Après que je lui ai dit que je ne savais pas comment je ferais pour rester en couple avec lui après avoir appris qu’il pensait des choses répugnantes à mon sujet, quand il m’a dit qu’il était supposément encore amoureux de son ex qu’il ne faisait que dénigrer depuis plusieurs semaines, ça m’a quand même fait un choc et quand même blessée… malgré le fait que je ne savais plus quoi penser de lui depuis un moment déjà. C’était de sa part une sorte de frappe préventive, bien sûr… après avoir vu mon doute apparaître, il ne pouvait pas tolérer que je le laisse et il m’a donc laissée de la façon la plus humiliante qu’il pouvait trouver, c’est-à-dire en me disant que pour lui je valais moins et j’étais moins intéressante que la fille qu’il avait qualifiée à plusieurs reprises devant moi de sous-merde. Elle, elle était aimable. Pas moi.
Je me détestais tellement à l’époque et j’étais tellement mal dans ma peau que je l’ai cru, que cette fille-là était mieux que moi. Maintenant je sais bien que personne ne vaut plus ou moins qu’une autre personne et que la valeur d’un être humain n’est pas mesurable ni comparable à celle d’un autre (ses actions et ses choix oui, par contre), mais à l’époque je pensais vraiment que tout le monde était mieux que moi. Je voyais l’attention qu’il m’avait donnée comme une faveur de sa part plutôt que quelque chose que je méritais et qui me revenait en tant qu’être humain. Je l’ai cru, que je ne valais rien. Je l’ai cru, que je n’étais pas très aimable… C’est décourageant, mais c’est vrai. Je ne suis vraiment pas la seule à penser des choses comme ça malheureusement. Il y a des milliers de personnes qui créent, vivent, endurent des relations de marde pour des raisons comme ça.
La pauvre fille est grise… si vous la voyiez… Il l’a probablement eue comme il m’avait eue… en lui faisant croire qu’elle était bien mieux que toutes les autres… C’est quelque chose d’assez commun dans les relations de couple, mais tellement absurde quand on y pense vraiment. Une personne saine n’a pas vraiment besoin de dénigrer toutes les autres personnes qui existent sur terre pour vous aimer. Elle n’a pas besoin non plus de taper sur la tête des autres personnes qu’elle a déjà blessées pour vous montrer que vous valez plus. Ce genre de technique, ça marche surtout avec le type de personne que j’étais à l’époque : une personne n’ayant pas confiance en elle qui ressent le besoin d’être supérieure aux autres pour avoir l’impression de valoir quelque chose. Elle ne m’est pas supérieure… tout comme je ne lui suis pas supérieure. Je n’ai pas besoin de la détester ni de la rabaisser. Je n’ai pas besoin qu’elle souffre pour me sentir bien non plus. Elle souffrira bien assez en restant dans cette relation…
Et non, ce n’est pas possible non plus qu’il la traite bien alors qu’il me traitait mal. Les gens traitent tout le monde de la même façon… Si une personne vous maltraite, agit de façon méprisante avec vous, se moque de vous… elle fera la même chose exactement avec les autres. On ne change pas d’une personne à l’autre même si parfois certaines personnes appuient sur nos mauvais boutons, si on veut… mais ce n’est pas la jeune femme s’excusant sans cesse et faisant tout pour plaire et ne pas déranger que j’étais à l’époque qui pourrait être très dérangeante… À part pour des personnes qui ne savent pas d’où ça vient, ce genre de comportement, c’est-à-dire de violences vécues avant. Mais ce n’était pas son cas… Lui, ça l’arrangeait que je sois soumise et douce… à ce moment-là. C’est quand je ne l’ai plus été que soudain ça l’a fait chier et que j’ai arrêté de l’intéresser.
Après, c’était terrible.
Les effets secondaires me sont rentrés dedans comme un train en marche.
Il y en a qui développent le stress post-traumatique quelques semaines, quelques mois, voire quelques années parfois après que l’événement qui en est la cause soit arrivé. Ça n’a pas vraiment été mon cas. Je me suis sentie immédiatement comme si j’avais reçu un coup de masse sur la tête et que tout était soudain un peu plus loin et flou.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été anxieuse. J’étais une enfant très nerveuse qui vivait dans la peur. C’était parce que mon père était très instable et pouvait changer d’humeur brusquement d’une seconde à l’autre. Je ne savais aussi jamais qui ou quoi croire parce que mon père mentait aussi vraiment beaucoup selon ce qui l’arrangeait sur le moment. Il ment probablement encore aujourd’hui, mais je ne lui parle plus. Ça me demandait trop d’énergie d’avoir des relations avec mes parents. Elles étaient trop pleines de mauvais souvenirs et étaient toujours malsaines, créant ainsi d’autres mauvais souvenirs infiniment. Mon père était comme mon ex violent en un peu moins grandiose, disons… mais je ne suis pas devenue ma mère. Je me suis révoltée. J’ai refusée d’obéir. J’ai refusé de plaire, même si à l’époque plaire était très important pour moi et que ça me faisait mal au point d’avoir l’impression de ramper sous ma peau quand je devais faire quelque chose dont je jugeais qu’il serait désagréable pour les autres. Je me suis sauvée, finalement.
