous étiez une personne dégoûtante et monstrueuse dont il ne faut pas approcher. Les gens font des caricatures aussi… Ils ne voient qu’une partie de ma vie et tire des conclusions fausses qu’ils présentent comme vraies. Non, je ne parle pas toujours de ça. Non, ça ne me déprime pas de le faire. Non, je ne suis pas toujours triste. Non, je n’ai pas toujours des problèmes. Puisque personne n’a accès à moi plus que quelques heures par mois, je trouve extrêmement prétentieux qu’on se permette de me dire qui je suis et comment est ma vie comme si on me connaissait bien. Qu’on juge un événement ou un comportement particulier, je pourrais toujours comprendre… mais l’entièreté de la personne sur aucune base solide? Ce sont juste des préjugés et donc de la violence. 

            Ça me trouble beaucoup, ces idées… Ce n’est pas une question de trop me soucier du regard de l’autre. C’est plutôt que je ne comprends vraiment pas pourquoi les gens s’inventent toutes ces idées fausses et y croient… Probablement qu’ils font en partie de la projection… Mais quand il se passe des situations comme il s’est passé ces derniers mois, ça me frappe violemment, la fréquence à laquelle les gens s’inventent des histoires mauvaises sur les autres. Cette fille qui invente que je la prends pour ma psy et qu’elle n’est pas intéressante parce que je parle beaucoup. Cette autre fille qui invente que je suis contre le véganisme. Et… (Je suis contre la méthode Konmari, ça, c’est vrai… Haha!) Il y a eu un très grand nombre d’histoires de ce genre dans ma vie. Mes parents étaient comme ça aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me frappe vraiment à chaque fois. Je suis plutôt du type à juste attendre de voir qui est l’autre plutôt qu’à lui chercher constamment des défauts. Je suis aussi incapable d’être hypocrite, donc quand quelqu’un dont je pensais que cette personne m’appréciait me sort une horreur qu’elle pensait en secret sur moi (et qui ne correspond la plupart du temps à rien dans le réel, même si oui, j’en ai, des défauts), la bouche me tombe et j’ai l’impression qu’on m’enfonce un poignard. Ça doit être dur, vivre comme ça. Dur d’inventer du mal des autres constamment. Ça m’arrive aussi de dire du mal des autres, oui, mais c’est en général après qu’eux m’aient fait très mal. Jamais avant. Je ne passe pas mon temps avec des personnes dont je pense du mal. Je ne sais pas comment ces personnes font. Je n’en suis pas capable. Je sais qu’il faut se foutre de l’opinion des autres, mais ça a quand même quelque chose de marquant pour mon imaginaire, cette façon d’être en relation avec les autres. Il y a même une personne à mon travail qui a inventé que je suis toxicomane, alors que je ne bois pratiquement jamais et que je n’ai pas pris de drogue depuis l’âge de 14 ans… Il faut le faire, quand même… Je ne comprends pas ce qu’il se passe dans la tête de ces personnes. Je comprends seulement qu’elles doivent être vraiment malheureuses. Je n’ai clairement pas autant de temps à perdre. 

            Comme vous pouvez le constater, j’ai commencé à écouter des vidéos sur les relations des HP. C’est intéressant. Mon espoir est que je finisse par éventuellement comprendre quelque chose aux relations des autres… à comment ils font. Je fais ça parce que malgré tout le travail que je fais sur moi et sur mon estime qui s’est beaucoup améliorée, ça reste un mystère, pour moi, de savoir pourquoi je me retrouve toujours à me faire traiter comme une moins que rien. Parfois j’ai l’impression d’être maudite et que je n’ai pas droit au bonheur. C’est difficile à vivre. Je ne suis pas désespérée. Je sais que je peux attirer des hommes… mais ma situation a effectivement quelque chose qui est désespérant à la longue. Je finis par avoir de la misère à croire qu’il existe des personnes que je ne connais pas déjà qui vont me traiter correctement. Et non, je ne m’attends pas à être traitée comme une princesse… Je ne demande jamais rien en fait… mais ce rien est encore trop… En fait, il semble que ce soit une partie du problème : le fait que je ne demande rien à l’autre… mais j’y reviendrai une autre fois. 

