Il s’agit de la suite d’autres billets. Il serait peut-être mieux de lire les autres avant afin de mieux comprendre. J’essaie de décrire comment se passent les micro-agressions lors d’une relation amicale (c’est la même chose pour les relations amoureuses) qui conduisent à produire une plus grande agression, ce qui a pour conséquence que la relation peut être qualifiée de violente.
L’ancien ami dont je parlais m’a refait le même coup qu’à Noël pour Pâques. Dans les derniers messages que j’ai reçus de lui, il m’accusait d’avoir mis volontairement en ligne des photos de sorcières et de Black S… (aucune idée à quoi il référait, probablement Black Sabbath ou Black Satanism… Je ne sais pas… ) le jour de Pâques. Voici les photos en question :


Il s’agit d’une photo d’un livre sur les sorcières que j’ai lu en avril et oui, je l’ai terminé la veille de Pâques. J’en avais lu un autre quelques jours plus tôt, mais il n’a pas eu l’air de remarquer celui-là… Il aurait pu alors déduire une certaine continuité dans la thématique… et se dire que probablement c’était un intérêt réel et non une persécution de sa célébration pascale. Le problème avec ce qu’il prétend, c’est que je ne savais pas que c’était la veille de Pâques ce samedi-là. Comme je l’ai dit dans mon dernier billet, je ne vis pas ma vie en fonction du calendrier des fêtes catholiques. Pour moi, Pâques n’est pas une période « spéciale » pendant laquelle je devrais remplir mes réseaux sociaux de lapins, fleurs de la saison et chocolats ou d’image du Christ. Je ne sais pas vraiment c’est quand, à part que c’est dans une vague période s’étendant entre la fin mars et la fin avril. Je m’en souviens à cause de mon enfance, je vois aussi que ça approche à cause de l’infinie marchandise thématique à vendre dans les pharmacies et épiceries, mais je ne cherche pas à vérifier c’est quand sur le calendrier. C’est juste un jour comme un autre que je ne célèbre pas, en bonne partie parce qu’il ne représente pas quelque chose en quoi je crois. La Pâques de l’Ancien Testament célébrait un massacre et le fait de chasser un peuple d’Égypte et la Pâques du Nouveau Testament célèbre le retour du Christ. Ce ne sont pas des choses que j’ai envie de fêter (même si je n’ai rien contre la figure du Christ dont les enseignements me semblent tout de même pertinents, une fois sortis de leur cadre religieux). La Pâques contemporaine célèbre le chocolat, les fleurs, le jambon à l’ananas, ainsi que les lapins et les poussins cutes… Je n’en ai rien à foutre de ces choses. À la limite, je vais peut-être acheter du chocolat en spécial après Pâques et je veux que les lapins et les poussins soient bien traités, mais c’est pas mal à ça que se résume mon intérêt… Le fait d’avoir rompu les liens avec ma famille devrait me permettre de choisir de ne pas célébrer Pâques sans ressentir de culpabilité, mais apparemment non…
Par contre, la deuxième photo est liée à Pâques, oui, dans une intention se voulant comique. Le dimanche matin, quand je me suis levée, je n’ai pas eu le choix de savoir que c’était Pâques puisque c’était partout sur Internet. C’est généralement comme ça que je finis par le savoir. En ouvrant mon compte de la bibliothèque, je me suis rendue compte qu’il fallait que je termine le livre sur Marylin Manson que j’avais emprunté parce que je ne pouvais plus le renouveler et que je devais le rendre le lundi. Le livre s’appelle Antéchrist Superstar, comme l’Album culte de Manson. J’ai trouvé ça drôle de devoir finir le livre sur « l’antéchrist » justement le jour de Pâques en raison de ce qu’il représente traditionnellement, soit le retour du Christ. Alors j’ai fait la photo et je l’ai mise en ligne comme une blague parce que je trouvais ça drôle et que je pensais que ça allait faire rire d’autres personnes. Ça a été le cas.
