Depuis l’adolescence, j’ai souvent eu envie de peindre aussi… en plus de tout le reste, oui. On pourrait dire que j’ai eu envie d’essayer à peu près tout dans le milieu des arts et que je me suis pas mal presque empêchée de tout faire pendant très longtemps. Je ne saisis pas toujours très bien pourquoi. C’est en partie lié au verdict de mon père dont j’ai parlé au début du blogue. En partie lié à ma confiance en moi aussi, probablement et aux méchancetés que je me raconte par rapport à mes capacités.
C’est une forme d’interdiction que je m’impose. La force de cet interdit pèse très lourdement sur moi depuis longtemps et je voudrais que cela cesse. Contrairement à la plupart des gens, je n’ai pas besoin de détracteurs. Je fais tout ça moi-même et ce sont les autres qui aiment ça. Et je ne les crois pas. Souvent en tout cas, je ne les crois pas. On m’a trop persuadée que je ne valais rien. C’est long à changer. C’est normal que ce soit long, il paraît.
C’est quelque chose que j’ai beaucoup de difficulté à comprendre: pourquoi je n’arrive pas à prendre davantage confiance en moi après avoir réussi tant de choses que j’ai essayées. J’ai publié. J’ai réussi des cours. J’ai appris dans plusieurs sphères. J’ai eu des compliments sur ce que je fais. La douance fait que c’est facile de devenir bon, mais que c’est difficile de persévérer dans un domaine parce que la personne a toujours soif de nouveauté. Ça joue probablement. Je pense que ça a aussi à avoir avec le fait que je ne me laisse jamais aller à faire complètement ce que je veux quand je réalise quelque chose.
On a parlé de ça hier en thérapie. Il y a une partie de moi que j’ai appris à cacher quand j’étais très jeune parce que les choses qui m’intéressent sont souvent jugées troublantes ou dérangeantes par les autres… ou alors mon plaisir est détruit et tourné en ridicule. Il va falloir que j’apprenne à faire ce que je veux tout en me protégeant, parce que je me sens beaucoup plus vivante depuis que j’ai commencé à renouer avec des choses que j’aime et des parties de moi que j’avais enfouies.
Donc cette session j’ai pris un cours de peinture. Comme je ne travaille pas, j’ai beaucoup de temps à y consacrer, ce qui est une bonne chose. Ça me laisse par contre beaucoup de temps pour angoisser… mais j’esssaie de confronter mes peurs le plus possible pour travailler.
Je n’ai pas vraiment choisi mon sujet pour le premier travail ou en tout cas je n’ai pas pu y réfléchir longtemps. On a dû décider sur quoi on travaillerait la semaine où j’avais ma sinusite et ma bronchite en même temps. La seule consigne qu’on avait c’était qu’on devait travailler sur des couleurs complémentaires. La session a commencé beaucoup plus vite que ce à quoi je m’attendais et je me suis retrouvée au 2e cours, n’ayant pas choisi. J’ai rapidement fouillé dans les photos que j’avais dans mon téléphone et j’ai choisi une photo du chien courant sur une plage le long du fleuve Saint-Laurent. La terre était plutôt orangée, le ciel très bleu et les arbres plutôt jaunes alors ça fonctionnait. J’en ai parlé vite à la prof puis j’ai demandé à quitter, me sentant mal d’exister en étant porteuse d’autant de microbes et de virus en même temps dans un lieu public. Les antibiotiques me donnaient très sévèrement la nausée aussi et il faisait une chaleur épouvantable dans l’affreux local.
Donc je suis partie, un peu déçue de mon choix, parce que je n’ai jamais voulu peindre des paysages dans la vie et qu’honnêtement je crée peut-être un peu trop de représentations de mon chien pour que ce soit réellement sain. Ha! Ha!
