*Attention, il est question de sujets difficiles dans ce billet. Cela pourrait troubler certaines personnes.
En discutant avec mon psy cette semaine, il a été question de l’expérience des tentatives de contrôle de la part des autres. Ce lien, que je faisais avec ma mère et le fait que mes parents (Les deux le faisaient en fait… pas seulement elle.) me reniaient, me disaient que je n’étais pas leur enfant, me disaient qu’ils allaient se tuer si je ne me conformais pas à ce qu’ils voulaient que je sois, allant même une fois jusqu’à me dire que puisque j’étais comme j’étais, je devrais me tuer et… Pour lui, le lien avec ce que j’ai vécu ces dernières semaines, c’est la notion de contrôle que l’autre exerce sur moi. C’est aussi ce que je pointais dans mon dernier texte sur l’imitation de la mort. Mais c’est ce que les deux personnes qui m’ont blessée dernièrement ont fait. Elles ont rejoué la scène de contrôle et de mise à mort que mes parents m’ont fait vivre si souvent quand j’étais plus jeune, jusqu’à ce que je coupe les ponts avec eux.
Ce n’est pas une question d’être une mauvaise personne… C’est ce qu’on me répond souvent quand je parle des individus qui m’ont fait du mal. On me dit que l’autre n’a pas voulu mal faire et on l’excuse rapidement. Le problème avec ce genre d’attitude, c’est que ça ne règle rien et que la personne qui a vécu le comportement violent de la part de l’autre se trouve violentée une fois de plus en étant invalidée… et la personne qui fait ça se dira elle aussi qu’elle n’a pas voulu mal faire… et la personne au comportement violent n’aura aucune conséquence et continuera d’agir de la sorte… Bref, on tourne en rond. Le monde et les relations font du surplace. Les personnes y étant impliquées aussi.
Dans les événements que j’ai vécus, la personne veut contrôler la relation, en s’assurant de n’y être que si on agit comme elle veut, en menaçant de s’en aller si on ne se plie pas à sa volonté, en disparaissant effectivement si finalement nous n’obéissons pas. Ce n’est pas ça, poser ses limites. Ça, c’est de la violence. Pas besoin qu’il y ait une force physique d’exercée pour qu’il y ait du contrôle. Pas besoin qu’il y ait non plus un chantage odieux et flagrant. C’est souvent involontaire et la personne se ment à elle-même au sujet de ce qu’elle fait à l’autre. Par exemple cette femme qui essaie de me faire croire que j’ai un problème grave parce que je n’agis pas comme elle veut et qui pense arrogamment qu’elle peut m’expliquer comment on fait la conversation et qu’il n’y a qu’une façon de la faire, que c’est la sienne, et que c’est LA bonne. Alors qu’en fait les gens entre en relation différemment les uns avec les autres… et qui il a une contradiction flagrante entre son envie que je lui laisse plus d’espace pour parler parce qu’elle a besoin de silence pour s’exprimer et son ordre que je me conforme à son désir pour être considérée valable… et qu’en plus j’aurais dû deviner cela…
C’est la même chose pour cet homme qui voulait que je devine ses besoins et que j’agisse exactement comme il le désirait pour être digne d’intérêt. C’est sûr qu’il a un trouble psychologique qui semble handicapant, mais la moindre des choses ce serait d’en parler et d’aider l’autre à l’aider. En plus de sentir qu’on a essayé de me contrôler, l’issue de la relation me fait me sentir jugée, parce que si j’avais su, j’aurais pu agir et réagir autrement. Ce sont des choses à propos desquelles je pourrais avoir de l’empathie, ce qu’il a vécu et ce qu’il vit encore… mais je peux en avoir seulement si je sais ce qu’il se passe. Là j’ai été coupée de cette possibilité là et c’est injuste et ça fait mal.
