Le stress post-traumatique (la relation avant)

            Je l’avais rencontré dans un café à l’université, mon ex narcissique. Ça faisait quelques fois qu’il m’abordait, mais j’avais quelqu’un d’autre en tête et franchement il ne m’intéressait pas vraiment. Je ne le trouvais même pas beau. Je ne sais pas pourquoi j’ai fini par dire oui… Probablement parce que mon estime de moi était plutôt basse après qu’une histoire moche avec quelqu’un qui m’intéressait se soit terminée. C’est un cas classique où j’ai cru ce qu’on me disait de moi, soit que j’étais trop difficile, au lieu de m’écouter… Ça fait longtemps que je suis en thérapie à m’analyser et à me remettre en question… Je ne devrais donc plus croire les autres quand ils posent des jugements superficiels sur moi ou ma vie. J’y arriverai. C’est aussi un cas classique de relation avec une personne violente, au sens où elles arrivent souvent dans votre vie quand vous n’allez vraiment pas bien et que votre perception de vous-mêmes est négative.

            On est allés à un rendez-vous. Il m’a embrassée beaucoup trop vite. Déjà là, j’aurais dû savoir que quelque chose n’allait pas, mais j’étais plus naïve alors. Après il appelait et il voulait me voir vraiment trop souvent. J’aurais dû me méfier de ça aussi… C’est correct que quelqu’un soit enthousiaste de vous connaître, mais quand il appelle sans arrêt au point ou ça vous prend trois heures pour accrocher un cadre parce que vous êtes sans arrêt dérangé, c’est un peu louche… J’ai commencé à en parler à mes amis, qui m’ont dit d’arrêter d’être paranoïaque et d’en profiter. Je me suis dit qu’ils devaient avoir raison et que je devais avoir peur parce que j’avais vécu beaucoup d’histoires moches et qu’il devait être gentil au fond…

            C’est un peu ça, mon problème, dans la vie. J’ai un très bon instinct pour les gens, en fait, mais je ne l’écoute jamais. Au lieu de ça j’écoute les autres qui me disent que je suis négative ou paranoïaque… mais après, c’est moi qui finis amochée par la personne que je savais pourtant que je devais éviter… Les autres oublient par contre alors de me dire que j’avais raison finalement. C’est arrivé encore récemment… mon ancienne amie me poussait à aller vers un gars qui me faisait de l’œil. Je lui disais que j’avais un mauvais feeling et que je préférais attendre de voir ce qu’il ferait de plus… et aussi que je n’étais pas prête parce que je n’étais pas encore remise des choses qui m’étaient arrivées, ni pressée d’être en relation. Eh bien elle a poussé et poussé et poussé (elle et d’autres en fait), me disant que j’étais négative et qu’il fallait être en couple et blablabla… pour que je découvre finalement que le gars était en couple. Elle m’a alors dit qu’il pourrait être mon ami. Je lui ai dit que je ne voulais pas. Elle m’a alors dit que j’étais négative… Je ne vois pas ce qu’il y a de négatif à ne pas vouloir être amie avec un gars ambigu qui me fait de l’œil pendant qu’il est en couple. Il me semble que c’est au contraire plus sain de rester loin. C’est une meilleure façon de prendre soin de soi que de devenir amie avec quelqu’un de malhonnête finalement… Enfin… Il n’y en aura pas de facile, on dirait.  J’essaie quand même de m’écouter plus maintenant, par contre. Je sais qu’en fait je suis une bonne juge de caractère et que la majorité de mes problèmes interpersonnels vient du fait que je ne m’écoutais pas avant… que je pensais toujours que les autres savaient mieux que moi. C’est faux. Les autres endurent beaucoup plus de violence que moi en fait… C’est ça qui me fait bizarre quand ils rient de moi parce que j’ai été violentée… Il y a tellement d’inconscience. Ça me fait peur et ça me rend triste.

            Après, le gars que je fréquentais m’a dit que pour être heureux, lui, devait me voir au moins 6 jours sur sept et me parler le jour où on ne se voyait pas. C’est là que ça m’a paru vraiment étrange et malsain finalement. J’étais au doctorat, j’enseignais et je travaillais dans un café en plus… Voir quelqu’un que je viens de rencontrer six jours sur sept me semblait complètement impossible, insensé, absurde et étouffant. Complètement contraire à mes besoins aussi. Mais encore une fois j’ai écouté mes amis qui étaient plus dépendants affectifs que moi et moins solitaires, moins introvertis, qui me disaient qu’il devait manquer un peu de confiance en lui et que ça se tasserait avec le temps. Mais non. C’est juste devenu de pire en pire. Non seulement je le voyais tout le temps, mais si j’apparaissais en ligne sur Facebook à un moment où il avait décidé dans sa tête que je ne devrais pas être en train de le faire, il me demandait ce que je faisais là et pensait que je lui avais menti sur mon emploi du temps.