Cette absence d’intérêt pour les représentations des choses de la nature, c’était quelque chose au coeur d’une difficulté que j’avais à parler de son art à mon ancienne amie. Elles peignait tout le temps des fleurs et des plumes ou des choses comme ça. Sur le plan technique, je la trouvais très bonne, mais honnêtement je n’en ai pas grand-chose à foutre de tableaux de fleurs et de plumes… Ça ne fait pas vraiment partie de mes intérêts. Je l’encourageais quand même parce que je savais qu’elle aimait ça et que ça lui faisait du bien. Elle ne m’encourageait pas vraiment, surtout à la fin où elle ignorait en fait complètement ce que je faisais alors que je lui parlais de réaliser ce projet depuis des années. Un jour, alors que je commençais en arts visuels, elle m’a même proposé de faire un livre ensemble en précisant: “Je me propose pour les dessins”… Pas du tout méchant et blessant dans les circonstances, non… Je ferai mes propres livres que j’illustrerai moi-même. Au moins, je me traiterai bien.
On était aussi souvent en désaccord sur la question de l’inspiration. Elle attendait et se plaignait constamment de ne pas en avoir et voulait que je lui dise quoi dessiner. Mais ça ne marche pas comme ça l’inspiration. Ça ne vient pas quand on l’attend. Je suis contente d’être qui je suis et d’avoir toujours travaillé à explorer plus avant ce qui m’intéressait. Je ne suis pas une personne qui s’ennuie. Je sais aussi qu’il ne faut pas attendre l’inspiration pour travailler. C’est en fait en travaillant que les idées naissent et que les choses les plus intéressantes se produisent. Je ne connais pas non plus l’angoisse de la page blanche. J’ai toujours quelque chose à dire, quelque chose à montrer. J’ai souvent trop en fait. Je déborde.
Malgré le fait que j’étais un peu réticente face à mon sujet, j’étais quand même décidée à faire de mon mieux. C’était difficile de me lancer parce que je ne connais absolument rien en peinture et les choses qui ont été présentées dans les premiers cours m’en apprenaient peu de plus.
J’ai commencé par rater mon ciel.
Je n’avais pas choisi le bon bleu. Le tout sortait plutôt violet. Je n’avais pas acheté beaucoup de matériel. J’en avais un peu, mais pas la teinte de bleu qui me permettrait de créer la couleur recherchée. Je suis allée à la coop pour en acheter, mais il n’y avait plus de cyan primaire… dans aucune marque de peinture. C’était un peu comme une malédiction qui me courait après. Mon ciel resterait raté… mais non… J’ai finalement trouvé un genre de concentré de cyan… que j’ai dilué. J’ai réussi à créer quelque chose qui me plaisait un peu plus. L’effet reste un peu raté, mais bon. C’était la première fois que j’essayais de faire un ciel aussi nuancé sur une toile. Dans une création tout court en fait. J’avais aussi raté mes arbres qui étaient en fait écrasés par le ciel. Mais à force de courage et de travail, j’ai fini par les faire s’élancer dans le ciel un peu plus librement.
J’ai choisi de faire mon paysage à la verticale dans un format inhabituel. Je préfère comme cela. Les paysage étendus m’ennuient. Je voulais seulement croquer une partie de la scène, la partie que je préférais. C’était un plus gros défi que ce que j’avais réalisé. Cela prenait beaucoup de patience pour tout faire et essayer de m’approcher du résultat que je voulais. Les roches et les cailloux ont été particulièrement longs à faire.
J’ai attendu à la dernière minute pour intégrer le chien. J’avais l’impression que ce serait le plus difficile. Probablement que pour des raisons affectives c’était en fait celui que je voulais le plus réussir. Il était la partie la plus importante. Finalement il a été le plus facile à faire. Peut-être parce que je le connais bien et que je l’ai dessiné souvent.
À force de travail, de commencements et de recommencements, j’ai fini par produire mon 2e tableau complet à vie, premier dans ce cours:
J’ai même réussi à être fière de moi, ce qui m’arrive rarement.
Mon évaluation s’est bien passée.
Bonne journée!
😮 J’aime beaucoup.
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Merci! J’ai travaillé fort! J’ai presque zéro expérience.
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