Les analyses superficielles

Attention : C’est long et il est question de sujets difficiles qui pourraient être pénibles pour certaines personnes. 

Cette semaine, j’ai eu une conversation avec ma belle-sœur suite à un problème que j’ai eu avec une femme qui n’est plus mon amie à présent… et qui ne l’a jamais vraiment été apparemment. Nous parlions de comment les gens avaient déformé la notion de self care pour s’en servir pour être égoïste et ne penser qu’à soi et à son confort. La notion de self care veut dire de s’assurer de se respecter et de prendre soin de soi pour pouvoir être disponible pour soi, pour la vie et pour les autres. Ça ne veut pas dire, comme ma belle-sœur l’a si bien dit, que c’est toi qui est le plus important tout le temps, partout et dans toutes les circonstances… mais c’est pourtant ce que plusieurs semblent penser.  

Donc, cette « amie »… J’adore quand une personne m’invente un tort et ensuite arrange les faits pour que j’aie l’air de correspondre à ce qu’elle a décidé de moi. Particulièrement quand en fait il s’agit de projection et que la personne parle d’elle-même. Ce qui s’est passé, c’est que je lui ai parlé de l’histoire avec l’homme dont j’ai parlé dans des billets ici ces dernières semaines. Ça se passait sur Facebook Messenger. À un moment donné, j’ai reçu d’elle un message d’elle qui me disait qu’elle ne répondait pas trop parce qu’elle ne voulait pas que ce que je vivais l’affecte et qu’elle n’était pas mon psy… Le problème avec ça, c’est que ça fait plus qu’un an maintenant que j’écoute cette personne me parler du suicide de son frère, de la mort de son père, des problèmes de sa mère, de son ex qui l’a trompée, de son méchant proprio qui ne l’a pas avisée qu’il y aurait des rénos cet été (Quelle horreur, mon dieu, comment a-t-il pu lui faire ça???!!!) et… sans me plaindre, en étant toujours bienveillante, en lui donnant de mon temps et en ne demandant pas grand-chose en échange. Je ne regrette pas de l’avoir fait, mais il me semblait que ces choses devraient quand même aller dans les deux sens… mais non, apparemment… Elle, elle peut juste refuser d’entendre parler de ce que je vis. Madame est hypersensible. Moi aussi, je le suis. Pourtant, il ne me viendrait jamais à l’esprit de lui dire de fermer sa gueule quand elle parle de ses malheurs sous prétexte que je ne veux pas que la mort de son frère ou de son père m’affecte…. Pourtant, il y a quelques mois, quand quelqu’un a fait une plainte contre moi parce que j’avais parlé publiquement de mon agression sexuelle et que cette personne prétendait que ça la faisait terriblement souffrir et que je l’avais agressée en en parlant, nous étions d’accord que c’était complètement égocentrique et ridicule comme point de vue. Maintenant elle a changé d’idée, semble-t-il. 

Je ne comprends pas pourquoi, quand une personne te parle d’un malheur qu’elle vit, tu serais encore en train de penser à toi… C’est quoi l’idée? Qu’est-ce qui fait que des personnes pensent que ton malheur parle d’elles et qu’elles sont en droit d’exiger que tu te taises ou de te dire que tu dois leur demander la permission pour en parler. C’est comme impensable pour moi d’atteindre un degré tel d’égocentrisme pour dire à quelqu’un : « Oh mon Dieu, ce qui t’es arrivé est terrible pour moi! » Ben coudonc… Excuse-moi de parler du fait qu’on m’a blessée gravement sur le plan émotif et que je souffre de stress post-traumatique… Ça doit être vraiment terrible pour toi. Il me semble que quand il arrive quelque chose de triste à ton amie, c’est le temps de te tourner vers elle et non vers ton nombril… 

Ensuite, quand je lui ai mis ça sur le nez, elle s’est mise à dire que je parlais trop et qu’elle avait écouté des conversations entières où c’était seulement moi qui parlait et qu’on se connaissaient à peine et que je ne lui posais jamais de questions… C’est faux. Les deux choses sont fausses. Je me souviens d’une panoplie de questions que je lui ai posées. Je sais aussi toutes ces choses sur elle, que je ne saurais pas si j’étais réellement toujours en train de parler de moi et qu’elle ne pouvait jamais rien dire de sa vie :  