            Il me surveillait donc tout le temps. Il était jaloux des hommes qui me parlaient. Il me faisait perdre mon temps subtilement, me plaçant toujours en état d’urgence. Il était simplement impossible pour lui de manger des choses simples. À chaque soir, même si j’étais épuisée, il fallait errer dans une suite de boutiques de produits fins qui coûtaient une fortune et que comme étudiante et chargée de cours, je n’avais clairement pas les moyens de me payer, au lieu de simplement aller à l’épicerie… C’était trop « commun » pour lui… La nourriture n’y était pas assez bonne pour lui… même pas la section bio… Il était vraiment découragé que je pense le contraire. Une fois il a ri de moi pendant 5 minutes parce que je n’avais jamais mangé une sorte de fromage… À quel point il faut être vain pour rire d’une personne qui ne connaît pas une sorte de fromage ?

            Il représentait finalement tout ce que je détestais chez une personne et dans la société… mais à quelque part j’avais tellement besoin d’être aimée que je suis restée (juste 3 mois, mais quand même…). Un jour, il a fait une crise de nerfs épouvantable. Je lui disais sans arrêt qu’il était beau. La crise de nerfs était parce que je n’avais jamais pris la peine de lui dire que j’aimais sa garde-robe… que ses vêtements étaient beaux (ils étaient vraiment profondément ordinaires en fait d’ailleurs). Je suis restée saisie devant l’absurdité totale du moment. Ce serait une crise ridicule de n’importe qui, mais dans la bouche d’un prof d’université c’était quand même le comble…

            Il s’amusait aussi à toujours rire de moi et de ce que je faisais de façon subtile. Toujours des petites vacheries ici et là, mais dites avec le sourire… Il riait de mes choix, de mes goûts, de mon champ d’études (qu’il ne connaissait pas d’ailleurs et sur lequel il n’a jamais posé de questions)… il essayait de me faire sentir moins intelligente que lui alors que le fait que je sois surdouée indique que je le suis probablement plus que lui et… Ce n’était pas de la violence à coups de poings… C’était de la violence psychologique, plus proche du supplice de la goutte… où la douleur vient de la répétition, de l’accumulation et du fait que la zone est devenue plus sensible, mais aussi doublée d’une forme d’envahissement. La personne narcissique va faire ça. Elle va s’imposer partout dans votre vie, essayer de vous isoler complètement des autres pour qu’elle devienne votre seule référence (Ça a marché : il m’a coupé de mes amis et de ma famille). Elle va vous mettre sur un piédestal : j’étais la personne la plus merveilleuse qu’il avait rencontrée et son ex n’était qu’une conne (il faut se méfier de ce genre de propos aussi…) et… La personne narcissique va mentir sur tout. Il m’a même menti sur ses amis. Il m’a présenté une fille comme étant sa meilleure amie. Quand j’ai reparlé à cette fille après elle m’a dit qu’elle le connaissait à peine…

            Le but de cette élévation et de cet isolement de votre personne est de vous rendre plus maniable et plus fragile. Si vous n’écoutez pas. Si vous n’obéissez pas. Si vous n’êtes pas comme il veut, le narcissique entamera alors une campagne de destruction complète de votre personne qui sera facilitée par ce qu’il a mis en place auparavant. Quand nous nous sommes séparés (de la façon dont j’ai décrite dans le billet Estomaquée) et qu’il est retourné avec son ex qu’il disait mépriser. J’ai été sous le choc.

            Il y avait eu la séparation d’avec mes parents (décrite dans L’affreux Noël)et ensuite la séparation d’avec lui… puis de mes amis qui voulaient rester en contact avec lui même si c’était dangereux pour moi… et même s’ils ne le connaissaient pas vraiment.  J’avais l’impression d’être enfermée dans l’horreur. Je ne croyais pas que tout cela était possible. En ajoutant à cela tous les autres traumatismes que j’avais vécus quand j’étais enfant, j’étais maintenant la candidate parfaite pour le stress post-traumatique.

            La suite samedi…

            Bonne journée !

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