Faits divers créatifs

            Ça fait un moment que je n’ai pas parlé de création. En tout cas pas de dessin. Je n’ai pas mis d’images depuis un moment, principalement parce que nous travaillons l’autoportrait et que même si je ne suis pas assez bonne pour faire une version parfaite de mon visage, je pense que je suis assez reconnaissable dans les images. Je vous montre les progrès que j’ai faits pour les yeux, à la place des images complètes.

            J’ai découvert que j’apprends aussi en regardant, après que le prof m’a montré comment mieux faire les yeux… et surtout les cils. Je n’arrivais pas du tout à saisir le mouvement qui peut leur donner un air plus réaliste que ce que je faisais avant. Ça m’a rappelé que parfois j’ai trop tendance à me fier sur mon intellect… ou plutôt à me réduire à celui-ci, alors qu’en fait j’apprends de façon créative aussi (en touchant, en voyant et…) et je ne devrais jamais m’imposer une seule méthode pour arriver à un objectif. Je dois aussi me faire confiance parce que j’arrive toujours quelque part, si je le veux vraiment.

            Je suis quand même fière de ma progression en à peine deux mois. J’ai encore du chemin à faire, mais je suis satisfaite d’où j’en suis en ce moment. Mon évaluation s’est bien passée aussi. Le professeur a trouvé que les 22 dessins que j’ai faits dans mon carnet comme devoirs démontraient une très nette progression. Il a dit aussi « You have something. You should go on. ». Je ne sais pas s’il dit cela à tout le monde, mais je vais le prendre de toute façon.

            J’ai besoin de toute la motivation possible ces jours-ci. J’adore l’automne, mais ça correspond aussi à la période où, en tant qu’enseignante, j’ai le plus de travail et pas beaucoup de temps pour moi. J’ai empiré les choses en acceptant une surtâche qui implique un cours complètement nouveau et donc une double préparation à chaque semaine. Heureusement j’enseigne la création littéraire dans ce nouveau cours, c’est donc un cours d’ateliers, ce qui me permet de respirer un peu. Le fait de recommencer les études en parallèle ajoute une autre couche de responsabilités qui viennent me recouvrir d’un peu plus de fatigue. Un jour, quand j’aurai ma permanence, je prendrai des congés l’automne pour pouvoir pleinement en profiter.

            J’ai pris aussi un autre cours, dans mon certificat, dont je n’ai pas parlé encore. C’est un cours dans lequel nous apprenons le langage plastique et les stades de développement de la représentation chez les enfants. C’est un cours très intéressant pour moi parce que je n’avais pas vraiment eu de cours d’art depuis plusieurs années. Pas depuis ma première année d’université, et encore, c’était des cours d’histoire de l’art.

            Je m’en souviens encore très bien par contre. Je me souviens de comment j’aimais ça et de comment j’admirais mes professeurs. À ce moment, je ne voyais pas du tout qu’en fait ils ne sont que des êtres humains comme moi, mais qui avaient eu le temps d’apprendre, eux, avec leurs rides et leurs lunettes de messieurs vieillissants. Ils avaient accepté de suivre leur passion aussi, ce que je ne me suis permis de faire de mon côté qu’en termes intellectuels en allant étudier la théorie littéraire et en ne publiant qu’un peu de projets créatifs.

            À l’époque du cégep, j’aimais beaucoup le pop art. J’aime encore ça, en un sens, mais surtout comme quelque chose dont l’esthétique me plaît, même si je n’en suis pas toujours satisfaite sur le plan conceptuel (que je devrais d’ailleurs encore explorer). Je me souviens que pour mon travail sur le pop art, j’avais fait un carton d’allumettes géant. Les pages étaient dissimulées derrière une rangée d’allumettes. Elles tenaient ensemble par une broche géante que j’avais fabriquée avec de l’étain.

            J’ai remis mon travail en tremblant au professeur. Après j’y ai pensé sans arrêt jusqu’à ce que nous obtenions la note. Elle était excellente. C’est la dernière chose créative que j’ai fabriquée jusqu’à ce que je décide d’aller faire le cours en bande dessinée en 2016. Je l’ai gardé et je voulais montrer des photos, mais je ne le trouve pas. Il est à quelque part, c’est sûr. Je montrerai ça plus tard.

            J’ai fait aussi un cours sur la perception de l’œuvre d’art, avec François-Marc Gagnon, dont l’enseignement était magnifique et passionnant. J’avais travaillé sur Vasarely. J’aimais beaucoup à l’époque. Je ne sais plus trop ce que j’en pense. Ça me fascine encore un peu, je crois. Je ferais mon dernier travail sur un artiste en travaillant sur Joseph Beuys durant ma première année d’université dans un cours sur le cinéma italien. J’avais fait un long parallèle entre son œuvre et celle d’un réalisateur. Beuys avait frappé mon imaginaire quelques années plus tôt et je cherchais une façon de m’enfoncer davantage dans son œuvre.

            Après, plus rien.

            Même quand j’ai fait ma maîtrise sur Henri Michaux, j’ai complètement évacué la dimension picturale de son œuvre de mon analyse, alors qu’elle me passionne, particulièrement ses monstres. Marie Chouinard a créé une chorégraphie à partir de son œuvre Mouvements. Je la verrai en décembre. C’est excitant.

            Je ne parlais jamais d’art avec personne quand j’étais plus jeune. C’était comme un plaisir secret dont je ne me sentais pas à la hauteur. Je le fais encore rarement d’ailleurs. Mais je me force un peu. Je garde une forme de vieille honte, cette honte qui recouvre encore trop de parties de mon être et de ma vie. Mon psy la qualifie de fondamentale… c’est un peu beaucoup ça et je ne sais pas encore toujours comment la secouer, comment la séparer de mon identité. J’y arriverai.

            J’ai fait un exposé sur un artiste que je n’apprécie pas beaucoup cette semaine, d’ailleurs. Je trouvais ça difficile, me positionner de façon critique alors que la tendance est plutôt d’admirer les grands artistes, même quand on n’apprécie pas ce qu’ils font. J’étais la seule sur une trentaine de personnes à ne pas dire que du bien de l’œuvre choisie. Le format de 3 minutes ne convient pas particulièrement bien au fonctionnement de mon cerveau pour lequel trop d’informations arrivent toujours de façon simultanée. Je ne sais pas vraiment de quoi ça avait l’air ni la note que j’aurai. Je suis quand même contente d’être allée et d’avoir assumé ma différence.

            Dans la deuxième partie du cours, nous créons des œuvres inspirées des artistes vus dans la première moitié. Maintenant je devrai faire une œuvre inspirée de l’artiste sur lequel j’ai fait ma présentation. Cela pourrait sembler une forme de punition cosmique, mais je vais le prendre comme un défi pour amener ma critique vers une production inspirée de l’œuvre de l’artiste, mais qui me plaira davantage. On verra ce que ça donne.

            Novembre arrivera demain et j’y entrerai sereine, le cœur plein d’espoir et de projets. Même si j’ai très hâte aux vacances pour pouvoir plonger davantage dans mes activités de création, j’essaierai de profiter de chaque jour d’ici la fin de la session. Je ne sais pas quand j’enseignerai à nouveau. Peut-être seulement en mai. Cette session aura aussi été une redécouverte de ma passion pour l’enseignement. J’ai voulu changer de métier un temps, à cause des conditions difficiles parfois, mais c’est fini.

            Joyeuse Halloween !

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