Je sais quelle est sa couleur préférée. Quel type de musique elle aime. Quel concert elle veut voir après la pandémie. Quel type de cuisine elle a tendance à choisir. Comment va son intestin. Quelles blessures physiques elle a eues. Comment elle aime ses cheveux. Quelles boucles d’oreilles elle porte fréquemment. Qu’elle est tatouée. Qu’elle aime les écureuils et les lapins. Que son lapin est mort. Qu’elle ne sait pas si elle en veut un autre parce que c’est tannant quand elle voyage. Qu’elle n’aime pas mes cheveux parce qu’ils sont juste roux et non rouges et que pour elle rouge c’est plus beau (comme si c’était nécessaire de dire ça à quelqu’un et de lui faire de la peine pour rien). Quels sujets et quels livres l’intéressent. Ce qu’elle pense de plusieurs livres en particulier. En quoi elle a fait ses études. À quelle université elle est allée. Quelles langues elle parle. Quels pays elle a visités. Dans quels pays elle veut aller. Qu’elle a des goûts crissement luxueux et bourgeois. Quels types d’expositions elle aime visiter. Quel est son musée préféré. Quelle aime la couture. Quels sont ses projets de couture. Quels jeux vidéo elle aime. Comment elle a trouvé sa stratégie pour tuer le monstre dans son jeu. Qu’elle trouve le fait d’être disciplinée difficile. Qu’elle a de la misère à faire du sport.  Où elle est née. Quelle est la fleur de l’endroit où elle est née. Où elle travaille. Ce qu’elle fait à son travail. Je connais une bonne partie de la vie de son père. Son travail. Ses voyages. Le fait que ses parents se sont rencontrés vieux. Que ses parents lui ont payé vraiment beaucoup de choses. Que son frère s’est suicidé. Quand il s’est suicidé. Qui est la dernière personne à qui il a parlé avant de se suicider. Comment il était avant de se suicider. Ce qu’il a écrit sur son Facebook avant de se suicider. Comment elle s’est sentie après qu’il s’est suicidé. Je sais quand son père est mort. De quoi il est mort. Comment était son séjour à l’hôpital avant qu’il meure. Où son père est né. Où ses parents habitaient quand ils ont déménagé à Québec. Que sa mère déménagera bientôt à Montréal. Je ne sais pas si ma mère a encore ses deux yeux, mais je sais quand la sienne aura son opération aux yeux… je sais probablement aussi bien d’autres choses qui ne me reviennent pas en ce moment…    Ah… oui… je sais aussi qu’elle suit les nouvelles religieusement (chose étrange pour une hypersensible). Qu’elle a peur de la pandémie. Où elle habite. Quel type d’appartement elle a. Quel âge elle a. Que quand elle voit quelque chose de vert elle le prend sans te demander si tu le veux parce que c’est la couleur qu’elle aime et donc c’est à elle. Que si vous faites une activité il faut aller voir l’exposition ou le film qu’elle veut voir et…  

Comment est-ce que je saurais tout cela si je l’empêchais réellement de parler toujours? Je parle beaucoup, oui. Je sais. J’y travaille. Quand je lui ai dit que ça venait en partie de mon emploi de prof, elle a ri de moi. Ça paraît qu’elle n’a jamais eu à occuper du temps de parole devant plus de 100 étudiants pendant plusieurs heures par semaine… sinon elle comprendrait que l’aptitude et l’espèce de sentiment interne de nécessité de combler le silence qu’on développe à force de devoir toujours avoir quelque chose à dire est vraiment intense. Elle ne comprend pas non plus que peut-être qu’à force de parler pour les autres et à propos des autres toute ma vie dans mon travail, parfois, quand j’en sors, j’ai besoin de parler de moi… j’ai aussi le droit d’avoir de l’attention, attention que je lui donne à elle et à parfois plusieurs centaines de personnes par année dont je dois m’occuper et que je dois aider…. sans penser à moi. Je suis en même temps très introvertie et quand je finis par sortir de chez moi, souvent, j’ai besoin de parler, oui. Ça ne veut pas dire que je ne laisse pas les autre parler, ni que je n’écoute pas quand ils le font. Je dois penser à des questions et des réponses à des questions de vraiment beaucoup de personnes par semaine, donc non, je n’ai pas toujours le cerveau disponible pour en poser 50 milles dans mes temps libres… mais j’en pose quand même. Le premier réflexe de toutes les personnes à qui j’ai parlé de cette histoire a été : Ce n’est pas vrai. Tu poses des questions et demande sans cesse des nouvelles de ma vie… Je me rappelle aussi de 3 questions que je lui ai posées seulement la dernière fois qu’on s’est vues. Et il y en avait eu d’autres les fois d’avant aussi. Enfin, quand je veux vraiment qu’une personne comprenne quelque chose de moi, je le dis et je l’explique. Je n’attends pas que l’autre personne devine qu’est-ce que je veux lui dire de moi et quelle est la bonne question à me poser afin que je lui dise enfin ce que je veux vraiment lui dire de moi. C’est tordu en sacrament… et immature. 