Et après j’ai hurlé. J’ai hurlé en messages. J’avais honnêtement l’impression d’être devenue folle tellement j’étais pleine d’horreur et incapable d’arrêter de lui écrire, changeant sans arrêt de sentiments pour lui. J’alternais entre le détester en sachant qu’il avait un problème ou me détester et l’aimer en pensant que c’était moi, le problème, que je ne serais jamais assez quoi que ce soit pour qu’on m’aime. Il m’a dit que je n’étais pas très crédible dans ma méchanceté, parce que je lui envoyais des messages horribles et ensuite des messages d’excuses… L’imbécile… Ça faisait juste montrer que je n’étais pas habituée d’être méchante et que j’avais de la misère à l’incarner et à l’assumer. Alors qu’il essayait de faire croire aux autres que c’était moi la méchante dans l’histoire… Ce n’était pas quelque chose qui faisait partie de moi. Ce n’est toujours pas quelque chose qui fait vraiment partie de moi, même si je peux maintenant être dure, oui… mais jamais la méchanceté ne fera partie des choses auxquelles j’aspire… pour lesquelles j’ai envie d’être crédible… Quelle perte ce temps ce serait, quand même… puisque ça ne sert jamais à rien, la méchanceté, peu importe ce que ceux et celles qui l’emploient se racontent. C’est juste une perte de temps infinie. Quelque chose de complètement inutile dans toutes, absolument toutes, les circonstances.
Maintenant ça me semble tellement incroyable à quel point cet homme est un imbécile. Je ne comprends même pas comment j’ai pu me faire avoir… C’est faux. En fait, je le sais. C’est parce qu’il a appuyé sur ma faille narcissique. Il n’a pas beaucoup de mérite au fond… même s’il se pense probablement brillant. Il ne l’est clairement pas. Il pense qu’avoir une bonne vie c’est payer de la nourriture trop chère et vivre sur le plateau dans une maison trop chère… Come on… Il m’a eue, comme tout le monde (absolument tout le monde) peut se faire avoir lorsque quelqu’un est capable (et a assez de temps dans sa vie à perdre) de trouver votre point de faiblesse et de l’utiliser pour vous faire agir… mais je reviendrai là-dessus.
Je n’allais pas bien après en tout cas.
Le soir, quand j’allais me coucher, je me sentais comme si j’avais du métal qui me coulait dans les veines. J’avais l’impression d’être empoisonnée. Je ne voulais pas m’endormir parce que je rêvais à lui. Ou plutôt je faisais des cauchemars. Je fumais énormément à l’époque. Ça n’aidait pas à me calmer ni à me rendre plus vivante. La cigarette, c’est l’horreur… (mon sevrage de gommes de nicotine se passe beaucoup mieux… il semble pas mal fini en fait). J’avais fini par développer une sorte de technique de visualisation dans laquelle j’imaginais que les souffrances et la colère que je vivais lui étaient retournées sous forme de petits nuages noirs qui s’échappaient de mon corps et flottaient au dessus de Montréal jusqu’à son appartement trop cher du plateau.
Ça m’a pris beaucoup de temps m’en remettre.
Je ne suis pas toujours certaine que c’est fait, que je suis réparée, parce qu’il m’est arrivé d’autres histoires qui ont rouvert les plaies… Mais en tout cas, pendant cette première période après la relation, c’était horrible, comme j’ai dit. La durée du trouble de stress post-traumatique varie d’une personne à l’autre. Chez certaines personnes ça se règle assez rapidement, par exemple en quelques mois. Chez d’autres, comme moi qui n’en étais pas à mon premier traumatisme, cela peut durer des années, voire même devenir chronique.
Je pense que j’ai aussi été en dépression après pendant un temps… C’est assez fréquent et avec tous les deuils que je vivais alors, ce n’était pas nécessairement surprenant. J’ai aussi développé des genres de troubles anxieux depuis… même si ça va mieux.
La suite mercredi.
Bonne journée