Dans les deux cas, avec ces deux personnes, il s’agit de preuves d’insécurité. La femme voulait que je prenne son malaise à parler en charge au lieu qu’elle le fasse elle-même. C’est une personne dont le frère avait beaucoup de problèmes et qui enfant a toujours passé en deuxième… Je pense que son sentiment d’effacement a plutôt à voir avec cela et une soif d’être vue que réellement avec mon débit de parole lors de nos rencontres… J’ai déjà prouvé que je me souciais d’elle. Dans son cas à lui, comme toutes les personnes se situant à quelque part dans le spectre du trouble de la personnalité évitante (il y a des degrés de gravité), il veut que l’autre soit d’une façon et seulement de cette façon pour qu’il se sente bien avec tellement il doute de lui… mais pour être ce qu’il voulait que je sois, il aurait fallu que je me tue moi-même en m’effaçant et en refusant de me protéger contre des comportements que je sais irrespectueux et destructeurs qu’il avait, peu importe ses intentions. Les deux se mentent. Les deux m’ont positionnée comme la personne en faute au lieu de régler leurs problèmes… et ça me fâche, parce que je les règle, moi, mes problèmes… J’en ai tout un paquet et des défauts et des fautes réelles et… mais j’y travaille et je fais les efforts nécessaires. Je ne me cache pas dans l’aveuglement (elle) ni la déresponsabilisation (lui). C’est un cadeau, une preuve d’amour que je leur ai fait à tous les deux en leur disant les choses que je leur ai dites sur ce qu’ils me faisaient. Il faut seulement qu’ils choisissent de l’entendre, qu’ils cessent de mentir et s’aident eux-mêmes et les personnes dans leur vie. Je devais par contre me protéger.
Je suis heureuse de ne pas faire partie des personnes qui pensent qu’il n’y a qu’une façon de faire les choses. Ça me donne une sensation d’étouffement quand on essaie de me contrôler de cette façon. C’est aussi épuisant et triste parce que je commençais à aller vraiment bien et j’avais assez d’un deuil et d’une injustice pour cette année. Ça me tirait déjà beaucoup vers le bas. Je suis fatiguée, triste et blessée, mais je continue d’avancer. Je remonterai la pente.
Ça ne sert à rien d’essayer de contrôler ces personnes en retour. Je peux contrôler mon environnement immédiat et mes actions personnelles, c’est tout… et même là pas tout le temps. J’ai décidé de transformer ces expériences en chance d’apprendre encore une fois. En chance d’apprendre à mieux me traiter, à changer mon style d’attachement encore plus que je l’ai déjà fait, à prendre soin de moi comme j’aurais voulu que ces personnes et d’autres avant elles le fassent, comme mes parents, par exemple…
Il me faut être forte, travailler et résister. D’autres personnes veulent aussi contrôler ma façon d’être. En me faisant sentir en faute pour différente raisons. Jalousie envers ce que je suis, ce que je fais, ma capacité de parler de ce que j’ai vécu et… On dirait qu’ils ne voient pas les réelles difficultés traversées avant d’arriver là, avant de devenir ce que je suis devenue et qui est encore une personne très imparfaite à mes yeux parce qu’il reste trop de traces du fait qu’on a tant essayé de me faire croire que je ne suis pas comme il faut. Ça m’arrive presque tous les jours.
Je dois les laisser dire. Ne pas me sentir en faute. Surtout vivre.
Certaines personnes voudraient que mes traumatismes passés n’interviennent pas dans ce qui s’est passé, qu’ils ne soient pas importants, mais c’est impossible. C’est un grave problème que nous avons socialement. On veut que les gens guérissent rapidement. Qu’ils passent à autre chose. On veut aussi que les personnes ne nous confrontent pas à leur souffrance. Je devrais dire « ils veulent » puisque moi, elle m’intéresse, la souffrance des autres et je veux en entendre parler. Je veux voir ça et non les faux sourires figés et la pensée positive toxique… Ça existe, oui. Et c’est répugnant, mais j’en parlerai un autre jour.
C’est un gros échec de la communauté, cet aveuglement, ce bouchement d’oreilles, ce refus de voir, de sentir, d’entendre et de penser la souffrance de l’autre au quotidien. Il faut que ce soit ça : quotidien, et non seulement un sujet de recherche et d’écriture pour des personnes courageuses et passionnées.
Je suis heureuse d’avoir changé. Avant, je me serais écrasée. Avant, j’aurais été contrôlée pendant un temps. Plus longtemps… même si j’ai toujours fini par me sortir des situations d’abus. Ça m’aurait pris beaucoup de temps avant de comprendre ce qu’il se passait. Je me serais détestée. Je suis fière de moi. Je comprends bien mes mécanismes et ceux des autres maintenant. Je sais aussi que ça ne regarde personne, combien ça me prend de temps pour m’en remettre. Je n’ai pas à être dénigrée par les personnes insatisfaites de ma façon de gérer ma vie et mon deuil. Ces personnes ne savent pas de quoi elles parlent. Elles n’ont pas mon vécu, ni les mêmes blessures psychiques, ni les maladies et… Je sais que mes textes, ils aident d’autres personnes. J’ai eu des témoignages en ce sens cette semaine encore. Ça me suffit pour continuer mes démarches, même dans la froideur de la solitude.