Le bouquet a été quand elle a dit qu’on se connaissait à peine… Ça fait un an et deux mois qu’on se parle régulièrement. Dans la tête de qui est-ce que ça se qualifie comme « connaître à peine quelqu’un »? Comment ça se fait qu’elle, elle ne me connaît pas? Qu’est-ce qu’elle faisait tout ce temps-là pendant que supposément je parlais juste de moi? Elle n’a rien écouté et rien retenu? Ça ne doit pas, parce que quand je lui ai dit qu’elle avait juste à parler si elle voulait parler, elle m’a dit que c’était facile pour moi de dire ça. En quoi est-ce que ce serait facile pour moi de dire ça? Visiblement, elle a raison et elle ne me connaît pas. J’ai été convaincue d’être complètement stupide et incapable de poser une question en public jusqu’à la fin de mon doctorat. C’est en bonne partie parce que j’ai vécu beaucoup de violence psychologique enfant et que je pensais que ce que je pensais et avais à dire n’avait pas de valeur. Ça a été un cauchemar pour moi de commencer à enseigner. Une torture. J’étais tellement stressée en enseignant que j’avais l’impression d’être gelée tellement je voyais embrouillée. J’avais toujours la nausée. Je devais écrire mes cours au complet, incluant les blagues, pour arriver à parler en public. Je le fais encore parce que ça n’a jamais passé complètement et j’ai peur de perdre mes moyens… Moins un peu depuis deux ans, mais je sors quand même un peu fatiguée des cours encore… et j’y entre un peu apeurée. J’ai quand même confiance en mes compétences de prof, mais ces violences ne s’effacent jamais complètement. Ce n’est pas plus facile en privé puisque j’ai vécu aussi énormément de violence dans mes relations amoureuses et amicales et que pour moi parler, même à deux, est super stressant et difficile, même si je peux parfois le bien le cacher. Comment est-ce qu’elle peut imaginer que c’est facile pour moi? Elle n’a vraiment absolument rien entendu de ce que je lui ai dit de moi pendant cette année. Je lui dis de se forcer à parler, parce que c’est ça que j’ai fait. Quand j’avais peur de parler, jamais il ne me serait venu à l’idée d’accuser les autres de m’empêcher de parler et de leur dire que c’était leur faute si je ne le faisais pas… et comme on peut voir, elle a parlé vraiment beaucoup d’elle et de ce qu’elle vivait… mais qui je suis, ça , ça ne semble pas beaucoup l’intéresser… pas plus que ce que je vis… vu que ce que je vis est terrible, pour elle.  

Aussi, je lui ai montré que je pensais à elle d’autres façons en lui envoyant des suggestions de livres, des photos que je pensais qu’elle aimerait, des articles et… Je lui ai aussi offert de faire une activité sportive avec elle pour l’aider à se motiver. Aussi, alors que je venais de vivre le choc affectif avec le gars et que j’avais de la misère à passer 5 minutes sans pleurer et que c’était la fin de session et que j’avais 200 copies à corriger, j’ai quand même accepté de tout foutre ça là et de cacher ma peine et de sourire et de louer une voiture pour aller chercher des chaises pour sa mère qui n’est même pas encore ici et ne le sera pas avant des mois. En plus je n’avais pas conduit depuis plusieurs mois avant le début de la pandémie et ça me rend super anxieuse de conduire… mais je l’ai fait parce qu’elle avait besoin de moi et ça me faisait plaisir de l’aider… Et elle? Qu’est-ce qu’elle a fait pour moi? Elle m’a prêté un livre qu’elle avait que je voulais lire. Elle rit de moi parce que je veux perdre du poids et ne plus manger de sucre… alors que j’ai eu des examens médicaux qui disent que j’ai du gras sur le foie et que si je ne maigris pas et ne cesse pas de manger des choses mauvaises pour moi j’aurai une cirrhose ou le diabète… Ça va bien. C’est gentil.  

