La confusion (partie 1)

            Les relations sont difficiles et souvent blessantes. C’est un euphémisme. Il m’est encore arrivé quelque chose. Je suis tannée qu’il m’arrive des choses. Des choses de cet ordre, en tout cas. Il y a quelques semaines, j’ai commencé à parler à quelqu’un que je trouvais plus ou moins vaguement attirant depuis des années, mais à propos de qui je ne m’étais jamais trop posé de questions parce que j’avais assumé ne pas l’intéresser. Je fais ça souvent. Je vais dire des choses sur cette histoire, mais je précise que je n’ai pas encore décidé vraiment ce que je pense de la personne. Je n’ai pas vraiment le moyen de savoir ce qu’il en est dans les faits, donc comme d’habitude, j’essaierai de me concentrer davantage sur les comportements qui me semblent problématiques… à la fin c’est quand même ça qui compte, ce qui a été fait réellement, peu importe les intentions. Rares sont les personnes qui se promènent en se frottant les mains à l’idée de faire du mal… Vouloir bien faire ne rend pas tout excusable non plus.   

            Donc, on a commencé à se texter, puisque c’est la pandémie, et assez rapidement, il s’est mis à m’écrire très souvent. Plusieurs fois par jours. Ça m’a un peu inquiétée, parce que dans le passé, ça a souvent été mauvais signe, mais je ne voulais pas être parano et voir du mal partout non plus. Comme tout le monde, je me sentais plutôt seule à cause de la pandémie et encore plus à cause de la mort du chien, on le sait… Donc ça me faisait du bien, en fait, cette nouvelle attention. Elle semblait saine. Il semblait aussi avoir vécu des expériences difficiles et avoir quand même certaines connaissances au sujet des violences, plus particulièrement des violences psychologiques, mais aussi des violences sexuelles, ses amies et ses exs en ayant vécu aussi. Ça avait quelque chose de rassurant pour moi, parce que souvent les gens ne tiennent pas compte de ce que j’ai vécu puisqu’ils ne se renseignent pas sur ces sujets qu’ils disent souvent « déprimants » comme si le fait que quelque chose soit déprimant nous enlevait la nécessité de nous renseigner à son sujet.          

Donc il semblait savoir de quoi je parlais et en tenir compte dans son approche de ma personne et de ce que je lui disais. Ça faisait vraiment du bien de ne pas avoir à tout expliquer constamment et ça m’a quand même plu assez rapidement, j’avoue. Il a proposé qu’on fasse quelque chose plus tard quand ça redeviendrait possible. Ça m’a semblé une bonne idée. Puis, suite à une anecdote passée dans laquelle je lui avais donné un petit nom, nom dont il m’a dit qu’il n’avait pas d’objection à ce que je l’appelle comme ça, nous avons commencé à nous écrire des messages où il y avait des marques d’affection parfois un peu ridicules et parfois belles et les choses ont escaladé assez rapidement. 

Même si j’avais du plaisir, j’étais quand même toujours terrorisée parce qu’il y a très longtemps que je n’ai pas eu des expériences positives sur le plan relationnel. J’en ai eu très peu amoureusement dans ma vie, un peu plus amicalement. Ça fait six ans que je suis seule et que je refuse de laisser les hommes m’approcher. Pas pour rien, non. Pas parce que je serais parano et que je penserais qu’ils sont tous pareils, non. Pas parce que je généralise non plus, non. Tout simplement parce que j’ai eu un nombre énorme de mauvaises expériences, mais réellement énorme. J’en ai déjà parlé dans le passé. J’ai souffert de stress post traumatique à un point tel que dans la pire période j’avais de la misère à parler et à marcher tellement mon cerveau avait été amoché par les violences vécues… des violences psychologiques, oui… ça peut être aussi néfaste que ça. Les gens pensent parfois que j’exagère parce qu’ils ne veulent pas s’imaginer ça… être dans cet état, mais non, ce n’est pas une exagération. C’est arrivé et ça m’a pris beaucoup de temps m’en remettre. J’ai à un moment donné décidé de rester seule parce qu’à chaque fois que j’allais mieux grâce à la thérapie, un homme venait foutre le bordel quand même assez sauvagement dans ma vie malgré le fait que je lui expliquais clairement ce que j’avais vécu. Vous vous doutez que c’est encore pas mal ça qui s’est passé cette fois… L’image et le ton et les nombreuses déclinaisons de « sembler » vous auront mis la puce à l’oreille… J’y arriverai. 

Ça fait 14 ans que je suis en thérapie. 14 ans à faire de la recherche sur différents types de violences, à lire comme une folle tout ce que je peux sur le sujet, à travailler fort sur moi, à me remettre en question sans arrêt, à me mettre à la place des autres et…  14 ans d’efforts pour ne pas laisser ce que j’ai vécu nuire aux autres et aider les autres à ne pas vivre les mêmes choses, à m’excuser aussi, si jamais j’assumais des choses à cause de ce que j’avais vécu, à trop m’excuser, oui et… Dans ces circonstances, ce serait un euphémisme de dire que je n’ai pas beaucoup de patience pour les personnes qui ne cherchent pas à régler leurs problèmes et qui même vous reprochent de ne pas avoir deviné et anticipé leurs problèmes ou encore de ne pas réagir parfaitement à ceux-ci. Je n’ai pas de patience pour les personnes qui ne questionnent pas leurs actions. Je n’ai pas de patience pour les personnes qui veulent que les relations soient faciles et simples. Je suis une surdouée ayant vécu des traumas multiples… Je suis transparente à ce sujet, mais je dis plus neuro-atypique parce que « surdouée » semble suggérer que je suis et me pense plus intelligente, ce qui n’est pas le cas… Je ne suis donc clairement pas quelqu’un à qui on peut honnêtement demander d’être simple et légère. Ça tient du non-sens total. De toute façon, ça m’a pris genre 37 ans commencer à accepter qui je suis et je n’ai aucune envie d’être une personne simple et légère. Ça ne m’intéresse absolument pas et ça m’insulte qu’on me le demande.  

Je ne suis pas pour autant compliquée. Je suis quelqu’un qui comprend ses traumas et leurs effets et est à même de les expliquer très clairement. Je le fais même sans qu’on me le demande, pour prendre soin des autres et éviter de les induire en erreur. Je suis aussi une personne qui ne demande jamais rien, ou alors le strict minimum parce qu’enfant, je n’avais pas le droit d’avoir des besoins. L’interdit était tellement fort qu’à l’âge de 40 ans ce n’est toujours pas évident pour moi de demander des choses, ne serait-ce qu’un minimum d’attention… 

J’ai donc choisi, il y a six ans, de rester seule afin d’aller mieux et de pouvoir me concentrer sur ma vie et mes projets sans qu’on vienne détruire les progrès que j’avais faits pour me remettre des choses graves que j’ai vécues. J’avoue que j’y ai pris goût, à cette solitude. J’ai quand même eu envie de la rompre parce que cette personne me semblait différente… Je ne sais toujours pas qui il est, ni pourquoi il a agi comme il l’a fait, mais j’analyserai quelques choses qui se sont produites dans les prochaines semaines afin de me libérer un peu de l’incertitude à laquelle je suis condamnée, mais aussi afin d’éclairer pourquoi certains comportements sont clairement blessants même si l’autre peut ne pas vouloir mal faire… 

Bonne journée et à plus! 

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