Il procède ensuite en m’accusant de porter des masques sur les réseaux sociaux et me dit que ce n’est pas moi. Mais oui, c’est moi. J’enseigne la pensée féministe depuis dix ans et ma thèse de doctorat portait en bonne partie sur différentes formes de persécutions que les femmes ont dû subir à travers les siècles, principalement celles liées à leur santé mentale. Il y a quelques mois je me suis dit que je ne connaissais pas assez de choses sur les sorcières et que je devrais remédier à la situation en lisant plus sur le sujet pendant que je ne travaillais pas. Les sorcières sont après tout une des figures phares du féminisme et un emblème de la persécution des femmes à travers le temps… Ça me semblait nécessaire de lire sur le sujet pour être cohérente avec moi-même, mes intérêts de recherche et ce que j’enseigne… Ça n’a rien à voir avec lui ni avec Pâques. Mais j’image que dans sa tête on a juste le droit de mettre des photos liées aux sorcières sur les réseaux sociaux à l’Halloween… Octobre : seul moment d’intérêt et de conversation sur les sorcières autorisé par Monsieur. Alors que dans la réalité, tout le monde a le droit de parler de sorcières et d’en montrer sur photos n’importe quand. En plus, depuis quelques mois, je repense à comment je me vois comme femme et quel genre de femme je veux être et la figure de la sorcière qui est hors normes et hors critères de beauté sociaux m’interpelait. Mais même sans toutes ces bonnes raisons de lire sur les sorcières, c’est mon droit de lire là-dessus à n’importe quel moment de l’année, que ça lui plaise ou pas. Je n’ai pas à me justifier ni à éviter d’en parler durant les fêtes catholiques.
Pour ce qui est de la photo du livre sur Manson, eh bien d’abord il n’avait même pas regardé vraiment ce que c’était puisqu’il n’était pas capable de dire c’était une photo de quoi et donc incapable aussi de comprendre la blague. Alors on repassera pour une analyse juste de la photo… Il faut tenir compte de tous les éléments si on veut produire une pensée et une critique pertinentes. J’ai commencé à écouter Marylin Manson quand j’avais 15 ans. J’avais arrêté de l’écouter un peu plus tard parce que des gens se moquaient de moi et que je n’avais pas vraiment confiance en moi. J’avais changé de look aussi parce que j’étais tannée de me faire dire que je m’habillais toujours en noir. D’ailleurs, je me le fais encore dire même si je ne m’habille plus toujours en noir depuis des années… Comme quoi il n’y a jamais moyen de faire plaisir à tout le monde et que les gens préfèrent leur idée de vous que de regarder la réalité de qui vous êtes. Je travaille en ce moment sur des projets créatifs qui se déroulent durant mon adolescence. Ça m’a donné envie d’écouter Marylin Manson et de voir ce qu’il avait fait depuis. Honnêtement, je me suis rarement autant amusée qu’en redécouvrant ses albums plus anciens et en découvrant les plus récents. J’ai gambadé dans le parc joyeusement pendant plusieurs jours en l’écoutant. Ça m’a rappelé comment je m’étais laissé intimider et ça m’a donné un sentiment de liberté acquise depuis par rapport à l’opinion des autres. Ça m’a donné envie de faire revenir cette jeune femme que j’ai été que j’ai tuée pour faire plaisir aux autres pour voir ce qu’elle pouvait m’apporter dans la redéfinition de moi que je suis en train de faire. Elle et Manson m’ont apporté beaucoup de joie, d’envie de vivre et de confiance en moi et ça me rend vraiment heureuse d’avoir fait ce retour dans le passé. Quant au livre en tant que tel, je le lisais parce que j’avais eu une conversation avec mon psy durant laquelle on s’était demandé comment sa personnalité et sa psychologie étaient décrites par d’autres…. C’est tout. La blague est peut-être facile, mais pas très grave. Et on s’entend que si j’avais voulu me faire passer pour une sataniste hardcore, j’aurais mis un autre livre que celui sur une star sombre relativement pas mal pop et je n’aurais pas inclus mon chien qui est le summum du cute dans l’image.