Après elle m’a sorti toutes sortes de raisons bidons comme quoi j’étais mauvaise… genre que je devais demander à une personne si c’était un bon moment pour lui envoyer un message internet sur ce que je vis… alors que par définition, un message internet, on y répond quand c’est le bon moment, alors non, personne n’a besoin de nous demander la permission de nous parler de notre vie dans un message internet. Après avoir sauvagement mal interprété ma vie, elle m’a accusée de penser que mes interprétations de sa vie étaient la vérité et… Elle m’a accusée de choses qu’elle fait, en fait… Le monsieur en bas de chez moi, à qui j’aime parler des histoires qui m’arrivent s’est mis à rire quand je lui ai raconté et m’a dit que je connaissais des personnes vraiment cheaps et que lui l’aurait bloquée immédiatement après le « je ne suis pas ta psy »… Je ne sais pas vraiment non plus comment quelqu’un pourrait imaginer que je le confonds avec mon psy alors que ça fait 14 ans que je suis en thérapie… et que je ne demande jamais à qui que ce soit de régler mes problèmes… Je me suis endettée de milliers de dollars pour régler mes problèmes… et j’écoute toujours ceux des autres gratuitement… et je propose des choses pour les soulager et j’essaie de les aider. 

C’est encore un cas de personne qui a traité la relation entre nous de façon beaucoup plus superficielle que moi. C’est quand même aussi ridicule qu’elle ait choisi le moment où je suis déjà à terre, massacrée par ce que je viens de vivre, pour péter une coche parce que je ne lui donne pas assez d’attention… Je ne comprends pas comment ça peut sembler une bonne idée de vouloir que ton amie traumatisée qui souffre de stress post-traumatique aigu devine tes besoins et de la traiter comme elle m’a traitée. Elle ne pouvait pas genre s’oublier un peu et attendre quelques semaines que j’aille mieux? Ben non… Je suis vraiment égocentrique parce que je répétais les mêmes choses parce que j’avais la tête comme un disque qui saute sous l’effet du choc que cette histoire a été pour moi… Quelle bonne amie! Elle a dit avoir eu des traumatismes avec des personnes qui l’utilisaient comme psy… Ce n’est pas une excuse… J’ai été violentée par plusieurs personnes et je n’assume pas que tout le monde va me faire du mal pour autant. Même quand il y a des signes, j’analyse toute la situation avant d’accuser l’autre de quoi que ce soit, pas juste un élément. Si elle avait évalué tous les faits, elle aurait vu que je faisais bien plus pour elle que l’inverse…

Ça m’a fait repenser à l’homme que je voyais et qui n’a fait aucune effort pour que ça marche entre nous alors que moi j’étais là à travailler comme une folle en thérapie et à payer des séances supplémentaires avec mon psy pour être capable de commencer une histoire sans être trop lourde avec cette personne qui me montrait son intérêt depuis des semaines et qui s’est enfui au premier problème (causé par lui) en assumant plein de choses à mon sujets et en s’attendant à ce que je devine ce qu’il vivait… J’ai fini de deviner et j’ai fini de faire des efforts. Les deux me disent que je ne les comprends pas. C’est bizarre parce qu’avant le conflit, je comprenais apparemment super bien ce qu’ils disaient tous les deux… Je ne suis pas particulièrement dure de la feuille non plus. Si c’était clair, je comprendrais. Alors maintenant, s’ils veulent que je comprenne ce qu’ils vivent et ce qu’ils me disent, il feront les démarches et les efforts. J’ai assez donné. D’ici là, ils n’ont rien dont ils peuvent se plaindre à mon sujet. J’en ai fait plein d’efforts pour que ces relations fonctionnent. Eux non. J’aimerais vraiment ça que les gens prennent leurs responsabilités dans les situations… et fassent des efforts pour les autres. Encore un beau rêve qui risque de ne pas se réaliser… mais heureusement j’ai quand même de bons amis avec qui il y a de la réciprocité sur qui je vais me concentrer à l’avenir. J’ai besoin de me reconstruire. Je suis blessée et vidée. Je me sens trahie. Doublement. Je serai gentille et douce avec les personnes qui font des efforts.     

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