            Ma colère commence à diminuer un peu par rapport à ce qui s’est passé avec l’homme fuyant. C’est sûr que c’est encore difficile à vivre. Ça m’a beaucoup blessée et j’avais fait beaucoup d’efforts pour accepter de m’ouvrir un peu. Ça m’a pris tout mon courage en fait et c’est pour ça que je n’en avais plus beaucoup après pour me remettre. J’en ai quand même trouvé assez pour affronter les choses de front, ce qui n’est pas rien non plus. J’ai traversé des états et des émotions très difficiles. J’ai appris beaucoup, aussi. Je reste triste. C’était la première fois que j’embrassais quelqu’un sans avoir bu ne serait-ce qu’un verre d’alcool avant. Je suis fière de moi d’avoir osé et en même temps j’ai honte de le dire… mais je ne devrais pas avoir honte. Avec le parcours affectif que j’ai, c’est déjà beau que j’aie ne serait-ce qu’essayé de parler à un homme qui habite ma ville… et encore plus que je l’aie un peu laissé entrer dans ma vie même si ça n’a finalement pas eu d’importance pour lui. Effectivement, ces dernières années, j’ai surtout accepté de parler à des hommes qui habitaient loin. J’étais toujours sincère. Je crois que c’est possible que des relations commencent à distance… mais justement, la distance m’assurait que ça n’irait pas rapidement. C’était la première fois que j’acceptais vraiment depuis six ans de laisser m’approcher une personne en chair et en os qui habite à moins de 100 km. C’était une très longue pause. Donc ne me dites pas de prendre une pause des relations. Je l’ai déjà fait plusieurs fois et ça n’a rien changé, malgré tout le travail que j’ai fait et que les autres ne respectent pas. 

            Je suis arrivée à un stade où je ne peux plus croire que c’est moi le problème. C’est ce que j’ai cru depuis ma naissance. À chaque fois, j’ai pensé que le problème c’était moi… mais après bientôt 15 ans de travail sur moi, je ne peux plus penser ça, même si oui, je continuerai probablement toujours à travailler sur moi. Je ne peux pas non plus penser que nous sommes les deux responsables. Ce n’est pas vrai que c’est toujours de la faute des deux. Parfois c’est la faute d’une seule personne. Une personne qui n’a pas réglé ses problèmes et qui refuse de croire que les choses peuvent bien aller… Après avoir retourné la situation dans tous les sens, non, je n’ai absolument rien fait qui aurait pu justifier que je sois traitée de cette façon. Je n’ai rien fait de mal. Je ne méritais clairement pas de vivre ça. Je pense qu’il est tellement mal dans sa peau qu’en fait, il n’a pas vraiment pensé une seconde à moi ni à comment les choses m’affecteraient. Je peux avoir de l’empathie pour le fait de ne pas s’aimer et d’en souffrir. Je peux aussi être en complet désaccord avec la façon dont il choisit de gérer la situation parce qu’elle m’a affectée de façon profondément négative.

            Ce qu’il aurait fallu, c’est qu’il ne me juge pas. Parce que oui, il m’a jugée alors qu’il ne me connaît pas. Ce qu’il aurait fallu, c’est qu’il accepte de croire que les choses peuvent bien aller, qu’elles peuvent être différentes du passé. Il aurait fallu qu’il accepte d’apprendre aussi… d’avoir l’humilité d’être imparfait et de croire qu’on peut aimer des personnes imparfaites… sinon avec le temps son critique intérieur aurait commencé à m’agresser moi en plus de lui. Accepter d’apprendre gauchement… C’est ma force, ça : croire en ma capacité infinie d’apprendre et ne pas avoir peur d’être mauvaise au début. Ça me fait rire quand les gens me disent que j’ai tous les talents ou presque… Je ne crois pas au talent. Je crois à l’humilité d’apprendre. J’ai la bonne attitude pour le faire et je suis la preuve qu’il est possible de partir de rien et de vraiment s’améliorer dans quelque chose. Je suis polymathe maintenant (au sens de personne qui connaît très bien plusieurs domaines et non de génie universel…), mais ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Ça a été un effort constant sur toute ma vie avec beaucoup d’échecs dont je me suis relevée à chaque fois. Les relations aussi, sont comme ça. Nous avons ancré en nous la fausse image voulant que les relations doivent toujours être faciles et idéales. C’est faux. Elles demandent au contraire beaucoup de travail… mais il faut que les deux personnes y participent. Sinon ça ne sert à rien. 

Il aurait aussi fallu qu’il croit que c’est possible d’avoir peur et de faire quand même, d’aller de l’avant et de construire jusqu’à ce que la peur disparaisse. Je suis également une preuve de ça. J’avoue que c’est quelque chose qui me trouble beaucoup : malgré tout ce que j’ai vécu d’horrible dans ma vie, je suis encore toujours plus enthousiaste que les autres pour les relations. J’arrive toujours mieux à voir le potentiel positif à long terme, ce qu’il serait possible de créer avec une personne en particulier… Malheureusement, j’ai pas mal toujours des personnes très négatives ou qui manquent d’imagination face à moi. Peut-être qu’un jour ce sera différent.  

Bon… J’arrête ici… Je continuerai sur pourquoi les relations sont difficiles pour les personnes neuro-atypiques éventuellement et sur les progrès que je fais.   

Bonne fin de semaine!       

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