Je suis restée pas mal silencieuse depuis un moment. J’étais fatiguée. J’étais malade aussi. La vie va généralement mal depuis janvier dans presque toutes les sphères pour moi. J’ai accueilli la pandémie avec un mélange de tristesse et d’horreur pour les personnes contaminées, mais aussi avec une sorte de soulagement pour moi qui avais un besoin infini de repos et d’isolement. J’aurais bien sûr préféré avoir ce repos et cet isolement sans que qui que ce soit souffre, mais on ne peut pas toujours choisir ce que l’on obtient.
J’ai eu un très mauvais cas de dépression saisonnière selon mon médecin. J’ai tout essayé : sport intense, luminothérapie, alimentation, produits naturels, méditation… rien n’y faisait. Je pleurais toute la journée et une partie de la nuit et je paniquais sans arrêt. J’ai donc décidé de tester un temps les antidépresseurs. Je suis en général contre. Je le suis encore d’une certaine façon. Je suis en tout cas contre en tant que première solution. Je pense qu’on prescrit trop vite. Quand mon médecin m’a donné cette option, j’ai réagi comme si je devais manger de la crotte. Ma réaction s’explique par le fait que j’ai déjà essayé quelques sortes d’antidépresseurs quand j’étais plus jeune et qu’à chaque fois ça a viré au cauchemar. Je n’ai pas du tout la même expérience que d’autres personnes qui se disent soulagées par ces produits. J’ai lu beaucoup d’études contre aussi. De plus, ça ne me fait jamais vraiment de bien et certains ont même eu des effets néfastes sur moi. Très néfastes même. J’avais pris du Wellbutrin une fois en arrêtant de fumer et je suis restée debout pendant 18 heures à rédiger un travail sans presque cligner de l’œil. Effexor aussi a été un cauchemar épouvantable. Ça avait juste contribué à ma haine des antidépresseurs.
J’ai appris depuis que parce que je suis neuro-atypique, je ne dois pas prendre n’importe quel produit de ce type. Je dois rester loin des antidépresseurs qui agissent à la fois sur la sérotonine et la noradrénaline. Je dois prendre seulement ceux qui agissent sur la sérotonine. Il semble y avoir des exceptions, mais j’ai l’impression que ça doit dépendre de comorbidités surtout et que ça ne rend pas l’autre information fausse. Mon médecin m’a donc fait essayer le Prozac. J’ai dit que je voulais bien, mais seulement si on restait à la dose minimale. On a commencé à 10mg. Je trouvais déjà ça crissement intense et ça me faisait peur, mais j’ai accepté d’essayer la dose thérapeutique de 20mg. Là, ça a tourné au cauchemar. Je dormais 4 heures par nuit. J’avais des spasmes et tout mon corps se crispait. Puis, j’ai eu un effet surprenant, mais pas si rare semble-t-il. Je me suis mise à avoir envie de pipi 24h sur 24. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une infection urinaire, mais après avoir pris deux séries d’antibiotiques et passé 4 tests d’urine en 2 semaines et demi, j’ai bien compris que c’était réellement le Prozac qui faisait ça. Aussi, ça me rendait extrêmement anxieuse. Mon pharmacien a accepté de me redescendre à 10mg en attendant que je voie mon médecin.
Bien sûr mon médecin était horrifié de ce qui m’arrivait. On a conclu que j’en essaierais un dernier, mais avec une dose minuscule. Je prends donc en ce moment 5mg d’un autre produit qui agit sur la sérotonine et un peu sur l’anxiété, mais sans toucher le taux de noradrénaline. L’avantage de ce produit, c’est que je peux couper les pilules de 10mg en deux, ce qui n’était pas le cas avec le Prozac. Je pourrai même baisser à 2,5mg si nécessaire. J’ai bien essayé de prendre le 10mg (la dose thérapeutique étant de 20mg pour ce produit aussi), mais mon corps et mon cerveau se sont encore mis à faire des choses épouvantables. Donc je reste à 5mg jusqu’à ce que les choses aillent mieux. Ça va tranquillement. Je ne suis toujours pas convaincue de l’utilisation de ces produits. Mon expérience est presque aussi mauvaise que les premières fois, mais j’avais besoin d’aide durant cette période, donc j’ai mis de côté mon ego un temps… et j’ai accepté l’aide.
En même temps, j’ai encore eu beaucoup de problèmes liés au travail. Beaucoup d’insécurité. Un contrat à la dernière minute, ce qui m’a mise royalement dans la merde. Des relations instables… J’ai aussi eu une sinusite… et un rhume… et une grippe… Mon taux de fer est plus bas que jamais, juste 2 points au-dessus de l’anémie… ce qui d’ailleurs freine la production de sérotonine (ce n’était donc pas que saisonnier…) C’était un horrible début d’année… Puis la pandémie est arrivée…
Donc ces jours-ci, je ne fais pas tant. Je vais recommencer à travailler un peu plus à partir de demain et augmenter tranquillement. En même temps, avec tout ce qu’il s’est passé, c’était bien correct de ne rien faire ni produire un temps. J’écrirai bientôt un texte sur des choses qui peuvent se produire chez les personnes qui ont vécu des violences dans le passé lors de périodes d’isolement ou de confinement comme celle que nous vivons en ce moment.
Prenez soin de vous.
À plus !