Alors oui, ces photos sont moi… Je suis une personne qui participe à Bookstagram en faisant des photos des livres que je lis pour donner de la visibilité aux auteurs des livres que j’apprécie. C’est vraiment le comble de l’égocentrisme de ma part. Je ne mets pas la photo de tous les livres que je lis parce que je ne les aime pas tous et parce que les gens trouvent déjà que je lis beaucoup et que je suis tannée d’avoir des commentaires.
Analyse détaillée comme preuve :
Photo 1 :
C’est le livre sur les sorcières que je lisais réellement à ce moment parce que c’est un sujet qui m’intéresse réellement.
C’est le bord de ma cuisse.
C’est ma main.
C’est le vernis à ongles que je porte presque tous les jours de l’année.
C’est ma bague.
C’est mon plancher.
C’est le meuble rouge dans lequel je range mes vêtements.
La partie fausse est qu’il y a un filtre un peu plus sombre pour « l’ambiance ».
Photo 2 :
C’est mon plancher.
Ce sont mes jambes.
Ce sont les chaussures que je porte tous les jours d’avril jusqu’à octobre.
C’est mon chien.
Son expression est mise en scène à l’aide d’un biscuit que je tiens dans les airs, donc là oui… J’ai eu l’horrible volonté de tromper les gens sur la réalité en utilisant un biscuit pour que le chien lève la tête et regarde dans la direction que je désirais. Je suis un imposteur. Je l’avoue.
J’avoue aussi que je ne vis pas réellement dans un monde en noir et blanc et que j’ai mis un filtre sur la photo, ce qui est monstrueux de ma part.
C’est le livre sur Manson que je lisais réellement à ce moment.
Marylin Manson est un artiste dont j’écoute réellement la musique.
J’affirme alors que non, je ne suis pas une personne horrible qui avance masquée sur les réseaux sociaux et cherche à donner une fausse image d’elle-même… Mais même si c’était le cas, la seule personne dont ce serait les affaires, c’est moi. S’il était encore dans ma vie, je lui dirais : « Ça va faire la police du calendrier ! Les autres ont le droit de vivre et de faire ce qu’ils veulent le jour des fêtes catholiques que ça te plaise ou non criss d’égocentrique! ». Ce n’est pas comme si j’étais allée détruire ses fleurs et casser ses œufs de Pâques chez lui. Là, il pourrait se plaindre. Et non… je n’arrêterai pas de faire des photos mises en scène de livre que j’aime pour faire plaisir à Monsieur… Non, je n’arrêterai pas d’être moi. Non, mais quelle connerie !
Au lieu de comprendre que peut-être je suis une personne plus complexe qu’il pense et que peut-être, après m’avoir vue un gros 7-8 fois plus que 5 minutes, il ne me connaît pas aussi bien qu’il pense… Au lieu de me poser même une simple question, il décide qu’il me connaît mieux que moi… et se permet de me dire qui je suis et quand je suis vraie et quand je suis fausse… Ça c’est purement et simplement de la violence. C’est le total opposé de ce qu’il prétend être, soit : tourné vers l’Autre. Tourné vers l’Autre mon cul… c’est plutôt : je vais imposer à l’autre la vision que j’ai de lui et le culpabiliser et l’accuser d’être faux s’il ne s’y conforme pas. Violence pure et simple. Il n’est pas obligé d’aimer qui je suis, mais il n’a aucun droit de me dire qui être. Ni lui, ni personne. Jamais.
Mais ce ne sont pas les seuls commentaires liés aux réseaux sociaux qu’il m’a faits…
La suite bientôt.
Bonne journée !